L
e soir venu, un énigmatique visiteur arpente les couloirs de la demeure seigneuriale des ducs d’Anjou pour scruter en toute quiétude L’Apocalypse selon Saint Jean. Pourquoi de telles visites nocturnes alors que, le jour, la tenture est visible de tous ? Quel secret le chef d’œuvre d’Hennequin de Bruges cache-t-il pour mériter une telle attention ?
La vocation des Éditions du patrimoine est de faire connaître les trésors hexagonaux auprès d’un large lectorat, qu’il soit amateur de phylactères ou non. Ainsi, après Carnac, Carcassonne, le Panthéon ou Cluny, et en coproduction avec Glénat, le bras littéraire du Centre des monuments nationaux édite un nouvel opus avec Rodolphe aux cartons et Lucien Rollin à la quenouille.
Le cachet d’un établissement public, s’il s’avère le gage d’une certaine véracité des faits, ne suffit pas à lui seul à réaliser un bon album. C’est ce que démontre, malheureusement, le dernier volet de la collection Caractère. Désillusion d’abord par rapport au scénario : la matière de base est là, dense et riche, mais Rodolphe ne l'exploite qu'au minimum, n'allant jamais vraiment au fond des choses. À cela s’ajoute un dessin qui, certes, fait le travail, sans toutefois conférer à ses planches la justesse et le dynamisme attendus. Au final, ce one-shot passe à côté de son sujet ! La volonté de respecter la trame historique a-t-elle bridé les auteurs ? S'il en est ainsi, ceci est regrettable car ce thriller méritait un traitement plus ésotérique et surtout plus rythmé.
La bête de l’Apocalypse se révèle superficiel et sans véritable suspens et ne fera pas date ; ce qui n’est pas le cas de la superbe tapisserie du château d’Angers qui, à certains égards, pourrait être considérée comme l’un des ancêtres de la bande dessinée !
Les Editions du Patrimoine ont réellement misé sur l’originalité pour nous présenter les merveilles dont regorge notre pays. En l’occurrence, il s’agit de nous présenter de célèbres tapisseries exposées au château d’Angers. Ces tapisseries ont été réalisées en 1373 sur commande du frère du roi le Duc d’Anjou et qui retrace les scènes de l’apocalypse. Le mystère proviendrait d’une date qui serait cachée dans l’une de ces tapisseries et qui indiquerait la fin du monde avec exactitude.
Le début de l’intrigue rappelle un peu le film Belphégor. Pour le reste, la trame policière sera assez classique avec une enquête pour remonter au commanditaire. On reste malgré tout sur notre faim comme si le scénariste n’avait pas exploité tout le filon. Le titre est un peu trompeur. La puissance thématique n’aura atteint que son minimum d’où un sentiment de déception. Pourtant, le travail est tout à fait honnête. Cela saura toucher un large public au-delà des passionnés d’histoire et autres théologiens sur l’origine de l’écriture de l’Apocalypse. Bref, on explore le patrimoine historique avec un brin d’ésotérisme.
A l’opposé de ce que l’on s’accorde à penser, l’apocalypse n’est pas la fin du monde mais l’espoir d’un monde meilleur dans des instants devenus difficiles. Il s’agit plus du renouveau d’un monde que de la fin du monde. D’où l’absurdité d’aller chercher sous l’un des panneaux de la tenture de l’apocalypse une date précise de la fin du monde, thème de l’album. Seule une certaine illumination des personnages peut les pousser à une telle absurdité et à des actes irréfléchis.
Le scénario de Rodolphe est des plus intéressant et le dessin de Lucien Rollin de bonne facture. Cela n’empêche pas l’ennui par un manque de rythme tout au long de la BD.
Je me suis procuré cet album lors de la visite du château d’Angers et de la fameuse tenture de l’apocalypse qui est vraiment impressionnante. Son histoire et l’histoire qu’elle raconte sont des plus intéressantes. Le guide actuel vous captive réellement en vous comptant panneau par panneau, un peu comme une BD, l’histoire de la lutte du bien et du mal.