Superman - À terre est un arc complet de douze épisodes (Superman #700-703, 705, 707-711, 713-714), imaginés par J.M.Straczynski et Chris Roberson et dessinés presque exclusivement par Eddy Barrows.
Située juste après les événements de New Krypton et juste avant la fameuse remise à zéro des cinquante-deux séries de l’univers DC, baptisée New 52, l’histoire invite à suivre les pas d’un héros affecté par la mort de son père adoptif, par destruction de la nouvelle Krypton et par la défiance que lui témoignent les Terriens suite aux dommages qu’ils ont subis durant ce conflit qui les opposa aux Kryptoniens.
J.M.Straczynski propose donc un Superman en pleine dépression qui, prenant conscience de s’être éloigné des gens et de ses valeurs initiales, décide de parcourir les États-Unis à pied, à la rencontre du peuple et à la recherche de sa foi. Ce postulat de départ visant à humaniser un personnage surhumain, totalement déconnecté de l’homme de la rue, est une excellente idée, mais cette longue pérégrination s’avère finalement beaucoup moins intéressante que celle de L’Homme qui marche de Taniguchi ou celle de Forest Gump.
Si cette introspection intimiste permet de revenir aux origines mêmes du célèbre boyscout et à sa vocation initiale, tout en traversant la réalité d’un pays frappé par la crise économique, l’idée de départ est vite gâchée au fil des épisodes, notamment suite à l'abandon d’un J.M.Straczynski - qui préféra se consacrer entièrement au projet Superman - Earth One -, remplacé par un Chris Roberson beaucoup moins inspiré. Le récit s’éparpille progressivement et se retrouve plombé par de longs dialogues lourds et répétitifs, une surenchère de valeurs patriotiques et un défilé de guest stars (Batman, Flash et Wonder Woman) qui n’apportent strictement rien à l’intrigue. Les auteurs tentent certes de lier ces anecdotes où Kal-El essaie d’aider son prochain, en recourant aux services d'une jeune professeur de sciences qui se retrouve affectée par un morceau de la nouvelle Krypton tombé sur Terre. Mais ce fil rouge ne parvient malheureusement jamais à unifier l’ensemble. Ce personnage est non seulement peu charismatique, mais également sous-exploité, résultant en une trame de fond totalement insipide qui aboutit de surcroît à une confrontation finale totalement décevante.
Visuellement, Eddy Barrows s’en sort plutôt bien, si l'on considère que dessiner un Superman costumé marchant à travers les rues en évitant le ridicule n’est probablement pas chose aisée. Allan Goldman et Jamal Igle signent chacun un chapitre dans un style assez proche de celui de Barrows afin de garantir une certaine unité graphique.
Bref, un album qui tente de répondre à la question « Superman est-il utile ? », mais qui s’avère lui-même assez superflu. Il est donc fortement conseillé de ne pas emboîter le pas du célèbre Kryptonien et de passer son chemin durant cette balade sans véritable intérêt.
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