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onoré par le prix du meilleur roman graphique australien, Cachés de Mirranda Burton arrive en Europe. Ce recueil d'histoires courtes narre l'expérience de l'auteure comme animatrice dans un cours d'art pour handicapés mentaux (autisme, mongolisme, etc.) adultes. Rencontres étonnantes, moments de tension et apprentissage réciproque sont au programme...
La création artistique joue souvent le rôle de révélateur pour les individus. Elle fait ressortir des facettes oubliées de l'âme, élargit la perception et permet d'exprimer des sentiments de manières détournées. Ce qui est vrai pour le commun des mortels devient parfois une indispensable bouée de sauvetage pour des patients dont les symptômes empêchent toute forme de communication. Burton affiche avec beaucoup de tendresse l'effet de l'art sur ses pupilles et, par la même occasion, revoit complètement sa façon d'appréhender le réel. Eddie, Annie, Julie et quelques autres vont, tour à tour, désarçonner et puis montrer à Mirranda que, peu importe le chemin, la vie est formidable. Ironiquement, dans un témoignage quasiment similaire (Colo, Bray Dunes 1999) narré avec un angle radicalement différent, Dav Guedin et Craoman étaient arrivés à la même conclusion.
La force de l'album tient particulièrement dans le fait que la scénariste n'essaye pas de donner une leçon et évite l'analyse sociologique. Son approche est directe et franche, sans aucun préjugé. Elle enseigne de son mieux quelques rudiments à ses élèves qui, malgré leurs limitations, phobies et autres manies étranges, se révèlent des apprentis très doués. Eddie exige que ses crayons soient taillés au cutter plutôt qu'au taille-crayon ? Soit, ses dessins hypnotiques sont admirables. La narration est légère, souvent très drôle et toujours d'une grande douceur. Le style, dans la lignée d'une Marjane Satrapi, est sobre, mais pas simpliste avec des angles de vue audacieux et des planches à la construction très variées.
Révéler ce qui est masqué, aviver les talents, éveiller les consciences (la sienne et celle de la société), Cachés – assurément un excellent titre – est à découvrir d'urgence.
C'est une bd d'une auteure australienne sur un sujet fort délicat. J'avoue avoir été assez surpris par la maturité de cette oeuvre qui nous fait découvrir le portrait de personnes handicapées mentalement à la manière d'un documentaire.
C'est un regard assez touchant du monde des handicapés. L'auteure anime un atelier d'art plastique et fait découvrir cette activité à ces adultes handicapés en ambulatoire pour les sensibiliser. Il y a beaucoup de pudeur et de respect malgré la déficience mentale qui conduit à des situations parfois drôles mais parfois inquiétantes.
Mirranda Burton est prise de doutes dans des interrogations fort légitimes qui ne trouvent pas de réponses immédiates. En tout cas, la démarche est de se concentrer sur leurs créations car c'est une forme de communication. Bref, c'est une mission réussie.
A noter que cette oeuvre a été consacrée meilleur roman graphique australien en 2011.