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ne mégalopole du XXIème siècle en plein boom économique, c'est là que Nick Carraway, jeune architecte, vient s'installer dans une maison du quartier le plus huppé et le plus recherché de la cité. Il découvre que son voisin, qui occupe une folie de nouveau riche, est Gatsby, le Magnifique, personnage à la fois mythique et mystérieux, qui fascine toute la ville par son exubérance, que tout le monde croit connaître mais est incapable de reconnaître. Isolé dans une métropole inconnue, Nick renoue contact à l'occasion d'un dîner avec sa cousine Daisy, qui vit ici avec son mari Tom, un homme frustre et brutal, jaloux et infidèle, deux étrangers qu'il n'a pas revus depuis la fac. Il fait la connaissance de leur amie, Jordan Baker, championne de golf célèbre et un peu snob. La conversation finit par tourner autour de son voisin. Le lendemain, Tom lui présente sa maîtresse, Myrtle, l'épouse jeune et frustrée d'un vieux garagiste. Tout s’enchaîne assez rapidement. Nick reçoit une invitation inattendue qui va l'amener à rencontrer celui dont le nom est sur toutes les lèvres. Il est le seul invité dans une folle party où toute la bonne société s'incruste. Son hôte veut le voir, souhaite se lier d'amitié avec lui. Mais pourquoi un homme aussi important s'intéresserait à son si insignifiant voisin ? En fait, Gatsby veut Daisy et Nick est sa porte d'entrée.
En quelques pages, tous les personnages se mettent en place pour une marche lente vers le drame. Les chassés-croisés amoureux se multiplient sous le regard passif du narrateur, avec en toile de fond, le passé trouble de Jay Gatsby. Cette adaptation du célèbre roman éponyme de F. Scott Fitzgerald décortique avec justesse la vacuité et l'ennui qui transpirent sous le masque des bonnes manières de la bourgeoisie. Le choix inattendu de transposer ce récit dans le Shanghai des années 2000 lui procure à la fois une étonnante modernité et un décalage lié au maintien des noms et des mœurs américains des années folles.
Le charme de ce one-shot est pour grande partie due au graphisme néo-impressionniste de Benjamin Bachelier dont la maîtrise s'expose dans une succession de tableaux qui ont un air de peinture à l'huile et de pastel gras. Avec sa couverture sublime reproduisant une scène de la fête avec les poissons holographiques, cette bande dessinée s'affirme comme un bel objet graphique, à l'édition soignée, qui impose son ambiance sans dénaturer celle du texte d'origine.
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