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Spirou et Fantasio 53. Dans les griffes de la Vipère

11/01/2013 13848 visiteurs 6.8/10 (5 notes)

Le journal de Spirou est au fond du trou. En cessation de paiement, il est obligé de faire appel à un investisseur extérieur. Le contrat trop vite signé impose la perte de liberté totale de Spirou lui-même qui devient l’homme-sandwich et le jouet d’un actionnaire majoritaire.

Courir est une habitude pour le compagnon de Fantasio. Pour sauver quelqu’un ou quelque chose, le monde également, ou tout simplement pour se sauver lui. Depuis soixante-quinze ans, il court et le fan derrière lui avec plus ou moins d’entrain selon le duo de repreneurs missionnés par Dupuis pour tenter de succéder à Franquin. Avec Dans les griffes de la vipère, Yoann et Velhmann respectent la tradition et introduisent les éléments de contexte actuel de la crise économique qui va toucher de plein fouet le journal de Spirou et pousser le groom dans ses derniers retranchements pour combattre un milieu qu’il ne connait pas : celui des requins de la finance.

Moderniser le personnage, Tome et Janry s’y sont essayés avec Luna Fatale et surtout Machine qui rêve sans qu’on leur laisse le temps de vraiment persuader. Après quatre épisodes signés Morvan et Munuera n’ayant pas convaincu, le nouveau duo s’essaye à la rénovation avec une touche de classicisme combinée à des fragments contemporains, le tout en puisant allégrement dans le bestiaire de l’œuvre, même si c’est principalement en tant que cliffhanger ici. Leur troisième album utilise le journal comme moyen d’atteindre notre héros. Attaquer un emblème n’est pas sans risque mais l’idée d’appliquer les difficultés financières du monde de la presse au périodique de l’éditeur Dupuis est une mise en perspective intelligente, malheureusement légèrement sous exploitée puisque uniquement prétexte aux péripéties, accompagnée de clins d’œil et de gentilles moqueries. Et le résultat est là, courses poursuites il y a, peut-être à l'excés d'ailleurs. Malmené d’un bout à l’autre de l’aventure, le petit bonhomme en rouge arrive à peine à reprendre en main son destin et semble décider de son sort, même si l’issue n’est pas forcément celle qu'il en attendait. Fin d’ailleurs trop rapide et quelque peu bâclée, ce qui pourrait être l’un des reproches à formuler.

Dans les griffes de la vipère semble être le bon, celui de l’assurance d’avoir trouvé ceux qui seraient en mesure de donner une nouvelle vie trépidante au héros de Marcinelle. En tout cas pour les lecteurs qui arriveront à s’exonérer du lourd héritage et d’enfin accepter de passer à autre chose à condition que la qualité reste présente.

Par T. Pinet
Moyenne des chroniqueurs
6.8

Informations sur l'album

Spirou et Fantasio
53. Dans les griffes de la Vipère

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L'avis des visiteurs

    Saigneurdeguerre Le 12/01/2020 à 17:53:31

    Spirou se balade tranquillement au marché aux puces lorsque la jeune Ninon vient le supplier de lui trouver un boulot à la rédaction de son journal. Elle est en admiration devant les exploits de Spirou et souhaiterait lui ressembler plus tard.

    Elle quitte à peine notre héros lorsque celui-ci reçoit un appel de Fantasio l'enjoignant de le rejoindre dans les plus brefs délais dans sa plus belle tenue de groom ! S'agirait-il d'un bal masqué ? Si on veut… Il s'agit plus précisément d'un procès à l'encontre du journal Spirou ! Un procès ? Oui ! Un procès intenté par des familles qui prétendent que Spirou est responsable des malheurs qui frappent leurs enfants qui ont voulu revivre ses exploits : ceux qui se sont battus comme des bêtes, ceux qui ont sauté du balcon se croyant en apesanteur… Sans oublier des images de sexe racoleur, de la vulgarité ! L'avocate qui accuse le journal de tous ces maux est la splendide Miss Jones qui a séduit la cour autant par ses propos que par la plastique de son corps et sa gueule d'amour.

    La décision du tribunal est sans appel : le journal Spirou est condamné à payer 1 million d'euros de dommages et intérêts ! Pour le journal, c'est la ruine assurée ! Mais ne voilà-t-il pas que très heureusement dans la salle du tribunal se trouvait un héros, adulé par Spirou dans sa jeunesse : Gil Coeur-Vaillant, le détective-explorateur. Ce dernier propose à Spirou d'accueillir dans le capital de son journal un investisseur américain qui va sauver l'entreprise de la faillite. C'est pratiquement les yeux fermés que Fantasio et Spirou signent ce contrat miraculeux…


    Critique :

    Fabien Vehlmann nous livre ici un extraordinaire scénario magnifiquement ciselé où il dénonce les coups tordus employés par des entreprises ressemblant étrangement à ces fonds de placements qui phagocytent jusqu'aux plus grosses entreprises du monde entier. En une histoire, il résume extrêmement bien quelques procédés courants mis en oeuvre par les « responsables » de ces boîtes pour déposséder les propriétaires avec l'aide de brillants avocats qui savent rédiger des contrats pleins de pièges ne laissant aucune issue à ceux qui sont condamnés à les signer.

    L'auteur met aussi en scène la petite Ninon et Seccotine, une façon de permettre à la gent féminine d'occuper une place de choix dans les aventures d'un personnage né à une époque très machiste où les femmes ne pouvaient être des aventurières.

    Mes seules réserves pour cet album vont aux dessins de Yoann. Les dessins de Spirou passent par tellement de genres qu'on a l'impression qu'une multitude de dessinateurs aux styles différents se sont succédés pour illustrer cette histoire !

    Rody Sansei Le 07/12/2015 à 13:58:29

    Après trois tomes un peu mous du genou et qui ne m"ont pas vraiment convaincus, voici le premier opus vraiment potable par ce "nouveau" duo d'auteurs. Il était temps.

    noubealitas Le 18/06/2013 à 18:18:29

    Bon c'est entendu, on ne retrouvera jamais le Grand Spirou et Fantasio de la Grande époque. Mais quand même ! Je n'ai pris aucun plaisir à lire celui-ci. Ni intéressant, ni drôle et ce ne sont pas les différents clins d’œil à un passé révolu qui réhaussent l'intérêt de cet album...
    Et puis, Spirou et Fantasio sont-ils devenus des personnages de BD pour adultes ? Est-ce que le monde réaliste de la finance passionne-t-il les jeunes d'aujourd'hui ?
    Des phrases du genre : " Un tweet du Financial News parle de "flou dans les stratégies de groupe"...débarrassons-nous de nos actions avant de perdre trop d'argent." ou " d'autres investisseurs se sont manifestés, persuadés que si la Viper avait voulu nous acheter, c'est que nous avions un gros potentiel..." ou encore " La société Hyperluxe rachetait depuis longtemps en douce des actions de la Viper, par le biais de sociétés-écrans, et attendait le bon moment pour porter le coup de grâce." ou encore : " on vient de m'apprendre que vous n'étiez plus actionnaire majoritaire de votre entreprise." ...ces phrases ont-elles lieu d'être dans une aventure de Spirou ? On se croirait dans Largo Winch !
    Je ne suis pas sûr que les lecteurs aient envie de se prendre la tête avec des imbroglios financiers en lisant Spirou. Il y a assez de bonnes séries réalistes dans le genre pour ceux que ça intéresse...

    Quiqua Le 22/04/2013 à 11:14:28

    On aimerait l'aimer davantage cet album...
    L'affaire financière autour du journal permet de coller à la triste actualité et de rendre le personnage plus contemporain. Hélas, l'histoire tourne court, surtout le final, qui est vite expédié.
    Reste le dessin, plutôt plaisant, qui parvient a insuffler un peu de modernité à ce vieil habit de groom (qui peut encore se promener avec une tenue pareille ?). Difficile à faire passer.
    Alors perdure "l'effet madeleine" que nous offre le personnage et son univers, que l'on aime tout de même retrouver dans une nouvelle aventure.

    minot Le 30/01/2013 à 13:05:06

    Après deux premiers albums plutôt décevants, Velhmann et Yoann nous offrent enfin un assez bon album de "Spirou et Fantasio". Graphiquement, le dessin de Yoann se révèle bien plus agréable que sur les précédents albums et d'un point de vue scénaristique, Velhmann se montre inspiré en nous concoctant une histoire semi-réaliste sur fond de rachat du Journal de Spirou par un fond de pension américain.
    Le personnage de "la Vipère" est réussi et donne suffisamment de fil à retordre à notre héros. L'action et l'humour se situent selon moi sur un pied d'égalité, gage d'un album réussi. Seule la fin laisse un peu à désirer, tout étant résolu de manière plutôt expéditive; dommage.
    Quoiqu'il en soit, à défaut d'être inoubliable, cet album d'une qualité honorable s'avère bien plus réussi que les quatre ou cinq albums précédents.

    PS : dernier détail agréable, et non des moindres : le retour de la Turbotraction !

    arathras Le 11/01/2013 à 19:56:34

    Enfin!!! Après le tome 52 je ne m'attendais à rien, aucun espoir et je n'ai pas été déçu puisque j'ai eu droit à tout.
    Le dessin de Yoann à repris du "poil de la bête" tandis que Spirou perdait le sien et le scénario "anti-trust" de Vehlmann, bourré de rebondissements est sans aucun doute pour moi le meilleur des trois albums.
    Les multiples références brisant le "quatrième mur" étaient bien placées et l'hommage à Tintin de la première case était rudement sympa quoiqu'un peu narquois me semble-t-il puisque le journal du même nom, grand concurrent de celui de notre héros rouquin à bel et bien disparu.
    Un petit bémol cependant : je trouve que la résolution de la cavale et de la cabale est un peu précipitée mais peut-être n'est-ce qu'un problème lié aux fameuses 46 planches.
    Encore une fin en semi-cliffhanger mais si l'album suivant tient ses promesses en matière d'annonce alors vivement le 54.