A
ussi maladroit que plein de charme, Yu Anise rêve de devenir majordome. Aussi sa grand-mère lui a-t-elle indiqué l’adresse d’un salon de thé réputé, le Grace Door. En chemin pour s’y rendre, il rencontre Rhena qui souhaite justement y passer un moment. Arrivés sur place, la jeune fille est aussitôt prise en charge par deux beaux gosses, tandis qu’Anise se voit remettre un uniforme d’apprenti par Seiji, le chef des serveurs. Propulsé en salle, le garçon doit faire de son mieux pour servir les clientes. À l’heure de la fermeture, il n’en reste qu’une seule : Rhena, peu encline à partir. Ressentant le soudain changement d’atmosphère, le nouveau venu découvre avec stupéfaction que ses collègues ne se contentent pas d’embellir la vie de ces dames avec du thé et des gâteaux, mais qu’ils deviennent, pour certaines, des « passeurs », chargés d’accomplir leur dernier souhait.
Mâles juvéniles au torse pris dans une veste cintrée, œil langoureux et lèvre souriante en prime, service en porcelaine, arômes et fragrances subtiles dans l’air, décor cosy : voilà le butler-café idéal. Ce pendant pour femmes du maid-café (où d’accortes damoiselles en costume de soubrette servent une clientèle exclusivement masculine) ferait la joie de certaines Japonaises – tous âges confondus – amatrices de romantisme ou ayant un penchant pour les majordomes. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un manga soit consacré à ce phénomène, surtout lorsqu’il permet de mettre en scène plusieurs bishonen - de sémillants jeunes hommes à l’allure un peu efféminée – dont le shojo est friand. Rose Otome offre tout cela dans les deux tomes de Grace Door, ainsi que du mystère et une bonne dose d’humour.
Assez rapidement, le véritable office du salon de thé est dévoilé et vient enrichir la trame du récit à travers le cas de trois « clientes spéciales » que le quintette de serveurs doit accompagner jusqu’au seuil de l’au-delà. Si le procédé est le même pour chacune d’elle et aurait pu lasser sur le long terme, la variété de leur caractère et de leurs demandes, ainsi que les talents mis en œuvre par leurs hôtes pour les satisfaire, viennent pimenter les choses. La scénariste n’oublie pas, parallèlement, de développer et d’étoffer ces personnages. Elle consacre tout un chapitre à Kano, le bellâtre coureur, dans le deuxième volume, éclairant son passé et la raison qui l’a amené à devenir majordome. C’est sans doute une des parties les plus intéressantes et qui intensifie un peu plus le mystère autour du Grace Door et de son chef, Seiji. Elle laisse aussi l’impression que la série aurait dû être plus longue, car aucune réponse n’est véritablement apportée et que de nombreuses zones d’ombre planent encore.
Côté dessin, le trait d’Aki Miyamoto colle parfaitement à l’atmosphère qui se dégage des albums. Expressif, il s’inscrit parfaitement dans les canons graphiques du genre, s’appuie sur un découpage précis qui assure une bonne dynamique, malgré l’abus de trames qui viennent quelque peu alourdir les planches. Le travail sur les protagonistes et les vêtements s’avère de bonne facture et plutôt plaisant.
Ces deux tomes de Grace Door devraient plaire aux lectrices appréciant les histoires pleines de garçons charmeurs et constituent une honnête détente pour les autres. Néanmoins, on regrettera que le récit ait un fort goût d’inachevé.
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