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uelques mois sont passés depuis l’exécution sommaire de la famille impériale. Anastasia se remet lentement de ses blessures sous la protection du comte Volodine. Même si les Blancs ont repris momentanément Ekaterinbourg, sa situation reste précaire et la fuite à l'Ouest semble être le choix le plus sensé. De son côté, Tchaïkowski est arrivé à Bucarest avec Franziska, la sosie de l'héritière du trône de Russie. Cette ressemblance va peut-être jouer en faveur de la princesse. Une rencontre à Berlin est entendue, il ne reste plus qu'à échapper aux Gardes rouges de Lénine.
Anastasia est sauve, que faire d'elle ? Après un premier tome centré sur les dernières heures des Romanov, Patrice Ordas et Patrick Cothias tentent de répondre à cette question dans Les Cendres de Koptiaki. Malheureusement, le résultat n'est guère convaincant. Attente, fuite ou non, coup de théâtre : la narration tergiverse, hésite et se résume finalement à un long exercice de remplissage faute de mieux, en attendant une conclusion à venir dans le troisième et dernier volume de la série. Certains épisodes de l'album sont, certes, bien pensés (l'enquête du juge Sokolov, par exemple), mais d'autres semblent juste être là pour fournir un peu d'épaisseur à l'ouvrage (l'apparition et la rapide disparition du photographe William Jessup). Pire encore, le traitement psychologique des personnages – un des points forts de Villa Ipatiev – est cette fois-ci très superficiel, à la limite de la caricature. D'une façon générale, dès que le scénario s'éloigne des faits historiques, les auteurs semblent désemparés et ne proposent que des solutions peu probantes.
Aux pinceaux, Nathalie Berr, superbement assistée par Sébastien Bouet aux couleurs, continue de séduire grâce à un trait fin et précis. De plus, la dessinatrice démontre beaucoup d'ingéniosité dans la construction des planches. Elle exploite très habilement la profondeur des scènes en multipliant des points de vue originaux. Malgré tout, cette méticulosité dans la réalisation graphique n'arrive pas à faire totalement oublier les irrégularités du récit.
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