L
ors des obsèques de l’écrivain Dominic Raines, Nicolas Lash fait la connaissance de l’envoutante Jo. Quelques heures plus tard, elle lui sauve la vie alors qu’il vient de découvrir un manuscrit inédit du disparu. Cependant, le jeune homme perd une jambe pendant la confrontation. Sa convalescence lui offre le temps de découvrir ce roman inconnu de Raines qui s’avère rapidement être bien plus que cela.
Brubaker fait du Brubaker, c’est-à-dire qu’il s’appuie sur sa maîtrise de la série noire pour installer ses protagonistes et son intrigue. Journaliste en croisade contre la corruption, flics pourris, meurtres sordides et femme fatale sont des ingrédients connus du genre. La nouveauté provient de la distillation de plus en plus importante, au fil de l'histoire, d’éléments fantastiques tout droit sortis d’une nouvelle de Lovecraft. Le point gênant, noir lui aussi, est qu’ici le mélange ne prend pas vraiment. La narration sur deux époques, les flash-back, le mystère un peu artificiellement entretenu autour de Jo et de son passé, ne rendent pas la lecture plus prenante ni fluide. Le manque d’empathie pour les personnages participe à ce détachement par rapport à ce récit non dénué d’intérêt et s’appuyant sur des dialogues bien travaillés.
Le graphisme reconnaissable de Phillips fait ressentir également ce sentiment ambigu, entre plaisir et déception. Du bon avec cette capacité étonnante, à travers les cadrages et les jeux de lumière, à créer les ambiances, bien aidé dans le cas présent par l’excellent travail aux couleurs de Dave Stewart. Du décevant, avec de trop nombreuses cases dans lesquelles les individus sont malheureusement défigurés, en particulier Jo qui n’est pas toujours "fatale".
Il reste une lecture correcte mais, compte tenu des productions passées du duo, on était en droit d’attendre beaucoup mieux.
Sleeper, Criminal, Incognito, Fondu au noir et dernièrement Kill or be killed, la liste des collaborations entre Ed Brubaker et Sean Phillips s’allonge d’année en année. Fatale se situe au milieu de la carrière de ce duo et, si la série continue à jouer majoritairement dans le registre du polar, elle est cette fois-ci teintée d’horreur et de fantastique (Fatale 2012, #1-5).
Comme son titre l’indique, l’histoire racontée ici est celle de Jo, une femme fatale, et des nombreux hommes dont elle fait la rencontre... souvent au péril de leur vie. Nous sommes en 1956 à San Francisco et, dans ce premier volume, Josephine cherche à échapper à l’emprise de Walt, son mari et flic véreux, et à se rapprocher de Hank, futur papa infidèle et journaliste d’investigation. Entre ces trois personnages, et quelques autres plus secondaires, vont se créer des liens personnels et professionnels mais aussi occultes. Car, outre ce trio amoureux, tout le sel de l’histoire provient du rôle mystérieux joué dans l’ombre par une secte satanique des plus violentes.
Le scénario est construit du point de vue d’un narrateur extérieur – bien malgré lui impliqué dans la destinée de la jeune femme – et alterne intelligemment les séquences entre le passé et le présent. Il m’a toutefois fallu une deuxième lecture pour saisir tous les détails de l’intrigue.
Le dessin de Sean Phillips est plutôt bon, brut et créé une ambiance de polar efficace et prenante. Cependant, quelques visages sont un peu trop rapidement exécutés à mon goût et l’aspect horrifico-fantastique aurait pu être plus finement traité.
Ces 120 pages m'ont parus longues , il faut souvent revenir en arriere pour pas perdre le fil , le mélange de" policier et d'horreur est parfois déplacé . Si l'ambiance et la couleur pour les dessins sont super , les mimiques et details sont pas terribles ( difference avec la couverture ) , onlyt pour les fans
Les auteurs hésitent entre polar et horreur et le résultat est plus que mitigé. On appréciera tout particulièrement l'ambiance noire de la BD. Les dessins collent parfaitement au scénario.
Et pourtant il manque quelque chose.
5/10
Possédant et ayant beaucoup apprécié la série "Criminal", j'ai acheté "Fatale" les yeux fermés.
Impressions mitigés après lecture...
On retrouve tous les (bons) ingrédients du duo Brubaker/Philips : dessins qui collent parfaitement au monde du polar superbement orchestré par Brubaker.
A ceci s'ajoute une pincée de fantastique présente dans l'univers de la secte mais c'est, à mon avis, a ce moment que cela coince...
Non pas que cela soit une mauvaise idée (certaines cases sont très réussies tant au niveau du dessin qu'à la couleur. Je me suis même surpris à comparer l'une d'entre elles à nos chers vampires de "30 Jours de Nuit"...), mais j'ai ce sentiment que cela n'a pas été assez approfondi. En tout cas je reste sur ma faim...
Et puis, sans révéler de spoilers, je trouve qu'on doit (trop) souvent revenir en arrière pour reprendre le fil de l'histoire sous peine de décrocher.
Ce qui reste le plus gênant est qu'il m'a fallu attendre les dernières pages du livre pour m’attacher aux personnages. Le reste du temps, on a du mal à éprouver de l'empathie pour les différents protagonistes...
6/10 car cela reste, tout de même un très bon polar, bien ficelé mais j'attends la suite pour adhérer complètement à l'intrigue.