C
’est par un sourd grondement débordant l’horizon que la guerre s’invite à l’orphelinat de Valencourt, petit bourg aux confins de la Picardie, en ce mois d’août 1914. Il faut dire que l’abbé a soigneusement évité d’évoquer le conflit auprès des enfants dont il a la charge. À quoi bon effrayer les petits, et puis les Allemands seront rentrés chez eux avant la fin de l’été, n’est-ce-pas ? Mais quand l’armée française évacue le village et l’abbaye dans la confusion et la précipitation, les Lulus sont, comme à l’accoutumée, à faire les quatre-cents coups dans la forêt voisine. Les Lulus : Ludwig, Luigi, Lucien, Lucas, quatre petits gars réunis dans la même chambrée par le hasard de leur prénom, et finalement liés par une amitié infrangible. Toutefois, quand l’ennemi s’installe dans leurs murs, les drôlets doivent apprendre à survivre par eux-mêmes, tromper la faim, vaincre le froid, rester invisibles…
En ces temps de pré-commémoration du centenaire de la Der des Ders, qui s’annonce riche d’hommages en tous genres, les ouvrages fleurissent déjà dans les rayons des bédéthèques. Un sujet inspirant pour les auteurs semble-t-il, vu la qualité générale de ces publications. La présente série initiée par Hautière et Hardoc, si elle s’inscrit dans cette tendance, s’en démarque pourtant notablement par bien des aspects. Par ses protagonistes, une joyeuse bande de garnements remplaçant ici les habituels poilus, par sa situation géographique, à l’arrière des lignes ennemies, et par son lectorat résolument tout public, économie étant faite des âpres visions des carnages. Prévue en quatre ou cinq tomes, cette Guerre des Lulus démarre comme une robinsonnade, mais la fin ouverte de ce premier volume laisse augurer une orientation différente. Et instaure un suspense suffisant pour créer l’attente en tous cas.
Habilement, Régis Hautière dote ses héros de personnalités complémentaires, diversiformes, ouvrant pour le lecteur le champ libre à l’identification à tel ou tel Lulu - sans compter l’irruption d’un cinquième comparse en milieu d’album. Autre marque évidente de réflexion, le soin apporté aux dialogues : truculents, imagés, avec ce qu’il faut de charme poétique enfantin pour sonner juste, et de douce patine surannée pour s’ancrer dans leur époque. Après l’enchantement d’Abélard, l’auteur s’affirme derechef comme un subtil jongleur de mots. Reste cependant à confirmer sur la longueur la densité et la cohérence du récit, tant les thèmes brassés par ce tome introductif sont nombreux.
Déjà compagnon de route du scénariste sur ses précédents opus, Hardoc illustre avec éclat ces aventures, d’un trait semi-réaliste d’une grande précision. Les portraits sont expressifs, les décors soignés – et documentés –, les compositions variées mais sans emphase artificielle, pour une lecture parfaitement fluide. Autre grande réussite visuelle, les couleurs : réalisées en collaboration avec David François, elles sont particulièrement belles, donnant profondeur et matière au dessin, des coudées au-dessus des mornes teintes formatées qui prévalent bien souvent.
Impeccablement servies sur le plan graphique, les tribulations des Lulus s’annoncent passionnantes à suivre pour un large auditoire. Une belle série aux héros chaleureux conjuguant tension dramatique et tendresse humaniste.
Valencourt. Nord de la France. Eté 1914.
Pourquoi les nomme-t-on les Lulus ? Simple ! Ils s’appellent Ludwig, Lucas, Luigi et Lucien. Quatre enfants sans famille recueillis dans l’orphelinat de l’Abbaye de Valencourt et confiés aux bons soins de monsieur l’Abbé, de frère Guillaume et d’un instituteur, monsieur André. Enfin, monsieur André, il ne faut plus trop compter dessus… C’est que monsieur André a été rappelé à l’armée. C’est la guerre ! Les Allemands ont envahi la Belgique pour attaquer la France sans avoir à en découdre avec la zone fortifiée de Verdun où les Français les attendent de pied ferme. (Fichus Boches, on ne peut jamais compter sur eux ! Vous préparez tout pour les accueillir à un endroit et ils débarquent à un autre, saletés de doryphores.)
L’abbaye étant proche de la ligne de front, des soldats français viennent pour faire évacuer l’abbé, frère Guillaume et tous leurs orphelins. Tous ? Non ! Car quatre irréductibles manquent à l’appel : les quatre Lulus ! Une fois de plus, ils ont fait le mur.
Quand ils reviennent à l’abbaye…
Critique :
Splendide scénario de Régis Houtière, fabuleux dessins de Hardoc qui se charge avec David François de la mise en couleurs.
Le scénario nous entraîne en un lieu qui n’existe pas, Valencourt. Cependant, en Haute-Marne, il y a bien un village du nom de Valcourt. Bref, vous l’avez compris, le scénariste rend son histoire crédible en la plaçant dans un contexte plausible mais non rigoureusement historique. Ces quatre orphelins (plus une, mais ça, ça vous demandera de lire l’histoire) ont des âges différents, des personnalités différentes, des aptitudes différentes… Ils se bagarrent souvent, mais quand vient la nuit, ils sont tous unis dans le même dortoir car les lits sont attribués en fonction de l’ordre alphabétique des prénoms. Et la nuit, souvent la tristesse les envahit. Sans parents, la vie n’est pas géniale. Heureusement, les amis, vous savez, les types avec qui ils se sont chamaillés durant la journée, les amis sont là. La Guerre des Lulus va nous faire traverser la Grande Guerre, celle de 14-18, en nous réservant bien des surprises, tout en émotions diverses et variées.
J'ai bien aimé la fraîcheur et l'authenticité apportées par ces quatre gamins dans cette aventure très bien pensé. Que se passerait-il si on avait oublié quatre orphelins derrière les lignes ennemis durant la Première Guerre Mondiale ? Il s'agit de survivre au froid, à la faim et à la mort das un paysage de désolation marquée par la guerre et les obus qui tombent. Cela ne sera pas de tout repos avec un cinquième membre qui va s'ajouter à notre bande de joyeux lurons. C'est la touche féminine et fragile qu'on cherche à protéger.
Certains dialogues feront mouche. C'est drôle par moment malgré une consonance dramatique. On est déjà attaché aux personnages qui sont bien composés. Reste à suivre leur histoire qui ne fait que débuter. Ce premier tome est franchement réussi. Elle mérite d'être lue.
Gamins dont le prénom commencent par « lu », les lulus sont quatre orphelins sympathiques dont l’obsession est de faire le mur de l’orphelinat pour vivre des aventures d’enfants dans la forêt qui borde l’abbaye de Valencourt.
La première guerre mondiale n’en est qu’à ses prémices mais alors que les lulus sont en vadrouille, l’orphelinat va être évacué par des soldats français et être occupée par des militaires allemands à la grande stupéfaction de nos quatre garnements.
Nous sommes à la fin de l’été quand Luce une jeune fille va rejoindre la bande dont la principale préoccupation est de trouver de quoi manger et de faire des réserves avant l’hiver. Plus question de vivre à l’abbaye, l’habitat principal des lulus sera une cabane dans les arbres.
Aucun mal à compatir aux malheurs de ces quatre mômes livrés à eux-mêmes. Le scénario de Régis Hautière est tout simplement parfait avec des textes qui respirent la tendresse pour cette petite troupe et Vincent Lemaire nous offre un graphisme vraiment magnifique. Superbe, j’adore !
Les lulus sont 4 jeunes garçons orphelins Ludwig, Lucas, Luigi et Lucien qui vont vivre des aventures forcément extraordinaires pendant la première guerre mondiale.
Cette série se déroule au rythme d'une année par tome.
Hautiere au scénario et Hardoc au dessin cela rappelle des souvenirs (le loup l'agneau...). Une belle série historique qui aborde la GM par un biais original mais sans concession. Une vraie BD jeunesse historique ! Lisez la série complète et les spin off !
"A défaut d’avoir été gâtés par les liens du sang, nos quatre orphelins entretiennent tant bien que mal une amitié inconditionnelle et nous enchantent tout au long d’une BD qui m’a souvent fait rire. Quelle gouaille, quel franc parler ! Quatre héros auxquels on s’attache dès les premières bulles tant pour leurs personnalités décapantes que pour leurs blessures secrètes."
http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2013/05/29/la-guerre-des-lulus-1914-hardoc-et-hautiere/
Achetée un peu par hasard chez mon revendeur, ce sont les dessins qui m'ont d'abord séduit. Lue ce matin, j'avoue avoir été captivé par cette histoire plutôt simple mais très raffraichissante : 4 gamins turbulents mais inséparables, liés par leur prénom et abandonnés bien magré eux dans leur orphelinat vont tenter de survivre dans leur cabane suite à l'avancée des Allemands durant l'hiver 1914.
Les dialogues sont bien trouvés (un petit air de la Guerre des Boutons), les dessins particulièrement réussis.
J'attends déjà le tome 2 avec impatience. Une bien belle découverte.
Ludwig, Lucas, Luigi et Lucien... à l'orphelinat, on les appelle les Lulus. Tous les 4, ils sont inséparables, toujours prêts à faire les 400 coups ! Mais un jour de 1914, les allemands arrivent à Valencourt... J'ai beaucoup aimé ce premier tome à la fois pour la qualité du récit, des dessins et des couleurs. On ne s'ennuie pas, bien au contraire, on rentre très vite dans l'histoire. Bref, une BD que je recommande vivement !