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evoilà Zita, la jeune adolescente de treize ans qui vit à l’hôpital comme de nombreux compagnons d’infortune atteints de leucémie ou d’autres maladies graves. Chaque vendredi, la plupart des résidents se rassemblent autour de Mama Kigali, une conteuse professionnelle venue apporter un peu d’évasion et de rêve. L’histoire du redoutable crocodile dont il suffit de toucher la queue pour guérir instantanément de n’importe quelle maladie donne également des idées aux petits pensionnaires… « Le Gang des Crocodiles » est né et semble bien décidé à tester cette médecine alternative issue d’un conte rwandais.
Boule à zéro invite à suivre les pas de Zita Sayyah, une jeune fille qui vit depuis près de neuf ans dans la chambre 612 de l’hôpital « La Gaufre ». La petite patiente d’origine marocaine est le boute-en-train du service et son côté espiègle séduit dès les premières planches. L’univers de celle que l’on surnomme « Boule à zéro » depuis que les nombreuses séances de chimiothérapie ont eu raison de sa chevelure, n’a pourtant rien de réjouissant. Ses conversations avec Madame La Mort sont d’ailleurs là pour le rappeler. Les auteurs ont néanmoins choisi de ne pas sombrer dans le pathos en proposant une galerie de personnages délicieusement attachants. De la complicité des membres du personnel soignant aux surnoms amusants des autres gamins hospitalisés (Wilfrite le grand brûlé, Puzzle pour la fille aux os brisés, Supermalade, 90% coton, …), tout est fait pour que le lecteur se sente un peu plus à l’aise dans un environnement qu’il imaginait probablement moins accueillant.
La qualité principale de cet album est donc d’avoir su aborder un sujet grave et délicat avec énormément de justesse, mais surtout avec beaucoup de tendresse et d’humour. En optant pour le rire comme exécutoire à cet environnement difficile, les auteurs évitent donc de tomber dans le larmoyant et proposent une bande dessinée pleine d’humanité et de sensibilité, sans pour autant tourner le dos à la réalité. S’il aborde le thème de la discrimination raciale, ce deuxième volet rend surtout hommage aux conteurs à travers la légende narrée par cette Mama africaine qui invite les patients à allier force et courage pour venir à bout de leur maladie.
En étant à l’origine de cette opération qui permet d’offrir cette BD à deux mille jeunes hospitalisés en France et en Belgique et en dédiant l’album précédent à toutes les Marine du monde, Serge Ernst se souvient non seulement de la fille d’un ami qui a gagné son combat contre un cancer du rein, mais démontre surtout à quel point ce projet lui tient à cœur. Ses dessins drôles et légers sont parfaitement adaptés au scénario, tandis que les tons chauds de Laurent Carpentier troquent la froideur des hôpitaux pour un voyage prenant au cœur de l’Afrique. En donnant vie à des personnages aussi expressifs qu’attendrissants et en proposant un graphisme qui met l’accent sur le regard optimiste et enfantin des patients, tout en tournant le dos à l’aspect lugubre de l’endroit, les auteurs livrent un bien bel album et un superbe témoignage qui comblera petits et grands.
Rendez-vous est d’ores et déjà pris avec Docteur Zita pour la suite de cette saga !
Très nettement en baisse par rapport au 1ier opus.
Il reste quelques bons gags et l'ambiance si particulière des services d'oncologie pédiatrique.
Mais on est loin de l'alchimie réussi du 1ier tome.
A découvrir quand même.
6/10.