L
os Angeles est en émoi, le mystérieux assassin qui grime ses victimes en playmate court toujours ! Sans piste sérieuse, la pression monte pour le lieutenant Clegg Jordan. Pire encore, son collègue, l'ambitieux Ariel Samson, ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Un peu à l'écart bien cachée dans l'obscurité, Viktor Scott, la cambrioleuse sourde, doit multiplier les casses pour financer son enquête sur l’agresseur responsable de son handicap. À force de se croiser, leurs trajectoires respectives vont bien finir par se rencontrer...
Stephen Desberg continue de développer son intrigue et de semer des fausses pistes dans La morte du mois. Alors que le premier volume, Playmate 1961, avait surtout servi d'introduction au thriller, ce deuxième tome examine des facettes inquiétantes de la vie californienne : les bas-fonds évidemment, mais aussi la face cachée des tenants du puritanisme. La narration est plus sombre, plus violente et comporte quelques scènes (les meurtres) particulièrement insoutenables. Heureusement, le scénariste ne joue pas la surenchère pour la surenchère, la brutalité, aussi choquante qu'elle soit, s'intègre logiquement au ton du récit. Desberg lève également quelques zones d'ombre sur ses personnages, les personnalités et les motivations se précisent, même si une certaine tendance à la redite se fait remarquer. Ces rappels ne seraient pas vraiment gênant dans le cadre d'une série au long cours, mais dans celui d'un triptyque, ce procédé évoque davantage un remplissage avant le dénouement final. À ce propos, le créateur du Scorpion réalise un sans faute, le suspens en fin d'album est à son comble et la suite se fait vraiment attendre !
Toujours solidement armé d'une documentation sortie des classiques d'Hollywood, Alain Queireix emmène le lecteur dans une production en cinémascope. Le cinéphile reconnaîtra sans aucun doute de nombreuses têtes connues dans la distribution que le dessinateur s'est permis d'engager. Seul le côté très figé des protagonistes est à déplorer, ces derniers paraissent en effet un peu paralysés au milieu d'une mise en scène très (trop ?) léchée. Également très travaillées, les couleurs de Kattrin sont parfaitement en place et apportent un réel plus aux planches.
En attendant la conclusion de l'histoire, le tueur court toujours ! La morte du mois devrait plaire aux amateurs de Dashiell Hammett et Humphrey Bogart.
Poster un avis sur cet album