À l’heure où sa petite-fille se marie, Pad se remémore ses propres noces, bien des années plus tôt. Issue de la minorité hmong, elle avait quitté les montagnes du Nord du Vietnam pour la Chine afin d’y trouver un mari. En l’occurrence, Tao, fils unique d'un couple de restaurateurs. Tout les opposait, leur langue, leur culture et leurs traditions, à commencer par celle du mariage, justement.
Première bande dessinée de Laure Garancher, passée des politiques de santé au dessin et au 9ème Art, Mon fiancé chinois brosse le portrait de quatre personnages, trois femmes et un homme, représentant plusieurs générations de deux peuples très différents. L'union de leur descendante commune est l’occasion de se remémorer un destin matrimonial diversement vécu. L’album se présente sous la forme d’un récit à plusieurs voix, Pad, la narratrice générale, cédant en effet successivement la parole, à sa belle-mère chinoise, à sa génitrice puis à son mari, avant d’évoquer la destinée qui l’a conduite dans l’Empire du Milieu. À travers les tribulations de ce quatuor, l’auteure met en avant diverses coutumes des pays concernés – mariage arrangé, lecture des horoscopes et « rapt » de la promise, entre autres - et souligne le poids de la famille et de l’appartenance à un clan. Elle évoque également d’autres thèmes, comme la politique de l’enfant unique au pays du maoïsme et ses conséquences actuelles – la moindre proportion de filles par rapport aux garçons entrainant la nécessité de chercher des conjointes venant de l’étranger -, les changements de mode de vie et de pensée, ou encore, l’imposition du vietnamien aux autres ethnies. Le graphisme semi-réaliste se démarque par son expressivité ainsi qu’une légère naïveté, renforcée par la colorisation simple mais agréable d’Hélène Lenoble.
Un premier one-shot plaisant et réussi malgré une certaine linéarité dans le schéma narratif.
Scénario passionnant, dessins attirants. Laure Garancher nous fait vivre une aventure humaine intéressante.