L
ibertin sans scrupule, le vicomte de Valmont laisse derrière lui une nouvelle victime et quitte Paris pour se faire un peu oublier. Au même moment, à l’opéra, la marquise de Merteuil, une veuve qui, sous des apparences honnêtes, cache un esprit débauché, apprend par Madame de Volanges que sa fille, Cécile, doit épouser le comte de Gercourt. Misogyne patenté, ce dernier croit se garder du cocufiage en choisissant une blonde niaise, fraîchement sortie du couvent. Détestant l’homme et ses principes, Isabelle de Merteuil décide de pervertir son innocente promise et, par courrier, prie Valmont, son ancien amant, de s’en charger. Mais celui-ci se trouve déjà accaparé par un autre défi : conquérir la très belle et très pieuse présidente de Tourvel rencontrée à la campagne. La fausse prude entreprend alors de s’occuper elle-même de Cécile en utilisant le chevalier Danceny, noble sans le sou qui, amoureux de la petite, ne la laisse pas insensible. La compétition est ouverte pour savoir qui des deux dépravés détournera le premier sa proie de la vertu.
Adapter en manga Les liaisons dangereuses, classique de la littérature du XVIIIe siècle, pourquoi pas ? Le faire sous forme d’un shojo, c’est déjà plus osé et ça peut faire craindre une dénaturation de l’œuvre. Surtout connue pour sa série Utena, Chiho Saito n’a cependant pas hésité à franchir le pas et à livrer sa vision du roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos. En l’intitulant Le vicomte de Valmont (que les éditions Soleil ont complété par le titre d’origine), elle laisse entrevoir la fascination exercée par le personnage éponyme et l’angle sous lequel elle aborde le propos.
En effet, dans ce tome d'ouverture, l’histoire prend rapidement des airs de romance édulcorée. Par ailleurs, les bourreaux que sont normalement Merteuil et Valmont prennent, ici, des allures très sympathiques, le second apparaissant même singulièrement attachant. Le puriste s’en offusquerait probablement si ce diptyque, surtout destiné à un public d’adolescentes, ne possédait pas le mérite indéniable d’offrir une version fidèle de la trame générale du livre. Ainsi, bien qu’il manque de piquant jusqu'à en être légèrement doucereux, le récit suit scrupuleusement les événements et transcrit convenablement les divers fils de l’intrigue originale. Évitant l’écueil de l’excès verbeux au profit de l’action, la correspondance entre les deux libertins est rendue au mieux, tout en assurant une bonne dynamique d’ensemble. Enfin, le graphisme, expressif reprenant évidemment les canons du genre, s’avère vraiment agréable et apporte un grand soin aux tenues vestimentaires ainsi qu’aux splendeurs de la noblesse française.
Certes emmiellée, cette adaptation est l'occasion de découvrir un grand classique et donnera peut-être envie à son lectorat-cible de se plonger dans l’œuvre originale ou de regarder les remarquables interprétations cinématographiques de Roger Vadim (avec Jeanne Moreau et Gérard Philippe) ou de Stephen Frears (avec Glenn Close et John Malkovich).
Je ne suis pas un féru de littérature mais je connais bien le film Les liaisons dangereuses ainsi que son adaptation plus moderne Sex intentions.
La lecture de ces deux tomes a été un peu fastidieuse en raison de la complexité des liens entre les différents personnages. On peut très vite se perdre dans les méandres des détails qui nous sont donnés. Le langage châtié a été respecté ce qui pourra rebuter plus d’un lecteur. Pour ma part, cela ne m’a pas trop dérangé dans la mesure où cela va très bien en association avec la grâce des images.
Le travail est tout à fait honnête mais le plaisir de lecture n’y est pas. Finalement, je garderai un meilleur souvenir du format ciné que celui du manga.