A
u lendemain de la dernière guerre mondiale, Hollywood est la machine à rêves de l’Amérique et du monde. Mais pour maintenir ces illusions sur pellicule 35 mm, il faut du cash, énormément de cash. La mafia trouvera là l’occasion de blanchir et de faire fructifier son argent sale. Au-delà de leur fascination équivoque et toute réciproque, la pègre et l’industrie cinématographique surent développer avec pragmatisme leur petit business. Les uns y trouvaient une virginité de circonstance, tandis que les autres donnaient à leurs illusoires interprétations quelque consistance.
Mathieu Mariolle (Les cendres de l'enfance) et Kyko Duarte (Le Crystal des Elfes bleus) proposent un diptyque qui décortique les relations ambigües que lièrent Bugsy Siegel, du temps de sa splendeur, et les Majors de la côte Ouest. Ainsi, William Lawford, fils d’un producteur célèbre et le FBI vont essayer de mettre un peu d’ordre, à défaut de vertu, dans ce panier où crabes et requins en tous genres frayent à qui mieux-mieux. Entre réalité et fiction, entre racket et meurtres, entre un Vegas qui n’était encore qu’une vision de caïd et une mégalopole qui ne vit que par et pour le cinéma, les deux auteurs créent un univers qui emprunte, avec justesse, aux codes des films des fifties. Au fil des planches, une intrigue solide se tisse, portée par un graphisme privilégiant les ombres et les encrages et un scénario très documenté, tout en suspens, qui sait adroitement brouiller les pistes, au risque de s’avérer quelque peu hermétique !
N’étant pas sans rappeler toute l’iconographie hollywoodienne de L.A. Confidential en passant par Le Dahlia noir, L’usine à rêves évoque au-delà des clichés de circonstances, la recherche d’une certaine forme de probité dans une ville où elle n’est toujours pas de mise…
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