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amette est arrivée à l'âge où elle ne peut plus rester seule dans sa maison. Celle-ci vendue, il faut encore la vider avant de confier les clefs aux nouveaux propriétaires. Son petit-fils, Matthieu, donne évidemment un coup de main et revient, par la même occasion, là où il a passé une partie de son enfance.
La clef du château rose mélange chronique familiale et considérations sur la mémoire et le temps qui passe. En grande partie autobiographique, le récit s'égraine autour des réminiscences de Matthieu Forrichon. Il suffit d'un objet, d'un grincement de porte et le voilà qui se retrouve plongé dans sa jeunesse. Une époque bénie où la chasse aux trésors et aux secrets (le Général de Gaulle a passé une nuit dans ces murs !) remplissaient bien les journées. Le scénario se lit avec un certain intérêt, mais ne décolle jamais vraiment. Malgré l'universalité des propos – Viennent-elles parfois, tendrement éclairer, un coin de tes pensées, nos vertes années ? chante le poète -, l'opus reste trop centré sur son sujet et ne provoque guère de résonance avec le lecteur.
Venant du monde de l'illustration commerciale, l'auteur anime ses pages d'une manière claire et efficace. La lisibilité est admirable. Cette efficacité est doublée d'un trait très agréable, carré et doux à la fois. Les amateurs de Kevin Huizenga trouveront peut-être un lointain lien parenté entre les personnages de Forichon et ceux du créateur de Glenn Ganges. La mise en page est astucieuse et arrive même à faire oublier que l'action se déroule exclusivement au même endroit sur pratiquement soixante planches !
Premier album intéressant, La clef du château rose n'ouvre peut-être pas toutes les portes, mais se laisse néanmoins lire avec plaisir.
Au cours d'une vie, on est presque tous forcé de déménager, d'être parfois balloté de ville en ville. Cependant, on se souvient tous des lieux de notre enfance. La maison natale occupe bien entendu une place particulière. C'est une oeuvre entièrement consacrée à ce thème où l'auteur se remémore de bons moments passés jadis avec son frère à la recherche d'un trésor perdu dans le jardin. Les sentiments d'enfance reviennent à la surface.
C'est une agréable lecture un peu mélancolique et nostalgique mais qui ne marquera pas vraiment car avec un côté assez éphémère. Le thème est traité en profondeur mais les personnages passeront à autre chose. On se dit que ces frangins auraient mieux fait de racheter cette bâtisse à souvenirs plutôt que de s'apitoyer sur leur sort malgré une enfance choyée par un climat familial aimant et rassurant. Certes, c'est traité avec retenue et délicatesse.
A noter pour la petite histoire que la bd fut parue avec ce titre: "la clef du château rose" mais que la faute d'orthographe concernant le f a été corrigée par la suite...