L
e 21 mai 1809, sous la chaleur écrasante de l’après-midi, la cavalerie française reçoit enfin l’ordre d’attaquer l’artillerie autrichienne. Au son des tambours et des trompettes, elle s’élance dans la plaine où l’attend un déluge de fer, de feu, d’acier, de sang. Non loin de là, à Aspern, les hommes de Masséna tentent désespérément de tenir ce qui reste du village, combattant pied à pied au milieu des ruines et des cadavres. Le fracas des armes résonne de toutes parts, tandis que la Mort moissonne son tribut sous les yeux hagards des soldats Fayolle et Paradis, et que le colonel Lejeune transmet des messages toujours plus urgents et inquiétants. Quand la nuit vient, les râles des mourants et les cris des blessés soignés par les chirurgiens déchirent l’air et s’accrochent aux cauchemars des combattants épuisés.
Un an après un brillant premier volet, voilà donc la suite de l’adaptation du roman de Patrick Rambaud, lauréat du Goncourt. La bataille d’Essling y bat son plein, fauchant des régiments entiers sans distinction de grades. Passant d’un théâtre des événements à l’autre, Frédéric Richaud restitue au mieux l’esprit de l’œuvre originale, ainsi que l’ambiance échevelée de la lutte sans merci que se livrent Français et Autrichiens. Le rythme soutenu donne au lecteur l’impression prégnante d’être balloté, dépassé par ce qui se passe, à l’instar des protagonistes. Plus calme en apparence, l’épisode nocturne s’avère tout aussi riche que les moments situés au plus fort de l’action. Le rêve de Fayolles, l’état de choc de Paradis ou les séquences se déroulant sous la tente médicale donnent sa pleine mesure à la boucherie en cours. Seule l’intrigue qui se joue à Vienne reste en retrait et manque un peu d’envergure. Le dessin réaliste et sans concession d’Yvan Gil fait à nouveau mouche, tant par l’expressivité des trognes qu’il campe, que par l’intensité des scènes de combat, ou encore la précision apportée aux décors. Rehaussé par la colorisation d’Albertine Ralenti, le rendu graphique se révèle vif, dynamique et crée de vraies atmosphères, tout en permettant de suivre visuellement l’évolution temporelle de la bataille grâce à un choix de nuances adéquat.
Tout aussi réussi que le premier opus, cette deuxième partie de La Bataille bouscule et plonge au cœur des événements. On en sort tout échevelé et désireux de connaître l'issue.
>>>Chronique du tome 1
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