D
’abord un cas isolé, puis un deuxième et un troisième... Paris, ville des amoureux, est le théâtre d’un mal inconnu qui pétrifie ceux… qui s’aiment : l’amorostasie !
L’Amour ! Délicate alchimie des sens et des humeurs, aussi indéfinissable qu’insaisissable et qui peut conduire aux chefs d’œuvre les plus sublimes comme aux pires bassesses. Au moins une fois dans sa vie, tout un chacun s’est demandé de quoi il était fait et pourquoi il frappait. Cyril Bonin n’échappe pas à la règle et a décidé d’en faire un album : Amorostasia.
À travers le destin d’Olga Polittof, le dessinateur et scénariste s’interroge sur cette douce inclination qui fait que l’être aimé devient indispensable autant qu’unique. Quoi de mieux pour la définir que d’inventer une maladie – aux symptômes radicaux - qui n'affecte que ceux réellement touchés par la grâce de Cupidon. Mais, pour peu que le mal demeure sans remède, ses conséquences ne sont pas aussi idylliques qu’il y paraît de prime abord. Ainsi, sur une thématique maintes fois visitée, recompose-t-il un récit original et subtil malgré un épilogue prévisible.
Plus que la médication, Cyril Bonin étudie les effets de cette étrange épidémie sur la société et sur son héroïne. L’incrédulité fait place à l’angoisse, puis à la peur et à son cortège d’irrationalité et de dérives sectaires qui induisent des parallèles peut-être hors de proportion.
Sur un sujet aussi universel qu’intemporel, Amorostasia analyse joliment le camaïeu des sentiments amoureux et, finalement, renonce à l’expliquer, préférant y succomber.
J'aime beaucoup les one-shot de Cyril Bonin notamment La Belle Image et L'Homme qui n'existait pas toujours aux Editions Futuropolis. Je dirais "et de trois!" comme un parcours sans faute.
L'auteur utilise un brin de fantastique pour broder une histoire qui tient parfaitement debout et qui nous fait réfléchir sur notre condition humaine dans une approche à la fois intimiste et sociétale.
Le thème ici exploité sera celui de l'amour. Il est dommage qu'un virus fige à jamais les amoureux alors que la haine se propage dans le monde. Tomber amoureux nuit gravement à la santé comme la cigarette peut-on lire sur la couverture. Cela intrigue d'emblée. On ne sera pas déçu par cette lecture tant le rythme est maintenu.Il y a comme toujours d'excellentes trouvailles.
La conclusion de cette histoire m'a grandement séduit au risque de rester figer. Déjà une victime à déplorer...
Avec "Amorostasia" Cyril Bonin prouve qu’une seule bonne idée, pour peu qu’elle soit explorée jusqu’au bout et intelligemment, peut accoucher d’un récit fort et prenant. Son histoire est donc géniale mais casse-gueule : une nouvelle épidémie apparue à Paris, l’Amorostasie, fige sur place telles des statues les amoureux (et seulement eux) qui en sont victimes. Pétrifiées mais bien vivantes, les personnes atteintes plongent d’abord la capitale, puis le monde entier dans la stupeur et la conjecture…
C. Bonin s’empare de son sujet avec vivacité et élégance en échappant à toute caricature.
De cette touche surréaliste germent ainsi une foule de questions inattendues dont la plus complexe est "qu’est-ce que l’amour ?"… Si le corps médical et l’ensemble de la société sont amenés à en débattre au fil des pages, l’auteur, malicieux, se garde d’y répondre.
Et face à l’enchainement de crises que la maladie provoque, les personnages tentent simplement de vivre, peut-être mieux qu’ils ne l’avaient fait jusqu’alors, puisqu’il leur est devenu impossible de (se) mentir sur les sentiments qu’ils éprouvent… ou non !
Coté dessin, l’option du noir et blanc est pertinente et confère une grande douceur à l’ensemble grâce aux nuances de gris mais surtout à la gestion magistrale de la lumière.
Une très belle réalisation, originale, mature et poétique. A lire sans modération.
La couverture était prometteuse et un tel titre associé à la mise en garde "tomber amoureux nuit gravement à la santé" ne pouvait qu’attirer mon attention. Le scénario est plutôt bien pensé et le trait de Cyril Bonin, soutenu par une palette de gris plein de nuances me plaît . Comme à chaque fois dès qu’il s’agit de me plonger dans un ouvrage de chez Futuropolis, le plaisir de lecture est au rendez-vous. L’histoire est prenante, les personnages vraiment intéressants dans la manière de faire face à ce fléau peu commun. Certaines scènes sont particulièrement percutantes et les "pétrifiés" sont souvent bouleversants dans leur rôle d’amants maudits.
http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2013/12/11/amorostasia-cyril-bonin/
L’idée est originale, c'est la nature qui se défend contre l'invasion humaine en empêchant sa reproduction, et l'amour est vu comme une maladie. Ça change de l'éternel glorification de l'amour toujours, quoique la fin soit ambiguë à ce sujet. En tout cas le point de vue est bien défendu, même si cela si l'épilogue n'en n'est pas réellement un et c'est joliment mis en image.
Bon album.