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Piège sur Zarkass 1. Une chenille pour deux

17/01/2013 7772 visiteurs 3.5/10 (4 notes)

L aurent et Marcel, plus féminines que leurs prénoms le laissent penser, sont des agents envoyées sur Zarkass. Le troisième millénaire tout juste entamé, la norme impose que toute référence sexuée soit bannie. De là à imaginer qu’atterrir sur un endroit peuplé d’indigènes et de bestioles spongieuses est une façon comme une autre de se procurer des sensations, il n’y a qu’un pas qui ne doit pourtant pas faire oublier la mission confiée aux deux femmes de caractère. Quelle est cette race d’aliens, les Triangles, qui tente de coloniser la planète ?

Troisième adaptation de l’univers de Stefan Wul chez Ankama, Piège sur Zarkass démarre de façon tonitruante et savoureuse par… du texte non illustré. Là où Olivier Vatine pour Niourk et Mike Hawtorne pour OmS en série avaient, dans des genres très différents, marqué de leur empreinte graphique leur incursion sur le territoire du romancier, c’est un avant-propos signé Yann qui retient l’attention. Par ce biais et avec un humour cinglant, le scénariste dépeint les changements intervenus dans une société ayant voulu se libérer du carcan de la domination masculine sur les usages et les mœurs, allant jusqu’à la renverser. Ce préambule, drôle, contribue également à justifier le choix de mettre en scène des aventurières en lieu et place des mâles de la version originale.

Il faudra donc suivre les deux comparses formant, comme il se doit, un duo de circonstance et mal assorti où chacune se charge bien de garder ses distances avec l’autre, en n’hésitant pas à lui faire quelques cachotteries au passage sur ses motivations personnelles. L’entrée en matière, entre effets découlant d’une dose de scatologie, du petit nègre des autochtones, de comportements virils et de crêpages de chignons, est malheureusement bien moins convaincante. Au moins, la scène d’attaque des Ikneumons aura le mérite de faire diversion pour éviter de chercher, un temps, le thème en toile de fond de tout bon récit d’anticipation (respect des civilisations anciennes ? effets de la colonisation ?). Mais qu’importe, il y a longtemps (après moins de vingt pages…) que l’idée de retrouver "du Wul" a été abandonnée.

Restent des dialogues balancés sur le ton de la déconne à tendance scabreuse qui laissent échapper deux ou trois informations pour donner une colonne vertébrale flasque (ça fait couleur locale). Pourtant, chacun aurait pu se sentir prévenu à la lecture du sous-titre : dîtes, Une chenille pour deux, c’est tiré du même tonneau qu’Un fauteuil pour deux où Dan Aykroyd et Eddie Murphy se donnaient la réplique à l’époque où les buddy movies et actioners envahissaient le box office ? Et dire qu’il était possible de confondre avec de la S-F !

Dans le rôle qui lui revient, Cassegrain installe une faune et une flore aussi exotiques que foisonnantes et propices à dissimuler mille dangers. Les choix en matière de colorisation contribuent à donner de la profondeur aux lieux et à créer plusieurs niveaux de plans pour un résultat surprenant qui reste délicat à dompter. Mention spéciale aux chenilles et aux belliqueux Ikneumons tout dards dehors mais pas de commentaires ambigus ou flatteurs au sujet des héroïnes, les consignes au sujet de tout ce qui se rapporte au sexe seront scrupuleusement appliquées…

Ce premier tome se referme avec un sentiment contrasté. D’un côté, la question est posée de savoir si l’histoire de base n’est pas apparue ringarde ou, a minima, ennuyeuse à un scénariste qui en a transformé le pitch pour en faire du « à la Yann » et donner une version plus décalée que moderne de l'œuvre de Wul. De l’autre, l’enthousiasme d’un dessinateur, motivé à l’idée de s’immerger dans un monde peuplé de créatures (sexy ou répugnantes, ingrédients courants du « genre ») et qui fait un pari risqué en matière de mise en couleur, semble indiscutable. Après deux albums enthousiasmants, la collection Les mondes de Stefan Wul en révèle un troisième qui laisse circonspect et aux frontières de l’ennui.

Par L. Cirade
Moyenne des chroniqueurs
3.5

Informations sur l'album

Piège sur Zarkass
1. Une chenille pour deux

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 03/09/2021 à 09:10:17

    Alors que Niourk et Oms en série m'avaient bien plu, j'avoue avoir moins préféré ce titre des oeuvres tirées de Stephan Wul, l'artificier de l'imaginaire à la française. En effet, ses romans sont aujourd'hui considérés comme des classiques dans le monde de la science-fiction française.

    L'héroïne de ce titre fait beaucoup trop penser à Carmen Mac Callum. Normal car le dessinateur est le même. Certes, le caractère est légèrement différent mais la morphologie du personnage est identique. Le dessin m'a paru souvent assez flou et approximatif. On ne pourra pas admirer un flot de détails dans le décors par exemple.

    L'odyssée dans cette jungle luxuriante m'est apparue comme interminable. Pour autant, j'avoue que petit à petit, l'intérêt est allé en grandissant car cela n'a pas été immédiat. Il est dommage d'avoir un flash-back sur la genèse de cette histoire vers la fin. Cette scène placée au début nous aurait permis une meilleure compréhension de l'histoire. Le langage petit nègre n'a pas vraiment aidé non plus. Et quelque fois, les dialogues volent très bas à la limite de la vulgarité. Non, je reprends : c'est vraiment vulgaire avec un humour scatologique.

    Bref, le récit manque un peu d'être captivant la faute à un scénario plutôt mal conçu. Yann nous avait habitué à beaucoup mieux. Désolé de le dire aussi abruptement mais c'est ainsi. Point de complaisance dans mes avis.

    omoide Le 02/12/2017 à 21:56:45

    (7/10: bon)
    Voici une agréable BD de science-fiction, qu'il faut savourer comme on lit un roman du Fleuve Noir, collection populaire dans laquelle Stephane Wul publia "Piège sur Zarkass" (1958).

    Plongée immédiate dans la jungle inhospitalière de la planête Zarkass, à la rencontre des indigènes-aliens lézards et des limasses géantes qui leur servent de montures!

    Zarkass a été colonisée par les Terriens (les Terriennes pour être exact, car les hommes ont été exterminés), bien que récemment une race inconnue (les Triangles) a commencer à défier son autorité.

    Sous des allures d'excursion touristique, nous sommes ici en mission secrète... Louis la jolie citadine, et Marcel la guide-interprète aux façons rudes, traversent la jungle à la recherche de renseignements top-confidentiels. Malgré des caractères biens trempés, il leur faut absolument collaborer, car chacune a ses raisons de vouloir réussir la mission.

    Le dessin de D. Cassegrain, à la fois précis et légèrement caricaturiste, sied bien à l'histoire adaptée par Yann. En effet ce premier volet répose sur deux pieds : l'aventure et les traits d'humour.
    Yann tient bien son scénario, essaimant les informations tout au long de l'histoire, evitant ainsi une lecture trop linéaire de l'histoire.

    Une bonne lecture!

    Arkadi Le 06/05/2016 à 09:55:47

    Sans être culte (tel que « Niourk », « Oms en séries » ou « Retour à 0 ») « Piège sur Zarkass » n’en demeure pas moins un roman réussi de Stefan Wul. Une écriture automatique maitrisée et une foisonnante imagination sur le thème de la jungle (thème de prédilection de l’auteur) sont les raisons de cette réussite.

    Le dessin de Cassegrain fait merveille sur ce dernier point. L’écosystème de Zarkass, imaginé par Wul, est parfaitement retranscrit. Grace à un trait unique, aplats réussis et tonalités des couleurs plutôt pastel du dessinateur, le lecteur est immergé avec leurs héroïnes dans ce périple en terre inhospitalière. Mention spéciale, d’ailleurs, aux planches superbes des rêves prophétiques.

    Le scénario de Yann peaufine l’univers en construisant des liens économiques et symbiotiques entre indigènes et chenilles. Tout comme il est bien vu de sa part, de donner corps et cultes à une civilisation « Zarkassiennes », alors que Stefan Wul ne narre rien, ou très peu, à ce sujet. Et il est bon de suivre, au fil des découvertes sur ce peuple, les ressentis des personnages principaux, entre dégout, curiosité et parfois adhésion.

    Yann peaufine aussi les héros. Des deux agents spéciaux en mission du roman, il créait un duo mal assorti, tel que dans « L’arme fatale » de Richard Donner, avec de vraies personnalités et vrais nécessités personnelles à remplir la mission. Il y a Louis, par qui nous découvrons l’univers de Zarkass, et Marcel, la reprise de justice aux verbes fleuries. Les dialogues de Marcel sont plutôt drôles dans ses injures à la misogynie inversée. Et même si l’usage de l’humour « pipi, caca » est un tantinet outrancier, cela fonctionne particulièrement bien pour dessiner la personnalité de Marcel.

    Mais Yann, hélas, ne limite pas cet humour potache à la seule bouche de Marcel. Il le généralise sur l’ensemble des femmes qui ont pris le pouvoir terrien. Carton rouge, donc, pour la scène du pénitencier ou prisonnières, gardes et même directrice de prison (pseudo-domina BDSM à talon aiguille et matraque) ont le même comportement que Marcel. Cette seule scène indigeste rend la lecture de ce premier tome nauséeuse malgré le monologue bien vu de Marcel face à la directrice sur les agissements des colonisateurs.

    Alors que dans « le temple du passé » l’inversion d’une norme rend la lecture jubilatoire, celle choisi par Yann aurait dû être source de ressort scénaristique novatrice, mais son traitement n’est qu’une simple accumulation de blagues d’ado et comportements de mauvais gout ou les femmes ne sont que des hommes cavernes comme les autres. Il n’y a de plaisir à voir ces femmes au pouvoir que par leurs plastiques superbes (Cassegrain les dessine merveilleusement !)

    Bref, voici une BD à ne pas faire lire à une féministe qui rêverait d’une civilisation « Girl Power ».

    Rody Sansei Le 07/12/2015 à 13:59:30

    Après la lecture des premiers tomes de "Niourk" et "Ohms en série", les 2 premières adaptations des romans de Wul en BD, Piège sur Zarkass se révèle un poil encore meilleur : plus d'humour, et une originalité plus importante.

    Je ne connaissais de Wul que l'adaptation animée (franchement très moyenne) qu'est "La Planète sauvage", adaptation de "Omhs en série". Cette nouvelle collection chez Ankama/Comix Buro démarre vraiment très très bien et permet de s’immerger totalement dans l'univers très varié et original de cet écrivain. Vivement les prochaines séries et les tomes suivants de celles existantes.

    pierre999 Le 21/02/2013 à 21:48:54

    Yann, mon petit Yann…Crois tu vraiment, sans vouloir te « casser » pour le plaisir de te casser, qu’il suffit de devenir un scénariste « en vue » pour pondre des scénarii de qualité ??? Ben…Noooon !!! Et re-non ! Personne, je pense, ne l’a jamais vraiment dit, mais, mais : tu es un bon conteur d’histoires, un diseur comme disaient les anciens, mais cela suffit-il pour que tu puisses créer une série BD qui entre enfin dans les annales ?
    Re-ben non…Jusqu’à présent, tu nous a concocté de bonnes histoires, mais, hélas, seulement de série B…Mais ceci n’est aucunement un reproche, non, non, les séries dites « B », ben, c’est parfois vachement plus plaisant que de pseudos chef-d’œuvre primés à Cannes…
    Quand je vois : « scénario : Yann »…Pouf ! Oups ! Damned ! By jove ! Va-t-il enfin me donner THE frisson, des spasmes de contentement, ébranler ma conception de la BD, me faire ressentir un frou-frou jouïssif ???
    Malheureusement, à chaque fois, je dois dire : NON !!!!!!!!!!!! Et pourtant, et pourtant…J’avoue que j’ai quasi ressenti ce frisson…Mais, où diable ai-je pu le ressentir ?? Ah, mais oui, avec ce cher Juillard et The «Mezek»…Et, quelle horreur apprends-je ???? One shot !!!!!!!!!!!! Franchement, c’est une honte !!! Voici un pan de l’histoire de l’Etat d’Israël TOTALEMENT inconnu de 97,75% du public, qu’il soit amateur ou non de BD….Là, il y a un scénario canon…Mais, mais…pas de suite…
    Grôôôssse malheur !!
    Bon, en ce qui concerne d’autres séries, je ne m’étendrai pas plus.

    Passons à cette présente série, non sans faire un petit détour par l’histoire de Franquin, Jijé et consort to the USA : Yann, tu es français… : ce n’est pas un handicap mineur, MAIS MAJEUR quant à ta possibilité de pouvoir « dialoguer » des personnes bruxelloises et/ou wallonnes !!! Sans compter que cette saga n’est même pas rigolote, tu mélanges allègrement bruxellois et wallon…Triste…Lamentable !!

    Mais il y a pire : « Piège sur Zarkass » (Wull se retourne dans sa tombe !!) : petits extraits, à la volée :

    ** « çà, toi vouloir sucer ? » Nooon dit l’une et « Donne Zinn, tu sais pas c’que tu rates princesse » dit l’autre. C’est fin…
    ** Le krabouilla est une des plus dangereuses bestioles de la faune de … »..Le karabouilla est lui typiquement africain…Et péjoratif !!!!
    ** « …ou je t’enfonce ton filet à papillons dans le fion jusqu’à ce qu’il te ressorte par les trous de nez »…
    ** Sans compter le langage « petit nègre », totalement ridicule (et je ne suis pas un fada anti esprit colonial, bien au contraire, j’estime que les Africains vivaient bien mieux sous colonisation…Malgré la « trique » et je parle à partir des années 40-50…Avant, Léopold…Ce fut sans conteste un sale type de chez sale type !! Suffit de voir le charnier qu’est devenue l’Afrique !!! Les gens qui me traiteraient de facho n’ont qu’à OUVRIR les yeux !!!!!! Connards !!)

    ** une « tente-étron », çà existe ??
    ** « tu aurais pu nous prévenir, bougre de fesse d’huître » (on reconnait ici le caractère Breton de notre scénariste)
    ** « j’ai le vagin en compote » Heuuuu…Rien ne me choque, mais là, …Pfffttt !!! Quel trait d’esprit humoristique, on se bidonne grave, les mecs !!!

    ** « à ce moment là, je me faisais brouter la gazounette par Zinn »…Ah, ben là j’ai la raie du cul qui s’éclate tellement je me marre dans ma marre de merde visqueuse et adipeuse de Trouffion 5ZML, tout près de Pluton !!! Tu vois, pas difficile de faire un texte tel que toi Ô Maître, parce que tu le vaux bien !!

    Franchement, franchement, mon petit Yann…Te croyais tu vraiment devenu THE scénariste au point de pouvoir pondre de telles inepties auxquelles, public servile oblige, on aurait applaudi ??
    Pas moi en tout cas !
    Franchement cette BD est lamentable et encore plus lamentable pour Cassegrain qui a un dessin original au contraire de 80% des dessinateurs actuels !! Comment a-t-il pu accepter « çà » !! Et comment les « wullistes » ne cassent pas la baraque…

    Bon, BDGest te casse…Mais ce n’est pas vraiment ce que, moi, je veux faire : redescends sur Terre mon petit Yann, fais nous une suite de Mezek…Et je serai HEU-REUX !!!
    J’espère que ceci n’est qu’un accident accidentel…