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erchée sur les épaules d’Éric, un locataire, Gisèle installe son enseigne. Déjà logeuse, elle a décidé de travailler comme femme à tout faire. Une idée saugrenue pour une jeune fille de bonne famille et que son échelle improvisée n’approuve guère, mais nul ne saurait arrêter l’adolescente quand elle a décidé quelque chose. D’ailleurs, les tâches ne manquent pas. Retrouver un chat, accompagner une fillette au Jardin botanique, retaper une vieille bicoque ou tenter de convaincre un garçon de quitter le bois dans lequel il vit. Autant de missions qui apprennent à Gisèle que certaines apparences peuvent être trompeuses et qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir gain de cause.
Le premier volume de Gisèle Alain, une série qui en compte déjà trois au Japon, ouvre avec fraicheur les aventures pleines de fantaisie de son héroïne. Sui Kasai entre d’emblée dans le vif du sujet par une scène, prêtant à sourire, qui donne le ton du récit. Elle présente très rapidement les protagonistes et développe aussitôt le modèle qui prévaut à chaque chapitre : une situation particulière entrainant une mission pour Gisèle. Le principe fonctionne plutôt bien et lui permet de développer le caractère de la jeune fille, volontaire et généreuse, dont le lecteur sait finalement assez peu de chose. Au fil des rencontres et des circonstances, l’auteur distille quelques informations sur la jeune logeuse afin de mieux éclairer les actes de cette dernière, mais aussi de souligner combien son origine sociale et son éducation l’ont peu préparée à la réalité quotidienne des classes populaires.
Fluide et enjouée, l’histoire se fait cependant plus tragique dans la dernière partie du tome qui, par quelques menus détails, vient aussi épaissir le mystère concernant l’héroïne et ses relations avec sa famille. Par ailleurs, si le tableau d’une petite ville européenne du début du XXe siècle que livre la mangaka peut paraître un rien mièvre et idéalisé, ce défaut s’efface vite grâce à l’ambiance bon enfant qui se dégage de l’intrigue. Une atmosphère aimable et pleine d’allant qui se retrouve dans le dessin de Sui Kasai. Rappelant un peu le travail de Kaoru Mori, son trait soigné ravira le public féminin visé par son lot de costumes à l’ancienne, la grâce des personnages et l’accent mis sur l’expressivité rendant au mieux tout une palette de sentiments.
Sans être un manga d’exception, Gisèle Alain a cette petite saveur douce et ce charme désuet qui en font une lecture des plus plaisantes et apaisantes.
Cela peut faire du bien de lire Gisèle Alain en pensant que les gens peuvent être menés par des bons sentiments afin de nous améliorer la vie. Dans un monde de Bisounours, je l'aurais cru assez volontiers. Cependant, pas dans notre réalité!
Gisèle Alain ressemblerait à une Mary Poppins qui apporte du bonheur en venant égayer notre vie. Dans l'ombre de Mary nous a apporté la vérité mais ce n'est pas ce qui compte réellement.
J'aimerais bien conseiller cette oeuvre sympathique à l'achat car elle est très bien réalisée surtout graphiquement avec de beaux décors et de beaux costumes. On passe un bon moment de divertissement afin de s'échapper du quotidien. Je ne le peux pas car je n'appliquerais pas à moi-même à la recherche sans doute d'oeuvre plus mâture. La naïveté est une chose qui peut desservir à la longue.