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iglaud le hérisson maladroit est le biographe de Jeangot Renard, guitariste manouche avec lequel il a fait les quatre cents coups. Pourtant, ces deux-là compères comme des demi-frères, qui l’eut cru ? D’ordinaire, les hérissons, les renards Roms ou gitans les élèvent et les boulottent dans leurs roulottes lorsqu’ils sont devenus gras. Mais les superstitions ont parfois du bon et le duo s’est trouvé constitué dès l’âge des langes. Renard Manouche ouvre les aventures romanesques du goupil aux doigts rares et de son ébouriffé et piquant acolyte découvrant la musique, la Veuve Poignet sous les couvrantes, la « zone » banlieusarde, le bordel, les menus larcins. Et bien d’autres choses, évidemment.
Le voici donc en librairie ce projet déjà ancien de Joann Sfar, maintes fois évoqué et différé au point de craindre de ne jamais le voir aboutir. Sur un mode similaire à celui employé pour son film Gainsbourg une vie héroïque, le scénariste entreprend de livrer sa version du parcours de Django Reinhardt. Il le fait donc à sa façon et, s’il ne plane aucun doute quant à la fiabilité du fond historique, celui-ci apparaît indéniablement caviardé de repères et thèmes chers à l’auteur, comme ce fut le cas du biopic consacré à l’homme à la tête de chou. Il y a très vraisemblablement dans le Niglaud un peu manche avec sa gratte quelque chose de l’apprenti guitariste décrit à plusieurs reprises dans ses premiers Carnets publiés à l’Association. Une partie du discours prêté aux deux complices, nature et cru, notamment en ce qui concerne l’approche des relations sexuelles telle qu’elle est exprimée par les deux trublions, ne surprendra pas non plus totalement les aficionados, sans que ceux-ci ne l’imaginent scrupuleusement sortie de la bouche de celui qui révolutionna le jazz. À notre époque de fréquents pugilats de prétoire opposant biographes scrupuleux, ayants-droit et autres gardiens de l’orthodoxie, comment ne pas aller dans le sens de l’auteur lorsqu’il affirme que pour renforcer un mythe, rien ne vaut la méthode qui consiste à raconter de véritables anecdotes, en les déformant ou les détournant un peu plus encore qu'elles ne l'ont été.
Le moins que l’on puisse dire est que son portrait a la pêche et qu'il est plein de fantaisie, de crudité et non dépourvu de fragrances scatologiques (l’anatomie selon les puceaux, c’est quelque chose). En s’autorisant quelques écarts que certains ne manqueront pas de qualifier de sorties de route dans le récit de la vie de Jeangot, il étonne autant qu’il peut agacer. Les quatre pages consécutives « hors cadre », tant du point de vue narratif que graphique, en plein milieu d’album pour une digression sur le quotidien du piquant marchand de guitares ont de quoi déstabiliser. Cet interlude donne pourtant un côté un peu foutraque à la narration qui lui va bien au teint. Mais que dire de l’exposé de ses relations avec son éditeur sinon qu’il est superflu ou, au minimum, sérieusement décalé ?
Pourtant, presque tout est amusant dans ce premier tome et, bien sûr, Clément Oubrerie y est pour beaucoup. Les plus mauvaises langues avoueront peut-être leur soulagement de le voir au crayon et au fusain pour un dessin net et sans bavures. Dans un style encore différent de celui remarqué pour Aya de Yopougon (Gallimard) et Pablo (Dargaud), sa patte fait mouche : ses personnages animaliers sont aussi dynamiques que trognons, les couleurs puisées dans une gamme épatante. De là à dire que certaines séquences ou compositions auraient été identiques si le scénariste n’était pas Joann Sfar, il y a un pas… que les élucubrations d’un lecteur qui ne se soupçonnait plus capable d’euphorie franchissent allégrement (la scène du délire au cours de l’angine de poitrine ou quelques volutes musicales par exemple).
La musique c’est pour les oreilles, c'est pour le tome 2. Le plaisir causé par un renard, c’est pas pour les chiens et à savourer sans tarder.
Cette BD livre les mémoires de Niglaud, un hérisson manouche. Le scénario de ce premier tome relate le début de la vie de Niglaud et de son meilleur ami Jeangot. Les deux compères sont des musiciens manouches. À travers cette lecture, j'ai découvert leur parcours mais également leur évolution. C'est une belle histoire d'amitié et de vie. En effet, cette BD montre le meilleur comme le pire de ce que peut être la vie d'un Homme. J'ai aimé cette histoire simple mais efficace et dont les rebondissements judicieux alimentent un scénario bien construits.Les personnages quant à eux sont super. J'aime leur façon de penser mais aussi d'évoluer. Chacun à son propre caractère et j'ai apprécié les relations qui se nouent entre eux. J'ai reconnu l'humour piquant de Joann Sfar dans les dialogues et certaines situations, ce qui ne gâche rien.L'esthétique est vraiment sympa. Clément Oubrerie sert de façon magistrale le scénario. J'ai aimé ces traits un peu nerveux, les couleurs et l'ambiance générale qui se dégage de la BD.
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C'est drôle, paradoxalement réaliste et loufoque : une interprétation savoureuse imprégnée d'une réelle culture sur le sujet traité.
A savourer sans a priori.
Raconter de manière détournée la vie de Django Reinhardt en représentant ce dernier sous les traits d'un renard et en le faisant évoluer dans un univers animalier aurait pu être une bonne idée. Malheureusement, à part quelques passages amusants, cet album pêche par un dessin somme toute très banal et une grande vulgarité dans les propos ou dans les situations. Un album qui pour ma part présente peu d'intérêt.