Bleu blanc sang 1. Provence, août 1944

M arseille vit les derniers soubresauts de l'Algérie française lorsque Friedrich Sachs, ancien officier de la Luftwaffe, y débarque pour y rencontrer Claire Moreau. Celle-ci le repousse jusqu'à ce qu'il lui parle de la mort de son frère Alban, disparu en 44. En effet, deux squelettes ont été découverts sur un chantier de fouilles et Friedrich en a identifié un. Et pour cause, c'est lui qui avait fourni la plaque et les vêtements de son copilote mort à Alban Moreau. Une chose est sûre, le jeune homme a été assassiné après la fin des combats. La famille Moreau fait partie des grandes fortunes de la ville. Pendant l'Occupation, la fille a servi comme médecin auprès des divisions blindées alliées alors que le fils collaborait. C'est lors du débarquement en Provence qu'elle a découvert les corps de ses parents dans le manoir dévasté. Chef de réseau, son père a été tué par les siens, au moment de la fusion des maquis,lorsque se résolvaient les luttes pour le pouvoir dans la France d'après-guerre, Claire en a acquis la certitude auprès d'un résistant face au peloton d'exécution. Dix-sept ans plus tard, alors qu'elle gravite dans les hautes sphères du parti gaulliste, son passé rejaillit.

Dans les décors ensoleillés méridionaux, sur fond de drame familial, Bleu Blanc Sang - clin d’œil peut-être à la chanson éponyme de Saez - retrace deux périodes troubles d'une époque récente : la période de l’Épuration et le début de la cinquième République, deux moments clés de l'Histoire du XXième siècle où partisans et notables sans scrupules se partagent un appétissant gâteau sur les ruines du régime précédent, n'hésitant pas à éliminer les alliés gênants. Aucun personnage ne semble avoir ici les mains propres. À commencer par Claire qui sert les magouilles de son mari et de ses amis politiques tout en étant d'une fidélité relative. Ses liens avec Friedrich et avec la bâtarde des domestiques du domaine Moreau entretiennent le doute.

Ce premier volume d'une trilogie annoncée pose une intrigue criminelle, politique et familiale, à travers des flash-back bien dosés et les points de vues de ses héros, servie par un dessin sobre et réaliste. Un thriller aux ficelles classiques d'un bon téléfilm qui sait se rendre sympathique.