I
l est des vies qui n’appartiennent plus à ceux qui les vécurent. L’existence de Jean Mermoz est de celles-ci. Héros moderne, très tôt disparu, son destin résume à lui seul l’un des mythes de l’entre-deux-guerres : l’Aéropostale.
Cet homme a fasciné toute une génération dont Jean Charlier qui lui consacra en 1956 un album sobrement intitulé Jean Mermoz. Trente ans après, en mai 1987, Attilio Micheluzzi lui rend également hommage avec un Mermoz réédité aujourd’hui chez Mosquito. Enfant, le dessinateur italien fut interpellé par la personnalité emblématique de l’aviateur français. Il faut certainement y voir un atavisme familial puisque son père, général de l’Aeronautica Militare et contemporain du pensionnaire de Palmyre , vouait une grande admiration à ce pilote hors normes. Ce n’est qu’en 1962, devant la stèle de la plage de Dakar, érigée en l’honneur des pionniers de l’Atlantique sud morts en mission, que l’envie de raconter cette épopée naquit… Elle mit vingt cinq ans à se concrétiser.
Mermoz, n’est pas à proprement parler une bande dessinée. Il s’agit en fait d’une hagiographie aux formes de roman graphique, tellement la destinée de celui qui fut surnommé l’Archange s’y prête. Si, avec sa finesse habituelle, le trait net et précis donne vie à l’épopée postale, ce sont les encrages qui confèrent son intensité à cette dramaturgie aérienne. Pour apprécier pleinement cet ouvrage, il faut avoir rêvé sur Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry ou vibré aux exploits d’Henri Guillaumet. Si tel est les cas, alors ni la mise en page austère, ni les longues séquences narratives, ni même les phylactères envahissants n’altéreront le plaisir offert par ces quelques quatre-vingt seize planches à la gloire de ceux qui créèrent une légende.
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