L
e 10 novembre 1920, au fort de Verdun, le deuxième classe Thuin dépose un bouquet sur un des huit cercueils qui se trouvent devant lui. Le lendemain, la dépouille choisie est ensevelie en grande pompe sous l’Arc de Triomphe, à Paris. Elle incarnera désormais le sacrifice de milliers de Français tombés au champ d’honneur entre 1914 et 1918 pendant une guerre qui a poussé le pays à engager toutes ses forces militaires, effectifs des colonies compris. Si la République semble les avoir oubliés en ce grand jour, le capitaine Joseph Sorbier s’en souvient, lui qui a commandé, combattu et vécu de longs mois auprès des tirailleurs indigènes de son unité. Parmi eux, il y avait le valeureux Boubacar N’Doré, un homme de sa plantation de cacao en Côte d’Ivoire, un Noir qu’il exploitait et qui, dans l’enfer des tranchées, est devenu plus qu’un camarade, presque un frère.
Un album de plus sur le premier conflit mondial, une série-concept de plus… Voilà ce que pourra se dire l’acheteur bédéphile devant le premier tome de L’homme de l’année qui entend mettre en lumière des anonymes ayant pourtant été au cœur de grands événements historiques. Il aura raison. Néanmoins, il serait dommage de s’arrêter à ces considérations et à un sentiment de lassitude – celui qu’engendre l’impression du déjà-vu, du déjà-lu et de passer pour une bonne poire prête à débourser pour tout et/ou n’importe quoi. Certes, 1917 – Le soldat inconnu est à ranger dans la case des Jour J, 7 et apparentés dont les suites de one-shot s’en tirent avec plus ou moins de bonheur. Oui, l’ouvrage traite de la Grande Guerre, sujet largement évoqué dans le 9ème Art depuis quelques temps.
Cependant, l’intrigue déroulée par Fred Duval et Jean-Pierre Pécau n’en est moins bonne pour autant. En effet, si elle s’avère quelque peu classique par moments, elle maintient éveillée la curiosité jusqu’au dénouement qui constitue, soit dit en passant, un clin d’œil sympathique. Par ailleurs, à travers une belle amitié, le récit aborde des thèmes intéressants qui interpellent et laissent difficilement insensible : l’engagement militaire des peuples colonisés sur le front, la façon dont ils sont considérés par leurs supérieurs et les métropolitains en général, la manière dont un certain nationalisme empreint de supériorité raciale les a rapidement délaissés et oblitérés de la mémoire collective. Les auteurs ne manquent pas non plus de montrer aussi bien la réalité de l’existence des Poilus que les décisions prises en amont par l’état-major. De plus, ils soulignent au passage les travers des politiques et des hauts gradés, plus préoccupés de leur gloire ou de leur réputation que des hommes sur le terrain. Cela atténue en partie quelques aspects caricaturaux ou manichéens du propos, palpables dans la séquence en Côte d’Ivoire et dans l’opposition entre Joseph Sorbier et le colonel de Forest (incarnant respectivement le « bon » et le « mauvais » Blancs).
Fluide et bien rythmée, l’histoire est également dotée d’une narration à plusieurs voix, celle de Boubacar et de son capitaine se mêlant à une troisième, plus globale, ce qui permet en quelque sorte de varier les points de vue. Emmenant le tout, le graphisme réaliste de Mr. Fab se révèle expressif et soigné. Les cadrages variés ainsi que le découpage précis assurent une bonne dynamique et une grande aisance de lecture, tandis que la mise en images tant des tranchées que de la cacaoyère ou de Paris et de ses multiples tentations pour le troupier en permission s’avère convaincante. Dominée par des tons froids – grisaille et pluie omniprésentes ne sont égaillées que par les quelques lumineuses cases des scènes en Afrique -, la colorisation est au diapason avec le reste et crée des ambiances réussies.
Un premier one-shot de bonne facture où petite et grande histoire se rencontrent pour un résultat agréable. Il sera suivi par trois autres titres cette année : 1431, l’homme qui trahit Jeanne d’Arc en avril, 1815, L’homme qui hurla « Merde ! » à Waterloo en septembre et 1967, l’homme qui tua Che Guevara en novembre, tous scénarisés et dessinés par d’autres trios.
Un dessin remarquable , un bon scénario , avec de méchants blancs et des gentils noirs ;Bref , à chacun de se faire son opinion dans cette revisite du passé , fait avec une pensée de ce début du XXI -ème siécle .
Je trouve que ce nouveau concept est plutôt intéressant puisqu'il s'agit pour les auteurs de nous conter des récits d'individus inconnus qui ont pourtant marqué la grande histoire. Finalement, c'est comme leur rendre justice par rapport à un anonymat qu'ils n'ont sans doute pas mérité.
On commencera par l'histoire du fameux soldat inconnu dont la mémoire est honorée tous les 11 novembre par les présidents de la république à l'occasion du jour de célébration de l'armistice. On va découvrir qui est alors ce fameux soldat inconnu ainsi que son histoire lorsqu'il est tombé sur le chemin des dames en 1917.
Pour autant, ne nous y trompons pas : il s'agit bien d'éléments de fiction imaginés par des auteurs mais à partir de pièces d'un puzzle véridiques comme par exemple les indigènes venus combattre pour la France, loin de leurs terres africaines. On vivra encore l'horreur des tranchées et de ses généraux imbéciles qui furent médaillés pour services rendus à notre pays au prix de millions de morts inutiles.
Un mot pour dire que le travail du dessinateur est plutôt réussi avec un très grand souci du détail. On évitera également la caricature de bon aloi. Bref, sans être véritablement passionnant, ce tome se laisse bien découvrir pour une lecture un peu différente de la Première Guerre Mondiale.
Moi je suis mitigé sur cet album, je trouve cela un peu trop brouillons, pas toujours évident de s'y retrouver dans les personnages (comme les colonels) et puis je trouve que ça fait un peu trop cliché. Mais sinon j'ai pris plaisir à lire la fin donc c'est que ce n'étais pas si mal que ça. A voir les suivants....
http://lacasebd.overblog.com/2014/05/1917-le-soldat-inconnu.html
Calme. Tout est calme et serein sauf que non ! Sérieusement, il faut arrêter avec les bonnes séries TV à regarder. Il y a tellement d’épisodes que je n’ai même plus le temps d’écrire une petite bafouille afin d’agrémenter ma culture littéraire de simple profane que je suis. Que ce soit The Follow (macabre), Revenge (Dallas), Vampire Diaries (Sans gland), TBBT (humour), Walking Dead (mortel) et tant d’autres… C’est dingue comme c’est une pompe à temps incroyable… et ça me gonfle de perdre du temps (et pourtant je connais des moyens plus agréables pour me les gonfler).
Mais vous me connaissez, j’ai toujours un poumon sur ma main et histoire de faire simple, court et circoncis, on reprend rapidement nos bonnes habitudes, on enfile un joli maillot couleur « kaki-treillis » et on se jette à l’eau avec « L’homme de L’année : Le Soldat Inconnu », une collection éditée chez Delcourt.
Soit dit en passant et avant de plonger sur le sujet, ce premier opus intitulé « 1917 » est un one-shot , une histoire complète donc, faisant partie d’une collection mettant en avant des moments de l’Histoire dans lesquels des Hommes ont réussi, par leur présence ou leurs actes, à marquer ces instants oubliés. Évidemment, avec une date pareille, ça veut aussi dire aussi qu’on va causer sérieux puisque l’on va parler de la première guerre mondiale, époque où l’on se torchait encore le cul avec des feuilles de salade et des ronces ; et je vous garantis, ce n’est pas agréable du tout.
L’histoire repose sur la vie diamétralement opposée de deux hommes qui, par le truchement d’épreuves, vont vivre ensemble la première guerre mondiale. Tout commence en 1910, dans un village en Côte d’Ivoire, où Boubacar N’Dore, jeune Africain, exploité et travaillant dans une plantation de cacao, va être recruté par un colon blanc du nom de Joseph, et ce afin de devenir un soldat. Malheureusement pour nos deux amis, la guerre en Europe les rattrape et ils sont tous appelés au front pour combattre l’armée allemande, en passant par l’Afrique et ce jusqu’aux terres boueuses de Verdun. Nos deux lascars, à travers des moments forts, des questionnements et des combats aveugles au fin fond des tranchées, vont rapidement voir le lien « maitre-esclave » les unissant, se transformer petit à petit pour devenir bien plus que de simples compagnons d’armes, au péril de leur vie.
Une bd qui prône un cinglant hommage à l’amitié et à tous ces hommes et femmes qui ont combattu pour un idéal qui n’est parfois pas le leur ; s’ensuivra évidemment une réflexion morale sur la guerre, le racisme latent, une page d’histoire sur les tirailleurs africains, etc. Mais là n’est pas forcément le sujet de la critique et je m’abstiendrai de m’étaler comme un étron sur le sujet vu que primo, ça pue ; et deuzio cela risque d’être hors-sujet et subjectif.
Pour ce premier opus, c’est Duval et Jean-Pierre Pecau (pas l’animateur télé) qui sont de corvée de patates, avec à la gâchette un certain Mr Fab ; ce dernier faisant un boulot graphique et esthétique en adéquation avec l’histoire grâce notamment à un découpage et un dessin classique, parfois crayonné, avec des couleurs soignées, sombres et parfois chaudasses contrastant avec la noirceur de la situation.
J’avoue pourtant qu’à la base ce genre d’histoire ce n’est pas trop ma came. Parce que déjà je l’avais reçu pour Nouvel An (quand je vous dis que j’ai du retard dans mes lectures) et surtout après avoir vu les trois premières pages de la bd ; mais l’histoire change radicalement dès la 4ème planche et nous emmène directement dans une autre vision des choses.
C’est fichtrement bien dessiné donc même si assez classique dans l’approche, et c’est surtout accompagné d’un scénario solide et une narration impeccable sur un contexte historique bien réel. L’émotion est au rendez-vous et ce drame transpire le vécu au quotidien. Petite cerise sur le gâteau : une fin brutale, tragique… et ironique.
Pour finir, voilà donc un premier volume surprenant, nous rappelant la dureté de l’époque et remettant en abîme là où nous en sommes aujourd’hui. Je ne sais pas vous dire si les autres numéros de la collection sont de la même qualité ou du même gabarit mais celui-ci est plus que recommandable (on me souffle aux tympans que c’est le meilleur de la série).
Pour le reste, faites comme moi, emboitez le pas sur cet épisode car c’est du bon. Sur ce, on me salue ! Rompez !
Ps : Me ferais bien un cacao chaud sur le coup, il fait frisquet non ?
Fatigué des séries à multiples auteurs comme " Le Casse ", le Jour J, et autres livres, je me lance tout de même dans la lecture de la série "l'homme de l'année "avec ce premier volume consacré à 1917.
Et bien, je dois dire que j'ai été agréablement surpris à la fois par le dessin de Mr Fab (que je ne connaissais pas) et par le scénario habile et subtil de Duval & Pécau (vieux routiers de la bd).
La Guerre de 14 est de plus en plus présente dans l'univers de la bd (sans remonter à Tardi, on peut citer "Ambulance 13" ou encore l'excellente série de Kris et Maêl "Notre Mère la Guerre", ou encore l'original"Papeete 1914"). Mais ici, le parti pris de suivre la vie d'un soldat issue des colonies est fort bien venue. En mêlant l'histoire de cet homme avec la Grande Histoire (Nivelle, Mangin, la prise du fort de Douaumont), Duval et Pécau nous offrent une intrigue forte, réaliste et belle! Je vous laisse le soin de découvrir la page finale qui est....surprenante.
J'ai été aussi ravi qu'avec les premières pages du livre, les auteurs rendent hommage à un des plus beaux films sur la Grande Guerre, "la Vie et Rien d'autre" (de Bertrand Tavernier)
Je ne vais donc pas tarder à emprunter les autres volumes de la série
Certainement le meilleur album de 2013 !!!
L'homme de l'année 1917 frappe très fort dans cette collection...
Excellent scénario.
Lu ce tome 1 sur le conseil de mon dealer.
Et bien je ne regrette pas : certes c'est encore un histoire de première guerre mondiale et on a pas fini d'en bouffer, certes tous les concepts sur les colonies et les horreurs de la guerre sont là, mais c'est fichtrement bien dessiné et raconté, les personnages sont attachants et la fin surprenante.
Une bonne manière de réviser son histoire et ce n'est jamais inutile de rappeler les horreurs de la guerre et de la colonisation.
A ne pas rater.
Je rejoins totalement les commentaires précédents pour témoigner de mon enthousiasme quant au tome 1 de cette nouvelle série très prometteuse.
Jean-Pierre Pécau et Fred Duval construisent un récit palpitant. La Grande Guerre se vit à travers l’amitié d’un aventurier blanc et d’un ancien esclave noir. De la terre africaine à la boue de Verdun, le destin des deux hommes illustrent le parcours de l’armée de l'Afrique.
Les dessins de Mr Fab sont magnifiques et rendent parfaitement le drame vécu au quotidien par les soldats de la der des der.
Une Bd à lire sans hésiter
Très belle histoire sur un sujet que l'on pensait épuisé, la guerre de 14/18. Ici le récit nous entraine dans les coulisses de la petite histoire, celle d'une amitié improbable entre un colon et "un de ses ouvriers noirs". La narration est habile et décrit parfaitement le sort des noirs morts sur le sol français et si rapidement oubliés. Bravo aux auteurs qui ont su traduire ce fait avec émotion et sans grandiloquence. "L'homme de l'année 1917" se termine avec un double pied de nez grinçant mais savoureux (au sens propre et figuré)...
Ce 1er tome est excellent tant par un scénario bien construit, fidèlement documenté, avec la transcription d'une époque féroce aux mentalités sévères et marquée par des codes régissant la vie des individus en fonction de leur race ou de leur rang dans la société....L'homme de 1917 est une grande et belle histoire entre Joseph, le maître, et Boubacar, l'indigène courageux et fidèle, devenu officier....Le dessin est parfait, sombre dans sa description du conflit, et éclairé quand il dépeint la grandeur d'âme de nos héros...Le final est excellent, car petits et grands, nous avons un jour ou l'autre rencontré Boubacar...
Une lecture plutôt plaisante sur la véritable identité du soldat inconnu.
Une amitié improbable entre un propriétaire terrien en Afrique et un gosse de village.
Les dessins sont par contre moyens et l'intrigue avance à petits pas. Mais c'est bien écrit et sans fausses notes.
A découvrir donc.
7/10.
Une bonne BD de ce début d'année en tout cas ; Un bel hommage rendu à tous les tirailleurs africains, enrôlés de force pour défendre une guerre qui n'était pas la leur, et pour une France à peine reconnaissante, et aussi à tous les milliers d'hommes tombés, décîmés au champ d'honneur. Le duo Maître blanc / serviteur noir, qui loin des cacaotières ivoiriennes, se retrouve dans l'enfer des tranchées durant sept ans, est vraiment attachant. Si le livre, aux couleurs et dessins sombres et angoissants (forcémment) est redoutable de dureté, d'horreur, la fin est très belle, si on peut dire ça dans le contexte bien sûr. Si les tomes suivants sont à la hauteur de celui-là, eh bien sans aucun doute, une bonne série pour les collectionneurs et les lecteurs ;-)
Bon album, aux dessins très soignés, avec un scénario bien élaboré et original. Une BD qui permet de mettre en exergue un pan de l'Histoire peu abordé et relativement méconnu, celui de la participation à la "der des der" sous le drapeau français des soldats issus des colonnies d'Afrique. A lire.
Excellent album qui retrace sans pathos exagéré l'histoire des indigènes morts pour une France parfois bien oublieuse de leur sacrifice. Le joli double pied de nez final clôt en beauté un album intelligent et bien construit. Félicitations à l'impressionnant travail de documentation de Mr Fab (uniformes, équipement...) et à ses superbes couleurs, terriblement anxiogènes quand il le faut.