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arti à la tête de sa flotte pour conquérir gloire et richesses, le roi Gradlon rêve chaque nuit d’une mystérieuse citadelle qu’il ne parvient pas à abattre. Malgré le trouble ressenti lorsque qu’il découvre que la cité est bien réelle, le souverain ne doute pas de son succès. Pourtant, les assiégés résistent tant et si bien que l’armée bretonne décide de s’enfuir, abandonnant son suzerain qui s’entête à vouloir faire tomber la forteresse. Au comble du désespoir, il s’aperçoit que plus personne ne veille sur les remparts. Entrant dans la ville, il constate que tous les habitants sont endormis, si ce n'est Magdalen, leur très belle reine. Envoûté par la voix et la prestance de la jeune femme, le monarque ne perçoit pas l’étrangeté de la situation et ne pressent pas que sa vie va connaître un bouleversement.
Rodolphe s’attaque à la légende d’Ys. La version la plus connue, qui a inspiré de nombreuses œuvres, est due à Charles Guyot et date de 1926. Toutefois, il n’existe pas de trace du mythe originel, ce qui a permis à de multiples variantes de voir le jour. Le scénariste pioche dans tout ce folklore pour proposer sa propre interprétation. Sa grande réussite est d’adopter un ton propre aux contes et aux mythes. Il ne propose pas une fresque guerrière, mais se concentre sur le fantastique. Sans chercher à fournir de justification à l’inexplicable – la magie est comme le vent, l’eau ou les étoiles –, il construit sa narration autour d’un personnage principal désemparé, qui vit comme dans un rêve pour se réveiller dans un cauchemar. Les dialogues bien tournés et les silences installent progressivement le lecteur dans ce récit intrigant et non dénué de poésie.
L’ambiance doit également beaucoup à la peinture de Raquel Alzate. La dessinatrice espagnole offre un graphisme qui tient parfois plus de l’illustration que des codes classiques de la bande dessinée. Ce côté un peu figé s’intègre dans un étonnant travail sur les clairs-obscurs, les couleurs et les lumières, en totale adéquation avec le registre de l’œuvre. La qualité des visages participe pleinement au plaisir éprouvé au parcours de ses planches, fruits d’une technique originale et parfaitement exécutée.
Cette série qui débute est la variation d'une étrange légende bretonne autour de la ville d'Ys qui fut engloutie dans l'océan comme l'Atlantide. J'ai bien aimé l'atmosphère assez envoûtante de cette oeuvre qui nous plonge entre rêves et cauchemars. Au début, on est assez fasciné par le dessin assez baroque s'appuyant sur un jeu d'ombres et de lumières. La tournure prise par les événements vont faire augmenter petit à petit notre attention. Cela est due en bonne partie à la patte de Rodolphe qu'on reconnaîtra bien.
Pour le reste, il n'est pas encore question dans ce premier tome de la fameuse ville d'Ys. On va plutôt se focaliser sur le parcours d'un jeune roi à savoir Gradlon venu guerroyer au royaume de Bretagne. La malédiction viendra d'une femme mi-magicienne mais vraie ensorceleuse. Magie et fantastique seront au rendez-vous de cette mystérieuse épopée. La Bretagne n'a toujours pas finie de nous livrer ses secrets.
Cette série était prévue en 3 volumes mais elle a été abandonnée faute de bonnes ventes après deux volumes. C'est vraiment dommage car c'était un bon début. Je ne conseille jamais l'achat pour une série abandonnée d'où ma mise à jour avec la perte d'une étoile également.