L
e projet Manhattan ne serait que l'arbre qui cache la forêt. En réalité, ce n'est pas un, mais des projets que les USA ont secrètement mis sur pied. Plus inquiétant encore, la puissance de l'atome ne serait rien comparée aux découvertes des savants de Los Alamos...
En quelques années, Jonathan Hickman est devenu un incontournable dans le paysage comics. Créateur du très remarqué The Nightly News chez Images et collaborateur majeur pour S.H.I.E.L.D, Fantastic Four et Secrets Warriors chez Marvel, il propose dans Projets Manhattan une uchronie teintée de fantastique et de science-fiction. À l'instar d'Alan Moore dans la Ligue des gentlemen extraordinaires, le scénariste a assemblé une équipe de gens illustres (les scientifiques du vrai projet Manhattan). Toujours comme son éminent collègue, il les a dotés de personnalités complètement barrées (ainsi Robert Oppenheimer est en fait Joseph, son frère jumeau, un anthropophage schizophrène qui acquiert le savoir des autres en les mangeant). Cette effrayante équipe est dirigée par un général mégalomane échappé de Docteur Folamour de Stanley Kubrick. Face à eux, des méchants extra-terrestres et autres créatures venues d'univers parallèles, la lutte est saignante et radioactive.
Malheureusement, ce qui pourrait se lire comme une œuvre provocatrice, se résume à une enfilade de situations chocs invariablement vides. Hickman préfère brosser les fans dans le sens du poil en rabâchant les poncifs du genre (théorie du complot, les Martiens sont là, les génies sont des fous, etc.). Il se simplifie également la tâche en oblitérant tout contenu scientifique en préférant des explications « venues d'ailleurs ». De plus, la psychologie de ses héros reste, malgré son emphase, des plus faibles. Elle se limite immuablement à une observation de la dualité de l'âme ; oui, il y a une part de mal et de bien en tout un chacun. Certains épisodes sont, certes, amusants, voire percutants, mais ne provoquent jamais un quelconque embryon de réflexion.
Nick Pitarra est aux pinceaux. Sans démériter, le dessinateur semble avoir hésité entre une approche purement caricaturale et une autre plus réaliste. De plus, le style manque drastiquement de caractère. Plusieurs passages semblent tout droit sortir d’œuvres de Geoff Darrow ou de Mœbius. Si ces références sont flatteuses, elles montrent surtout que Pitarra n'a pas su imposer sa patte sur le récit et a préféré piocher des solutions chez les autres plutôt que dans son encrier.
Nouvelles expériences aux ingrédients datés, Projets Manhattan ressemble, pour l'instant, plus à un pétard mouillé qu'à un feu d'artifice. À réserver aux inconditionnels du genre.
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