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'il est peu connu en France, Emilio Salgari jouit d'une grande renommée en Italie. À l'instar de Jules Verne, son contemporain, Salgari est un écrivain populaire, auteur de plus de deux cents romans d'aventures et d'explorations, genres très à la mode à la fin du XIXe siècle. Exploité par des éditeurs sans scrupule, sa vie fut néanmoins difficile. Épuisé psychologiquement et miné par les dettes, il mit fin tragiquement à ses jours d'un coup de rasoir, tel un samouraï trahi par ses maîtres. Avant d'en arriver à une telle extrémité, il avait su faire rêver des millions de lecteurs.
Paolo Bacilieri (Adios Muchachos, Jours tranquilles à Venise) joue sur les contrastes pour retracer la vie du créateur de Sandokan. Passablement mythomane, Salgari aime séduire son entourage par le récit de voyages extraordinaires, qu'il dit être les sources de son inspiration. Dans la réalité, l'écrivain n'a jamais quitté les rivages de la Mer Adriatique. Il puise tout son savoir dans les encyclopédies et les revues, son immense talent de conteur faisant le reste. Bacilieri reprend à son compte cette fantaisie et la retourne dans son scénario. En effet, chaque chapitre commence par un long narratif extrait de différents textes de l'écrivain que le dessinateur illustre avec des vues de la péninsule italienne. La juxtaposition de ces descriptions remplies d'exotisme et de ces superbes compositions est des plus séduisantes. Le dessinateur rend, à sa façon, un superbe hommage au grand homme en y ajoutant une description tout en finesse de son pays.
Mêlant photographies d'époque (oui, Buffalo Bill est bien venu à Venise, Salgari l'a-t-il vraiment rencontré ? La légende l'affirme, autant lui faire confiance) et compositions en noir et blanc, Bacilieri retranscrit la société transalpine de jadis avec beaucoup de vivacité et de réalisme. La mise en page, très imaginative, pourrait paraître surprenante, particulièrement dans le cas d'une biographie « sérieuse » tant le dessinateur multiplie les variations et les apartés par l'entremise de hors-textes et de planches déconstruites. Heureusement, la narration est suffisamment prenante et supporte ces incessants décrochages. Malgré tout, l'esprit du lecteur pourrait se fatiguer de tant de rebondissements graphiques. Et puis, l'imprévu n'est-il pas un des piliers de l'aventure ?
La vie rêvée du capitaine Salgari constitue une excellente porte d'entrée pour (re-)découvrir cet homme de lettre injustement méconnu de ce côté des Alpes.
La vie rêvée du capitaine Salgari ne m'a pas fait réellement fantasmer. Non, il m'en faut plus pour cela. Mais bon, l'auteur a essayé péniblement de nous raconter une biographie d'un grand écrivain italien qui a vécu à la fin du XIXème siècle dont le style ressemblait à celui de Jules Verne. Cependant, Emilio Salgari connu une fin pour le moins tragique.
J'ai bien aimé le dessin qui fait dans le réalisme. Il y a de beaux paysages italiens qui sont retranscrits avec finesse. Malgré cela, je n'ai pas aimé le court de ce récit qui est ralenti par le passage à l'acte assez pénible. Pour autant, la lecture sera assez fluide mais cela n'apportera rien au lecteur que l'austérité et la tristesse. Il faut le vouloir.
Certes, une oeuvre sans concession mais au découpage incertain.