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aniero, psychologue dans la cinquantaine, mène jusqu'à présent une existence des plus normales. Oh, il a bien quelques problèmes de couple qui le tracassent un peu, mais rien de très grave, surtout quand on sait écouter. Un accident de la circulation, une troublante rencontre dans le cadre de sa profession et une agression viennent chambouler son petit train-train. Et si c'était la faute des extraterrestres ?
En quelques albums très remarqués (Cinq mille kilomètres par seconde, Mademoiselle Else), Manuele Fior s'est taillé la réputation d'un auteur doté d'une grande sensibilité et d'un sens psychologique très affiné.L'entrevue ne déroge pas à la règle avec une description des plus fouillées de la psyché de son personnage principal à laquelle s'ajoute une analyse passablement déconvenue de son pays d'origine. En effet, flirtant avec l'anticipation, le récit se déroule en Italie quelques années après un quelconque cataclysme social. Les voitures sont électriques et automatiques, de nouveaux partis politiques aux idées incongrues sont apparus. Tous ces changements laissent les plus âgés perplexes, tant les usages traditionnels ont tendance à disparaître.
Le scénario, d'une construction extrêmement sophistiquée, se veut des plus ambitieux. Les références culturelles (cinématographiques – Fellini n'est jamais loin-, littéraires, bibliques, etc.) abondent et sont souvent très bien intégrées à la trame générale. À ce propos, l'opposition entre l'ancien et le moderne via l'architecture est particulièrement parlante. Par contre, cette constante présence de détails plus ou moins cachés alourdit la narration et pourrait même faire faire perdre le fil des évènements à la moindre inattention durant la lecture. Un opus dense, exigeant mais, heureusement, extrêmement élégant et fluide tant le dessin, mêlant lavis et fusain, est raffiné et maîtrisé.
Œuvre de haute volée, L'entrevue séduit même si elle s'égare par moment.
La lecture s'est révélé assez agréable avec un dessin en noir et blanc assez épuré ainsi qu' un dynamisme des cases. Cependant, la compréhension sera assez difficile autour de phénomènes extraterrestres et de visions télépathiques.
Certes, il s'agit avant tout d'une histoire d'amour assez magnétique entre un vieil homme et une fillette. C'est pourtant un psychologue de renom mais il ne se méfie pas assez de la pédophilie d'où un certain malaise malgré une certaine atmosphère plutôt bien réussie et qui invite à la subtilité.
Le débat tourne autour d'une vielle façon de voir les choses contre une jeune génération avide de changement et de nouveauté. Classique dans l'approche mais original dans le concept.
Album atypique et assez inclassable, l’improbable chainon manquant entre chronique sociale et science-fiction…
Ce scenario déroutant est pourtant l’un des atouts de cette BD si singulière.
Il y est autant question d’apparitions extra-terrestres et de télépathie que de crise conjugale ou de fossé générationnel entre les tenants de l’ancien monde et les partisans d’une nouvelle société…Il est certes difficile à suivre, voire décousu, mais il est plein de belles trouvailles, teinté d’ironie douce-amère et de mélancolie.
Mais l’attrait premier de "L’entrevue" est évidemment le talent de Manuele Fior au dessin. Il sait allier justesse et précision pour dépeindre ses personnages hyper expressifs, et fait preuve d’une grande maitrise du noir et blanc pour construire des décors sobres et des ambiances subtiles et veloutées. A lire absolument pour se faire une idée.
Oubliez les Transformers, Alien et autres Starwars. La science-fiction peut être autre. Elle peut être sans effets spéciaux. Elle peut être fine, subtile et delicate. Elle peut surtout être novatrice dans le domaine des sentiments. Quelle relation avoir avec un inconnu si l'on sait à l'avance ce qu'il ressent par exemple. Imaginez Megan Fox vous sauter au cou parce qu'elle a compris, autrement qu'à votre regard lubrique appuyé, que vous souhaitiez lui faire découvrir un monde délicat et onctueux ruisselant de perles où les oiseaux tournoient autour de vous avec le "cuicui" qu'on ne peut entendre qu'au paradis... Si elle sait tout cela à l'avance, cela n'aura plus rien d'excitant bien sûr...
Manuele Fior réalise un album de très haute facture. Principalement par l'ambiance qui s'en dégage. Les grandes zones sans texte n'y sont pas étrangères telle la scène dans le lit résumée en deux pages découpées en plusieurs cases entièrement noires. Très bien vu.
Le dessin est fait de noir et blanc mais sans jamais être lourd. Au contraire, les décors parfois minimalistes rendent la lecture très vive. Les yeux sont agréablement dorlotés par la chaleur et l'onctuosité du dessin. A noter que les manifestations extra-terrestres contrastent la rondeur des personnages magnifiquement par leur traits saillants.
L'histoire quant à elle se passe dans le futur, mais un futur proche cohérent. Nos véhicules actuels font office d'antiquités, les écrans holographiques existent et l'évolution des mœurs est aussi d'application avec par exemple ce groupe appelé la Nouvelle Convention et qui prône la non-unicité des relations de couple, une sorte de mouvement hippie futuriste dont fait partie la jeune fille du récit. Toutefois, élément obligé de toute histoire SF, il y a des événements inexplicables qui apparaissent et qui ne peuvent être dus qu'aux extraterrestres.
L'auteur nous plonge au sein des personnages, ce qui nous permet de partager la vie de ce couple âgé en crise et la relation naissante entre l'homme et cette jeune fille qui semble avoir des pouvoirs de télépathie. Au fil des pages, on découvre que le réel sujet de cette histoire, c'est ce psychologue, l'homme du couple en crise, qui se cherche dans sa vie personnelle et amoureuse. Que faire? Réagir, se laisser aller, prendre en main son destin? Cette histoire est l'histoire d'un fragment de sa vie, comment il va le gérer, comment il va gérer ses émotions.
Dans la chute, on sent une vraie question quant à ce que pourrait être notre vie future si, au lieu d'avoir des smartphones toujours plus perfectionnés, l'évolution nous amenait à témoigner nos émotions d'une autre manière.
Un très bel ouvrage, intelligent que le dessin rend personnel et poétique ainsi que très agréable à lire. De quoi être captivé par le récit
Un album de science-fiction qui ne dit pas son nom.
Dans un futur pas si lointain, un psy vit des chocs à répétition dans cette période de sa vie : lui et sa femme se font agresser chez eux, sa femme le quitte, il a un accident de voiture. Et il voit des drôles de formes lumineuses dans le ciel.
C'est en psychanalysant une jeune fille, qui semble une extraterrestre tellement elle est éthérée, qu'il se redécouvre et qu'il sait qu'il n'est pas devenu fou.
Avec un trait relativement simple la plupart du temps, qui s'étoffe parfois de magnifiques planches, avec l'audace de faire des pages entières de cases noires qui nous laissent imaginer l'histoire, l'auteur réussit un travail expressif et efficace.
Ce fut pour moi une très bonne découverte et je m'en vais rapidement voir si ses autres oeuvres sont à l'avenant...
J'avais découvert Manuele Fior avec le formidable Cinq mille kilomètres par seconde, primé à Angoulème il y a quelques années.
Avec ce dernier album, nous sommes à milles lieues de son précédent album.
Avec une histoire se déroulant en 2048, et le tout en lavis noir et blanc, Manuele Fior rompt complétèment avec son dernier succès. Graphiquement, rien à dire, les dessins sont superbes, les sous entendus entre les pages 94 et 97 , repris plus explicitement à la fin du récit (vers les pages 162/163) sont fort bien construits et j'avoue que le style m'a vraiment conquit dans l'achat de cet album.
Cependant malgré deux lectures attentives, j'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose. Bien sûr , l'histoire du couple de Raniero m'a tout de même ému mais l'histoire avec du psychologue avec Dora, tout deux témoins de phénomènes extra-terrestres m' a beaucoup moins convaincu.
Entre science fiction et roman graphique, j'avoue avoir du mal à me faire une opinion définitive sur cet album.
Malgré des approches graphiques audacieuses, je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire
D'abord les dessins sont magnifiques, avec des vues panoramiques splendides, des cases à la fois d'une grande douceur et très expressives grâce à ces nuances de gris maîtrisées.
Le récit est intriguant, à l'image des ce que vivent les personnages, et en même temps les sentiments et l'environnement sont très réalistes en référence à l'évolution de notre société.
Certes il faut se laisser porter car on ne comprend pas tout, surtout la fin, mais on sort de cette lecture apaisée, comme nos héros.
C'est une lecture bizarre. Je dirais qu'il faut se laisser porter par le dessin, par l'ambiance, parce que ça compte finalement plus que l'histoire racontée. Ca parle de sentiments amoureux, d'espoirs et de regrets, de peurs face à un monde qui change très vite... mais finalement repose toujours sur la même chose, les liens entre les personnes, la fascination de l'inconnu. Il y a quelque chose de très poétique, rêvé, dans le dessin, très doux, et dans les personnages, désemparés. Avec tout juste ce qu'il faut de tendresse. Parfois, quand même, il y a des longueurs, on ne comprend pas tout immédiatement, le rythme se brise un peu, mais il y a toujours une belle unité graphique qui permet de passer outre les obstacles. Voilà, lecture bizarre, donc. Il y a tout ce qu'il faut pour que j'aime, mais je suis tout de même resté un peu "à la porte", sans trop savoir expliquer pourquoi. Peut-être aurais-je malgré tout préféré quelque chose d'un rien plus structuré, mais il faut dire que l'auteur bouleverse nos habitudes, mélange les genres. J'y retournerai.
Première lecture d'un livre de Manuele Fior et premier coup de coeur !
Sous couvert de SF, c'est surtout l'histoire d'une rencontre entre 2 personnes que tout oppose. L'âge, le mode de vie... Et pourtant...
C'est léger et aérien.
C'est modelé et contrasté.
C'est géométrique et photographique.
C'est à lire.