E
ntre un maître chanteur aux pratiques étranges – à la place des traditionnelles petites coupures, il exige des chèques ! - et la réapparition brutale du père de Babette, la semaine de Jérôme est plutôt chargée, au point d'en oublier de faire le plein de son Solex !
Alain Dodier a rassemblé dans Post Mortem tous les éléments qui ont fait le succès de la série : une intrigue ancrée dans le quotidien, une attention particulière pour des personnages traditionnellement relégués au second plan et un humour pétillant. Alors qu'une certaine lassitude pourrait se faire sentir, il s'agit tout de même d'un tome vingt-trois, le scénariste réussit à maintenir une grande fraîcheur dans ses propos. Le ton est toujours aussi pertinent et habillé de dialogues délicieux. Le savant mélange, parfaitement dosé, entre un fond très social et le côté polar décalé rend la lecture des plus agréables.
Graphiquement, le trait de Dodier continue de s'affiner et de se s'alléger pour ne conserver que l'essentiel. Simplification dans l'approche, mais pas minimalisme pour autant : toujours très réaliste le dessin a spécialement gagné en clarté et en puissance d'évocation. Sans en avoir l'air, le dessinateur arrive à dépeindre lieux et sentiments d'une manière tout à fait efficace. Adepte d'une mise en page traditionnelle à la limite de l’académisme, le créateur de Gully contourne l’exiguïté des cases par un sens poussé de la construction. Résultat : un album dense, mais parfaitement lisible.
Très bon opus de la collection, Post Mortem est chaudement recommandé.
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La chronique du tome précédent, Mathias.
Où il n'est pas aisé de faire face aux ombres du passé. C'est ce que découvre notre sympathique héros, et où la situation à laquelle se retrouve confrontée sa petite-amie Babette pourrait se résumer ainsi : "Toi qui ne m'as même pas donné, juste ce qu'il faut tant pour t'aimer, parfois j'ai eu besoin de toi ; ta place n'est pas sous notre toit, ta place n'est plus sous notre toit". Pas évident de trouver une bonne fin. Celle-là ne me plaît pas, même si finalement il n'y en avait pas vraiment d'autre raisonnable. Avec J. Bloche, notre tintin d'aujourd'hui, ce tome reflète tout comme les 22 précédents, la personnalité et la fraîcheur du jeune héros, à la fois espiègle et naïf, à la fois moderne et rétro, amoureux et maladroit. A lire par tous.