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es Éditions Mosquito font (re)découvrir – avec bonheur - les classiques de la bande dessinée transalpine. Après Ogoniok de Sergio Toppi et Mermoz d’Attilio Michelluzzi, voici venu le (re)tour de Paolo Eleuteri Serpieri. Pour les amateurs de dessins réalistes, le plaisir est total d’autant plus que les albums de l’éditeur de la banlieue grenobloise sont d’une manufacture impeccable au regard de leur prix.
Vision quelque peu idyllique et manichéenne de la conquête de l’Ouest, Chaman remet les Amérindiens au centre de cette tragédie et offre au lecteur une autre version des guerres indiennes. Compilation de quatre nouvelles scénarisées principalement par Raffaele Ambrosio et publiées en Italie entre 1978 et 1983, cette réédition permet d’apprécier la trajectoire graphique du maître romain qui trouvera son aboutissement dans Morbus Gravis, série au demeurant fortement décriée, mais à l’esthétisme indéniable. S’appuyant sur une technicité peu commune - il fut professeur à l’Institut des Arts de Rome -, Serpieri s'affranchit progressivement des encrages et d’une mise en page par trop classique pour redéfinir la structure de ses compositions. Ainsi, dans L’homme médecine, le trait ne vient que souligner les formes et la densité du hachuré donne tout son relief et son volume à un dessin libéré des cases et axé sur l’expressivité et le mouvement.
Dans un registre qui oscille souvent entre le fantastique et l’érotisme, la péninsule italienne semble être l’une des terres de prédilection de l’(hyper)réalisme avec des artistes comme Giovanna Casotto, Riccardo Federici ou Adriano De Vincentiis. Cette réédition de Chaman montre que cette génération sait perpétuer l’héritage pictural d’un auteur trop longtemps assimilé aux frasques érotico-futuristes d’une égérie dont la sensualité exacerbée en fît fantasmer plus d’un, bien que beaucoup s’en défendent aujourd’hui.
C'est un recueil typiquement à l'ancienne qui regroupe 4 récits publié par Serpieri entre 1975 et 1985. Le thème est celui du choc des cultures entre les blancs et les indiens avec son lot de violence. Serpieri est un excellent dessinateur qui impressionne par sa virtuosité.
Au niveau du scénario, c'est un peu léger. Nénamoins, la simplicité ne fait pas de mal pour faire passer des idées plus facilement. La lecture sera suffisament plaisante pour se faire une idée de la vision du far-west par l'auteur.
On remarquera que les femmes sont totalement absentes de cette oeuvre ce qui est un peu dommage lorsqu'on sait comment il maîtrise leurs formes avec un sacré coup de crayon.
Trois des nouvelles utilisent subtilement le fantastique et la magie indienne (l'homme médecine, chaman et l'or maudit). J'ai bien aimé bâton de feu qui marque la découverte par les indiens des fusils, ces armes qui allaient causés leur extinction de masse.
Une oeuvre principalement dédiée aux fans de l'auteur.
Encore quatre petites histoires qui sont autant de petits bijoux. Comme toujours la bravoure et la sagesse du peuple indien sont mises en exergue. Pas besoin d’une longue histoire pour mettre en avant un fait, une idée. Dix pages suffisent, un peu comme Rahan, sauf que celles-ci naissent d’une dure réalité vécue par des peuples spoliés de leur culture et de leur terre.
Quand un objet est mis entre les mains d’une personne intelligente, alors celui-ci en tire le meilleur des partis (la première histoire « Bâton de feu »). Osha le chef d’une tribu sauve un blanc et celui-ci lui offre un fusil pour qu’il puisse chasser et nourrir son peuple. Celui-ci ne s’en sert qu’à ce strict usage et uniquement lors des périodes difficiles. Il pourrait en profiter et régner sur les autres tribus mais sa sagesse domine les mauvaises pulsions qui pourraient s’emparer de lui. Tout au long de sa vie, ce fusil servira la cause commune, celle de sa tribu et des tribus avoisinantes. La fin montre et démontre que la bêtise est universelle et ne s’attache pas à un peuple. Un homme bon blanc aura amené le bien-être et un homme blanc mauvais viendra le retirer à l’aube de la vieillesse d’Osha. Ce bâton de feu me fait penser un peu aux réseaux sociaux, ce qu’ils peuvent amener de bien quand ils se rendent utiles et ce qu’ils peuvent amener de mal avec la calomnie. Les objets évoluent mais les hommes restent les mêmes.
Le graphisme de chaman ? Du grand art comme toujours. Serpieri a le don de faire les visages de chaque personnage plus différents les uns que les autres avec une incroyable précision dans le trait. Ils sont rares les dessinateurs à réussir cette prouesse. Cet album est remarquable même si les quatre histoires ne sont pas du même niveau elles apportent toutes leur lot de réflexion.
c'est un ensemble de 4 nouvelles publiées en Italie dans les années 80 et tournant autour du thème de la conquête de l'ouest (avec la vision des indiens).
Le dessin hyperréaliste et le trait de Serpieri était déjà d'une maîtrise exceptionnelle.
Pour ceux qui aiment l'ambiance western et le noir et blanc n'hésitez pas.
Mosquito a d'ailleurs sorti en 2012 un 1er tome du nom de Lakota ; et en juillet 2014 sort le 3eme opus (peaux rouges)