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evenu membre – malgré son jeune âge – du légendaire ordre guerrier des Jómsvíkings après un raid victorieux, Sigurd se révèle rapidement une recrue aussi redoutable qu’indisciplinée pour cette troupe de mercenaires. Il rompt bientôt son engagement pour aller réclamer vengeance auprès du puissant jarl qui vient de massacrer son clan et toute sa famille. Vígdís, la fille de ce roi, prend fait et cause pour le renégat et finit par s’enfuir avec lui, pour échapper au mariage forcé auquel son père veut la contraindre avec un prince franc. Accompagnés d’une poignée de fidèles, pourchassés de toutes parts, les fugitifs embarquent vers les terres vierges – en ce début de Xème siècle – situées entre Dniepr et Volga.
S’il est un genre assurément en vogue, actuellement, c’est bien le récit mettant en scène des guerriers vikings. Et si le pire y côtoie le meilleur, comme souvent, la qualité générale de ces œuvres demeure jusqu’ici plutôt honorable. S’inspirant des sagas scandinaves, le présent album essaye de concilier véracité et souffle épique et, à défaut d’être pleinement rigoriste sur le plan historique, la fidélité envers l’esprit des Eddas scaldiques est bien là. Tranchant sur le cadre habituel des aventures nordiques, avec leurs fjords embrumés, leurs étendues glacées, les auteurs transposent rapidement le théâtre des opérations vers les marches orientales de l’empire viking, d’abord sur les bords de la Vistule, en attendant de s’enfoncer plus à l’Est. Thème récurrent de ce type de sujet, l’opposition entre résistance des traditions chamaniques et christianisation inexorable des rives de la Baltique vient donner un surplus d’épaisseur à l’intrigue.
L’originalité première de cette geste norroise, par-delà un scénario somme toute assez classique sur le fond, réside essentiellement dans son traitement graphique. Le trait est fin, peu appuyé, sans encrage, guère plus qu’un crayonné préparatoire. Mais une incroyable palette vient donner vie à ces dessins, des teintes aquarellées tour à tour flamboyantes ou délicates, subtiles ou contrastées, une réussite véritablement éclatante. La revanche d’un naturalisme vibrant, expressif, sur un réalisme trop souvent bien académique. Le découpage dynamique, la multiplication des points de vue, les variations de cadrage, achèvent de donner toute leur force à ces planches d’une folle singularité.
En attendant conclusion de ce diptyque à l’automne prochain, savourons cet opus haut en couleurs, ses péripéties intenses, ses héros au caractère trempé, cette voix insolite dans le paysage du franco-belge ronronnant.
Le contexte historique est très intéressant puisqu'il s'agissait de conter une saga viking en Europe Centrale au Xème siècle. On sait que les drakkars sont allés sur la Mer Noire. Les auteurs se sont appuyés sur une documentation bien précise sur les confins de l'Empire Romain. On va alors fréquenter les Bulgares de la Volga. Bref, c'est plutôt inédit comme contexte.
Pour le reste, le dessin est un brin faiblard. On a l'impression d'avoir des esquisses à peine terminées, c'est sans doute l'effet aquarelle. C'est vrai que la colorisation donne un aspect plutôt esthétique à cet ensemble. Cela peut plaire ou pas. J'aime pour ma part les décors soignés ainsi que la précision des décors. Je ne dis pas que ce n'est pas réalisé en l'occurrence mais il manque sans doute une dernière touche plus concrète.
Il est des oeuvres où j'ai envie de mettre la moyenne car je perçois toute une construction plutôt originale. Cependant, il manque l'essentiel à savoir le plaisir de lecture. La faute est sans doute liée à la construction, à la mise en scène avec la fluidité d'un scénario plausible. On n'arrive pas à prendre part à l'aventure avec le couple Sigurd et Vigdis alors que l'oeuvre semble être ambitieuse. C'est franchement dommage.
Voilà une BD originale, surtout par son approche et son dessin à l’aquarelle. Ce n’est pas courant dans les histoires de Vikings. Pourtant le monde décrit dans cette histoire n’est pas fleur bleue. Le héros Sigurd s’impose par sa vaillance mais aussi sa violence imprévisible. La surprise, c’est le dessin au trait léger, rehaussé d’ambiances colorées très réussies. Ce diptyque, parfois un peu confus dans sa narration, nous emmène dans les contrées lointaines à l’est de l’Europe.
Une BD au design assez particulier et auquel je n’ai pas adhéré. Mais le vrai problème avec Sigurd & Vigdis (dont je n’ai lu que ce premier tome) est que le reste est à l’avenant : le scénario, le découpage et même les personnages semblent justes ébauchés. L’idée de départ est intéressante, mais sa réalisation ne l’est pas du tout. Dans l’ensemble, j’ai plus eu l’impression de lire un travail préparatoire qu’une œuvre finalisée.
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