(AUT) Will Will dans Spirou 1963-1997

W ill, Willy Maltaite de son vrai nom. Principal fait d’arme : avoir dessiné pendant plus de trente-cinq ans les aventures de Tif et Tondu. Les amateurs plus éclairés vous diront qu’il fut aussi le dessinateur des aventures d’Isabelle, et qu’il fut l’un des premiers auteurs de la collection Aire Libre de Dupuis avec de magnifiques albums en couleurs directes. C’est généralement de cette manière qu’est résumée sa carrière. S’il n’eut jamais la même reconnaissance populaire et critique que ses amis, Will fit partie intégrante de l’histoire de la bande dessinée franco-belge d’après-guerre. Il fut l’élève de Jijé bien avant que Franquin et Morris ne le rejoignent pour former, avec leur maître, ce que la critique appellera les "quatre de Waterloo". Il fut surtout un pilier incontournable du Journal de Spirou auquel il contribua tout au long de sa carrière, si l’on excepte les deux années où il fut le directeur artistique du Journal de Tintin.

En cette fin d’année 2012, où il aurait eu quatre-vingt-cinq ans, Dupuis sort, enfin pourrait-on dire, un livre consacré à ses autres travaux au sein du Journal de Spirou. Intitulé Will dans Spirou, et sous-titré étrangement 1963-1997, ce livre a pour vocation de présenter l’ensemble des « récits complets » qu’il a réalisés pour l'hebdomadaire et pour lesquels il est crédité seul. Une manière d’expliquer l’absence de certaines pages où il s’occupa principalement des décors, voire plus. On pensera notamment au fameux Grand zéro sur toute la ligne - Reportage sur l’enfer marsupilamien réalisé avec Franquin.

Le lecteur passionné sera forcément partagé par rapport à cet ouvrage. Il sera agréablement surpris de découvrir quelques couvertures et illustrations réalisées par Will. La plupart avant 1963, renforçant le malentendu quant au sous-titre du livre. Il regrettera, en plus de l’absence des deux mini-récits qui auraient largement eu leur place ici, que le rédactionnel se limite à deux pages présentant heureusement de fort belle manière l’auteur, et que l’ouvrage se résume à une compilation finalement quelque peu impersonnelle d'histoires indépendantes. L’accumulation de ces planches réalisées sur trois décennies avec de nombreux scénaristes confère un manque d’homogénéité à l’ouvrage. Le principal intérêt étant de suivre l’évolution, non de son trait, mais de son traitement de la couleur.

Il lui restera à espérer qu’une véritable anthologie du travail réalisé par Will pour le Journal de Spirou paraisse un jour, incluant, en plus, le travail qu’il effectua sur des séries comme Eric et Artimon, avec Vicq au scénario, Jacky et Célestin de Peyo, et surtout toutes les illustrations qu’il réalisa pour les couvertures et le rédactionnel du journal mais aussi en tant que directeur de la collection Carroussel. En attendant, et faute de mieux, il pourra se contenter de ce Will dans Spirou qui même limité dans son propos et sa forme a le mérite d’exister.