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n, Deux, Trois et Quatre sont au cœur de Détroit sur les pas d’Ike Mercy pour le tuer et ramener la ville sécessionniste dans le giron de l’État fédéral. Mais comment en sont-ils arrivés là ? Qui se cache derrière Father ? Autant de questions auxquelles il faudra bien finir par répondre !
Stéphane Betbeder revisite, avec brio, le mythe des mutants en imposant à leurs pouvoir un corollaire cornélien. Chaque fois que ces enfants soldats usent de leurs prédispositions, ils vieillissent prématurément, les obligeant ainsi à une gestion rigoureuse de leurs étranges capacités. Très tôt, cette mission apparaît sans retour et les enjeux qu’elle sous-tend enlèvent toute velléité sentimentaliste à un récit qui évite soigneusement d’y sombrer. Œuvre de fiction se déroulant dans un futur proche, ce diptyque aborde des sujets toujours d'actualité comme la puissance des nouvelles technologies, le statut des êtres génétiquement modifiés ou encore les déviances de la gouvernance. Autant de thèmes enrichissant jusqu’à complexifier un scénario qui, sur seulement deux albums, se doit de recourir à quelques ellipses réductrices… et génératrices d’interrogations.
Parallèlement, Stéphane Bervas développe un graphisme qui trouve dans cette mégalopole post-apocalyptique un terrain de jeu à la mesure de son talent. Le réalisme des décors confère une dimension scénographique toute particulière à un script qui veille à se centrer sur ses personnages et leurs relations. Paradoxalement, c’est peut-être là que réside le talon d’Achille d’un dessin trop informatisé où ni les ombrages ni la mise en couleur de Massimo Rocca n’arrivent à adoucir des physionomies lisses et figées qui en deviendraient presque distantes.
Cependant, pour une première coopération, 2021 s’avère parfaitement maîtrisée… et réussi. Que dire de plus ?
Toujours aussi bien dessiné.
J’adore ce côté à la fois réaliste et irréel. Les décors sont impecs et donnent, avec la technique, l’impression totale d’arriver dans un autre monde.
Pour ce qui est du scénario, je suis un tout petit peu plus critique.
D’abord, le revirement de deux des enfants – peu compréhensible car peu expliqué, ça paraît aussi brusque que peu réaliste…
Et puis tout le final, on attend à ce que ça pète, que ça explose, et tout se passe assez calmement – principalement parce que la dernière action de l’enfant semble sans effet et que, pour Father, on se demande pourquoi tout ça alors qu’il y avait sûrement des moyens bien plus simples d’atteindre le même but…
Deux ou trois petits bémols à l’ensemble qui propose tout de même un diptyque d’excellente qualité !