Le Nao de Brown plonge le lecteur dans la vie quotidienne d'une personne qui, à première vue, semble tout à fait saine d'esprit. Comme beaucoup de jeune gens de sa génération, Nao peine à trouver un travail, cherche le grand amour et, plus largement, à mener une vie remplie de petits bonheurs. Si extérieurement rien n'indique la présence d'un quelconque problème, intérieurement, elle souffre. Une souffrance profondément enfouie qu'elle a apprise à dompter à l'aide de petits mantras. Pour l'instant, malgré la douleur, le mal est sous contrôle, jusqu'à la prochaine crise...
Glyn Dillon propose un portrait psychologique ambitieux sur fond de troubles obsessionnels compulsifs (les célèbres TOC). La description de l’héroïne est évidemment très fouillée. Son vécu, sa double origine anglo-nipponne, sa passion pour la pop-culture japonaise, etc. lui donnent une réelle présence, un certain charme également. De plus, le cadre, dont un Londres loin des images de carte postale superbement rendu, renforce l'ancrage du récit dans une réalité contemporaine des plus tangibles. Cependant, l'auteur a truffé son récit de références plus ou moins obscures pour le non-initié. Ce procédé ne serait pas si gênant en soit s'il finissait par enrichir la narration, malheureusement le scénariste peine à clore ses métaphores, laissant de ce fait de nombreux points en suspens. Le résultat est un album, certes agréable à lire, mais passablement longuet et, par moments, répétitif.
Graphiquement, cet opus démontre le très grand talent du dessinateur. Dillon témoigne d'une aisance impressionnante dans l'utilisation de l'aquarelle. Un peu à la manière de Jean-Pierre Gibrat, le trait est à la fois clair, très précis et nuancé, presque poétique. La mise en page est également des plus travaillées. Très classique sur le fond – pas de planches déconstruites, même pour les épisodes de crises de Nao -, la composition des pages n'en demeure pas moins des plus remarquables de justesse et d’efficacité.
En fin de compte, Le Nao de Brown se révèle être sa propre victime, à force d'accumuler un nombre infini de petits détails, Dillon étouffe sa création. Dommage, car le matériel et la manière présentés possèdent tous les éléments d'un chef-d’œuvre potentiel.
Le Nao de Brown a fini par me révulser. J'arrive encore à admettre les divagations et autres pulsions meurtrières d'une fille en proie à une certaine forme de folie mentale. Je suis insatisfait de ne pas avoir compris la finalité de ce pavé. A priori, cette oeuvre obsessionnelle et déjantée ne représente pas mon univers. Etant large d'esprit, j'ai cru que je pourrais en venir à bout pour comprendre l'essence de cette dualité métaphysique. Il n'en n'est rien d'où une certaine déception.
Je comprends que cela puisse plaire à une bonne catégorie de lecteurs. D'ailleurs, cette bd sur le thème de la schizophrénie fut primée par le festival d'Angoulême du prix spécial en 2013. Il y a des réflexions qui sont intéressantes hors dehors de celle de se faire dessus. Au-delà de cet aspect scatologique, c'est l'ennui qui guette. Indéchiffrable ou plutôt difficile d'accès pourrait être ce qui résume ma pensée sur le Nao de Brown. Ma note: 4/10 comme dirait Nao.
Une héroïne et un scénario sévèrement tourmentés -
Fraiche et pétillante, Nao est une jeune anglo-japonaise qui semble tout à fait bien dans ses baskets. Pourtant, Nao est en proie à de sérieuses crises d’angoisse et de violentes pulsions morbides. Des crises qui malheureusement se combinent à des peines de cœur, à une errance professionnelle et à des questionnements sur sa famille. Bienvenue dans la vie sévèrement tourmentée de Nao.
« Le Nao de Brown » est un portrait psychologique dont le scénario est souvent aussi torturé que l’esprit de son héroïne. Car Nao cherche. Elle cherche du réconfort dans le bouddhisme, elle cherche à chasser ses pulsions à l’aide de rites mentaux et elle cherche désespérément un amoureux qui ressemble à un fantôme japonais. Mais à force de chercher, le scénario m’a souvent perdu.
Le dessin est en revanche très agréable. L’aquarelle de Glyn Dillon est vivifiante et claire. À défaut d’être tenu par l’histoire de cette jeune fille (néanmoins attachante), j’ai apprécié le travail graphique de cette BD. Une BD qui a d’ailleurs obtenu le prix spécial du jury au dernier festival d’Angoulême… mais je suis rarement d’accord avec Angoulême.
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