L
'inauguration de l’amphithéâtre se rapproche et la ville bruisse de rumeurs sur la magnificence des festivités : il y aura même un rhinocéros, dit-on. Mais Vitalis a du mal à partager cet enthousiasme. Aigri par sa défaite lors de son premier combat public et meurtri par l'enlèvement de sa femme et de leur nourrisson, il replonge dans le piège de la violence pour ne récolter qu'une rude remise à sa place d'esclave. Il finit par rejeter la seule personne qui lui souhaite du bien, son mentor Atticus. Dans ces conditions, alors que son ennemi Hortensis organise sournoisement sa mort, c'est plus que l'aide du dieu Mars qu'il faudrait à l'apprenti gladiateur pour échapper à un funeste destin.
Ce troisième et dernier tome du premier cycle aurait pu se sous-titrer « sic transit gloria mundi », car, en filigrane des tourments intérieurs qui agitent le bouillant Vitalis, c'est la triste chute d'un homme au moment où il effleure le firmament qui marque cet album. Plus dynamique que les précédents, Atticus est riche en émotions rythmées par les combats flamboyants qui se déroulent dans l'arène. Toujours aussi impeccables, le trait de Laurent Sieurac et la chaleureuse colorisation sépia reconstituent avec vitalité le déroulement de la munera (spectacle de catégorie supérieure) en donnant l'impression de feuilleter un (très) vieil album de photos. D'abord les venatio, les chasses avec des animaux de plus en plus gros et exotiques, puis les damnatio, mises à mort de condamnés et, enfin, les duels de plus en plus complexes des athlètes ponctuent ces journées consacrées à la gloire de l'editor Priscus et de la municipalité. Il faut souligner l’indéniable historicité des détails, chaque objet et comportement sont sourcés dans le cahier final. Par exemple, une séquence dévoilant un aspect de la religiosité très superstitieuse des Gallos-romains est interprétée selon le résultat des fouilles récentes. Faut-il rappeler que la trilogie a été écrite en collaboration avec des archéologues et reconstituteurs et qu'elle bénéficie dans ses préfaces d’éminents parrainages ?
Mise en scène d'un aspect emblématique de l'Antiquité latine à l’échelle humaine, Arelate fait honneur à son sujet et s'affirme comme une rare bande dessinée historico-compatible où la rigueur scientifique se mêle avec bonheur à l'épique.
Lien vers la chronique du T2
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