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dgar P. Jacobs est sans aucun doute une des figures majeures de la bande dessinée franco-belge. Ami et proche collaborateur d'Hergé et créateur de Blake et Mortimer (sans oublier Olrik, l'âme damnée par excellence), sa vie reste, comme la majorité des auteurs de son temps, complètement inconnue du grand public. Rodolphe (Mojo, Namibia) et Louis Alloing (Dans la secte) se proposent de combler cette lacune dans La Marque Jacobs.
Sous-titrée Une vie en bande dessinée, l'album reprend avec beaucoup d'application les différents épisodes clefs de l'existence de l'homme du Bois des Pauvres. Malheureusement, Rodophe se contente de rester à la surface de son sujet. Si le récit suit religieusement le parcours du chanteur d'opéra devenu malgré lui dessinateur, il manque néanmoins de recul critique sur l'artiste en lui-même. Jacobs, né en 1904, fait partie de cette génération qui a été témoin des plus grands bouleversements de l'Histoire contemporaine. En effet, avant même d'avoir donné naissance à son œuvre majeure, il aura vu l'essor de la science moderne, particulièrement de la physique, son lot de crises socio-économiques, les deux guerres mondiales et l'apparition d'une nouvelle sorte de conflit idéologique. Le scénariste n'intègre que bien trop peu ce contexte à sa narration, alors que la bibliographie de Jacobs est constamment ponctuée de références et d'angoisses propres à son époque. Résultat, le ton reste un peu plat, une succession de scénettes au rythme digne des Belles histoires de l'Oncle Paul (un comble pour un auteur du Lombard !).
Contrairement à Stanislas dans Les aventures d'Hergé ou Paolo Cossi dans Hugo Pratt un gentilhomme de fortune, Louis Alloing a choisi d'illustrer la vie de Jacobs en utilisant la ligne claire de la manière la plus stricte qui soit. Cette approche peut se comprendre comme un hommage au Maître, mais c'est également une sorte de mission impossible. Demandez à n'importe quel bédéphile de décrire le style de Jacobs et sa réponse comportera sans aucun doute les adjectifs rigoureux, précis et élégant. Si le dessinateur ne démérite pas, particulièrement sur certains décors urbains, l'ensemble fait néanmoins bien pâle figure face aux planches de son illustre prédécesseur. Postures figées, attitudes surjouées et mise en page relâchée, Alloing tombe dans tous les pièges de ce style faussement simpliste.
Biographie lisse et souffrante d'une réalisation inégale, La Marque Jacobs peine à convaincre.
Admirateur depuis toujours d'Edgar P. Jacobs, je ne pouvais que succomber à l'achat de cette biographie en bd du créateur de Blake et Mortimer. Je possède par ailleurs un grand nombre d'ouvrages sur le maitre du "bois aux pauvres", comme "un opéra de papier", "le monde d'Edgar P.Jacobs" de Claude Le Gallo,"la damnation d'Edgar P.Jacobs" de B.Mouchart & F.Rivière, ou encore "A l'ombre de la ligne claire" de Benoit Mouchart, et "le manuscrit d'E.P. Jacobs", et aussi la dernière biographie en date, celle de Viviane Quittelier.
C'est pour dire la passion que j'ai pour cet auteur (je passe sous silence d'autres livres plus polémiques sur Jacobs)
Pour revenir à ce biopic façon bd, je voudrais dire que le travail documentaire effectué par Rodolphe est parfait ( de l'accident du puits,à sa modeste carrière à l'Opéra, à ses collaborations avec Hergé, tout est exact).
C'est vrai qu'il manque le poids de sa série phare, voire unique, dans cet album, je veux évidemment parler de "Blake et Mortimer", référence simplement survolée dans cet opus. La vie personnelle de Jacobs y est privilégiée par rapport à son activité professionnelle.
J'ai beaucoup apprécié l'approche de Rodolphe avec l'ami Jacques, mis au rebut de la société après la Libération, mais aussi sa fidélité à Georges Rémi au sortir de la guerre.
Que dire du dessin de Louis Alloing, qui, certes ne relève pas de la ligne claire comme je m'y attendais, mais s'y approche tout de même.C'est vrai que la superbe couverture ne reflète pas pour autant le dessin des planches.(c'est le seul bémol que je peux reprocher à cette bd)
Je regrette également que les dernières années de la vie de Jacobs soient vite expédiée dans l'album, alors que ces années, paradoxalement, seront les plus riches sur le plan éditorial de Jacobs, malgré les embuches rencontrées.
Malgré toutes ces imperfections, j'ai été ravi de revivre à travers ce one shot (peut-être que deux volumes auraient eté plus judicieux pour retracer la vie d'un des maîtres de la bd franco-belge) l'ambiance , fort bien dessinée, de cette première moitié du XXème siècle.
Bref, malgré cela, je vous invite à découvrir cet album.
Cette bio est racontée de manière très classique, un peu à la manière d'Oncle Paul. Le scénariste met l'accent sur la vie privée de Jacobs, moins sur le côté professionnel, ce qui est un peu dommage. On aurait aimé en apprendre un peu plus sur la méthode de travail de Jacobs, sa manière de monter les scénarios, ses recherches... Pour info, le tout premier album de Blake & Mortimer, Le Secret de l'Espadon, n'est évoqué qu'à la page 80... alors que l'album en compte une centaine. Cet ouvrage aurait certainement mérité un second tome !