T
out n’est que rires et fêtes dans les jardins de Versailles. Profitant d’une partie de colin-maillard, Nicolas de Barberon et Mahaut de Rosny s’éloignent du mari de la belle pour folâtrer dans les taillis. Las, leur batifolage tourne court, l’un des majordomes les ayant repérés. Ce n’est que partie remise. Le soir même, les amants se retrouvent dans le parc et arrivent bientôt devant les grilles d’entrée. La tentation est grande de les franchir pour s’aimer enfin librement et échapper à un univers cloisonné. Mais un incident tragique les en dissuade. Pour un moment seulement, car cette expérience amène Nicolas et Mahaut à s’interroger. Qu’y a-t-il donc hors de l’enceinte ? Comment est le monde extérieur ? Quel rôle jouent les Roberts, ces serviteurs omniprésents qui peuvent les retrouver n'importe quand ?
Glénat n’en est plus à son coup d’essai dans les publications en partenariat avec des institutions muséales ou axées sur le patrimoine. Après la parution du récent Le pendule de Foucault, parrainée par le Musée des arts et métiers, Le Crépuscule du Roy ouvre un triptyque, composé de tomes indépendants, consacré à Versailles sous l’égide bienveillante de la direction du château. De nouveau réunis, Didier Convard (Neige, Le triangle secret, Panthéon. Le tombeau des dieux endormis, Vinci) et Éric Adam (Les contes du 7ème souffle, La Tranchée) livrent un récit situé dans un décor sans commune mesure et hautement symbolique qu’ils saupoudrent de science-fiction avant de l’y faire entièrement glisser. Reflétant le goût prononcé du duo pour l’Histoire, l’intrigue reprend également les grands thèmes chers au créateur de Chats.
Partant de là, les lecteurs qui connaissent les autres œuvres de Didier Convard ne seront guère surpris par l’orientation rapidement prise par le scénario, ni par les péripéties que doivent surmonter les deux héros ou par leurs découvertes que, une fois le doigt inséré dans l’engrenage, on sent venir. Toutefois, le récit ne s’en avère pas moins bien construit et doté d’une narration aussi fluide qu’efficace. Par ailleurs, la montée en puissance des révélations et le passage d’un microcosme à un espace infiniment plus vaste – et ce dans tous les sens du terme – se révèlent plutôt habilement mis en place. Cela suffit à piquer la curiosité, au même titre que les mystères entourant le fonctionnement de la société versaillaise décrite par les auteurs ou ceux afférant à ces majordomes clonés à l’infini. Portant l’histoire, le trait d’Éric Liberge (Les corsaires d’Alcibiade, Monsieur Mardi-Gras Descendres, Wotan) est agréable et rend assez bien justice aux beautés et aux fastes recélés par la demeure du Roi-Soleil. Un soin appréciable est apporté aux costumes et aux décors, largement exploités, que ce soit à l’intérieur du château, dans ses jardins ou à l’extérieur du domaine. Le principal regret tient à une colorisation manquant malheureusement de relief et à une raideur marquée dans les attitudes des protagonistes.
Un album qui se laisse lire mais doté d'un arrière-goût mitigé.
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