27 Avril 1986, le monde apprend avec stupeur et effroi l’explosion d’un réacteur de la centrale de Tchernobyl. La plus importante catastrophe de l’histoire du nucléaire civil est en marche. Mai 2008, Emmanuel Lepage se rend en Ukraine au sein d’un collectif d’artistes militants, pour préparer un ouvrage témoignant du quotidien aux abords de la « zone interdite ». Ce sera les Fleurs de Tchernobyl, récemment réédité chez La boîte à bulles. 2012, enfin, l’auteur relate cette expérience dans ce long reportage, dans lequel il s’interroge sur ce qui l’a poussé à partir. Il livre ses impressions d’alors sur les habitants rencontrés là-bas et sur ses compagnons de voyage, décrit les séquelles encore prégnantes du drame, la manière dont chaque geste est conditionné par les radiations. Et surtout, il partage ses difficultés à rendre compte fidèlement, par le dessin, d’une tragédie impalpable.
Dès la couverture, le ton est donné : par cette association oxymorique des mots « printemps » et « Tchernobyl », rapprochement sémantique ô combien inconfortable, comme par cette illustration pleine de verdure, ruisselante de lumière dorée, mais d’où émerge une figure masquée, et où se devinent, dans l’ombre, des ruines. Pourtant, au fil de l’ouvrage, cette dichotomie ne se fait jour que graduellement. D’abord résolument sombre, distillant malaise et angoisse, à mesure que les dessin’acteurs se rapprochent de leur destination, la première moitié laisse peu de place à la couleur, aux sentiments, à la vie. Gris sur gris, blancs ternes et noirs envahissants, le décor est tel que l’on se l’imagine vu d’ici. Au spectre sinistre de la centrale s’ajoute la vision surréaliste de la ville fantôme de Pripiat : jadis vitrine moderniste de l’Union Soviétique, cité modèle et fière de son avenir, aujourd’hui musée urbain vide et dévasté, livrée à la putrescence et aux becquerels.
Mais, peu à peu, comme s’il laissait choir ses préjugés, d’abord au contact des habitants du lieu, puis prenant conscience des paysages qui l’entourent, Emmanuel Lepage éclaircit sa palette, ou la colore, parfois même violemment, pour finalement faire partager son étonnement devant l’extraordinaire rémanence de la vie. Le doute s’installe alors : comment transcrire la mort, les sacrifices, les maladies, quand ce qui sort de ses crayons n’est que nature triomphante et décors bucoliques ? Comment parler d’exil et d’abandon, au milieu de nuées d’enfants joyeux ? Et ces soirées festives improvisées, entre les artistes résidents et la population d’alentours, quand sortent guitares et violons, bandonéons et bouteilles de vodka ? Reste alors une terre de personne, une terre dont l’homme s’est exclu lui-même, selon les mots de l’auteur. Un vide, et le vertige qui l’accompagne.
Comme en écho à ce printemps « rayonnant », à cette victoire de la flore et de la faune après le désastre technologique, se découvre la renaissance artistique de Lepage. Ceux qui l'ont croisé en festival à cette époque se souviennent des problèmes récurrents du dessinateur, cette main quasi paralysée, une attelle au poignet, les doutes sur son avenir dans le métier. Parti en Ukraine sans être véritablement sûr de pouvoir tenir ses engagements, il retrouvera pourtant ses sensations, finira par oublier les douleurs tenaces qui le bloquaient. En témoignent les croquis sur le vif réalisés là-bas, les pastels et les aquarelles insérés dans le corps de cette mise en abîme de son travail d’alors. Ces études agissent comme autant d’instantanés, éclairant le lecteur sur la réalité perçue à l’époque par le narrateur, et viennent en contrepoint du récit contemporain mettant en scène les souvenirs et les ressentis. Formellement, dans la continuité de son précédent opus, il encre de lavis noirs et bistres ses crayonnés, parfois laissés apparents, avant une retouche numérique pour ajouter de la profondeur et créer des effets de matières sur ses compositions. Une maîtrise graphique impressionnante, et qui parvient encore à étonner par son inventivité.
Ouvrage poignant sur un drame majeur de l’histoire récente, tout autant que reportage incisif sur la vie quotidienne aux abords de la Zone, et compte-rendu anecdotique d’une expérience artistique militante originale, ce Printemps à Tchernobyl est hautement recommandable.
Plus de 10 ans (octobre 2012) que cette BD ou plutôt que ce reportage en BD est sorti en librairie, et le sujet apparaît toujours d’actualité eu égard à la nécessité ou non de produire de l’électricité nucléaire. Au printemps 2008, 22 ans après la plus grande catastrophe nucléaire du XXème siècle, Emmanuel LEPAGE se rend à Tchernobyl dans le cadre d’un projet culturel et scientifique : avec un autre dessinateur Gildas CHASSEBOEUF, ils doivent rapporter un reportage dessiné qui sera publié au profit « des enfants de Tchernobyl » . Ce carnet de voyage verra le jour en 2008 sous le titre « Les fleurs de Tchernobyl », message fort sur la vie après la catastrophe et les survivants de la « zone ».
En 2012, Emmanuel LEPAGE revient sur cette aventure humaine très forte qui l’a beaucoup marqué et nous raconte son quotidien des quelques semaines passées en cette occasion, avec des scientifiques, des artistes, dans un village proche de la zone contaminée. Il nous parle surtout des gens qui y vivent : ceux qui ne sont jamais partis, ceux qui sont revenus, ceux qui y travaillent, ceux qui pillent les vestiges de ce que fut PIPRIAT, ville nouvelle qui accueillit les salariés de la centrale et leurs familles. Il dessine aussi les ruines de la centrale, de la ville calcinée par l’explosion, des forêts et des paysages qui eux par contre sont revenus à la vie, tout comme la faune qui s’approprie à nouveau ces lieux (même le loup est revenu). C’est bouleversant de sincérité quand les villageois s’expriment sur leur face à face quotidien avec la radio activité qu’ils espèrent assimiler sans trop de dommages (mais y croient-ils vraiment ?). Ou sur le combat qui fut mené pour enrayer l’incendie après l’explosion du réacteur n° 4 (les liquidateurs, presque tous morts d’avoir été autant exposés). Fierté de vivre sur son sol aussi, même si c’est dangereux et parfois faute de pouvoir s’en aller ailleurs. Fatalisme désarmant mais témoignage fort sur l’envie de vivre, de survivre quelles qu’en soient les conséquences.
TCHERNOBYL : 26 avril 1986, l’accident nucléaire civil le plus grave du XXème siècle (fusion d’un réacteur). 4 millions de personnes exposées dont 1,7 millions à des dosses supérieures aux normes admises, 1 million de morts au moins, 850 000 y vivent encore dans des zones contaminées.
Rencontre sympathique avec Emmanuel LEPAGE en dédicace sur « Le livre à Metz » 15 avril 2023.
Une BD qui a reçu des critiques dithyrambiques... :?:
Plutôt carnet de voyage que documentaire, cet album raconte le séjour de Lepage avec un collègue et des militants antinucléaires (bretons! c'est dit et redit...) à proximité de la centrale de Tchernobyl.
J'ai trouvé cet ouvrage parfaitement anecdotique, parfois franchement nombriliste (mais c'est probablement lié au format de carnet de voyage): l'artiste n'arrive plus à dessiner, l'artiste a peur de la contamination, l'artiste s'interroge sur ce qu'il voit...
Je n'ai rien appris que je ne sache déjà (croyez-le ou pas, mais le nucléaire ça peut être dangereux, croyez-le ou pas, mais la nature a repris ses droits malgré la radioactivité). Ma réflexion sur le sujet ne s'est pas enrichie.
La partie la plus intéressante me semble être le contact avec les habitants et les relations qui s'établissent malgré la barrière de la langue. Mais le voyage eût pu se dérouler au Turkménistan ou au fin fond de la Papouasie que le résultat eût été le même...
Anecdotique, vous dis-je.
Un printemps à Tchernobyl n'est pas qu'un one-shot sympathique comme une de ses petites lectures sur un sujet badin. C'est beaucoup plus que cela car il nous ouvre les yeux sur les dangers des centrales nucléaires. Il nous éclaire également sur ce qui s'est passé à Tchernobyl le 26 avril 1986 ainsi que le courage du peuple ukrainien entre la peur et la résignation.
Jusqu'à encore récemment, je n'avais pas mesuré toutes les conséquences de cette catastrophe sans précédent. On nous avait dit que le nuage s'était arrêté à la frontière allemande. Je m'en souviens comme si c'était hier. On nous a honteusement menti. L'auteur Emmanuel Lepage nous délivre un documentaire tiré de sa propre expérience sur place lors d'un voyage en 2008. Il signe là une de ses oeuvres majeures.
J'ai apprécié la sincérité de son propos notamment lorsqu'il décrit les paysages où la nature semble vouloir reprendre le dessus. On découvre même un Lepage assez poltron avec son masque au visage et la peur invisible de se chopper des maladies incurables dans la fameuse zone interdite. Bref, c'est un portrait sans complaisance de la situation.
Les planches sont de toute beauté avec des techniques de dessin qui s'alternent harmonieusement. Les couleurs du carnage ont l'air si incandescente. On ressent de la beauté malgré le désastre écologique et le crépitement des becquerels. L'étrangeté des lieux doit résonner comme un avertissement aux futurs générations.
Au fil de ses ouvrages, Emmanuel Lepage se montre toujours aussi curieux et avide de partager ses voyages et son regard sensible sur le monde.
Invité à Tchernobyl par une association pour y dessiner, Lepage va découvrir ce qui se cache à l’intérieur de la zone interdite. Malgré la forte irradiation qui y sévit encore, il va surtout découvrir un monde beaucoup plus vivant qu’il ne l’avait imaginé ! Cette terre de fantasme, de cauchemar et de contradiction va plonger l’artiste dans une réflexion sur la nature et l’humanité, qu’il livre au lecteur de façon sincère par ses mots touchants et ses illustrations grandioses.
L’album est intéressant mais l’aspect introspectif et autocentré de l’auteur m’a parfois fait décrocher. Car au-delà de ce sentiment d’apocalypse, il ne s’y passe pas grand-chose ; c'est un peu long et on touche rapidement aux limites de l’exercice du témoignage.
Attention, préparez vous à en prendre plein les yeux!
Avec ce roman graphique documentaire, le lecteur découvre le site de Tchernobyl. On suit donc l'auteur dans sa création de la BD. J'ai appris pleins de choses sur cet événement et ses conséquences. C'est vraiment instructif. J'ai découvert l'envers du décor, bouche bée. L'auteur se met en scène dans ses doutes, ses peurs et ses découvertes. Il y a une prise de recul très intéressante. Pour le coup, j'ai eu l'impression de lire un journal de sensations.
L'esthétique est belle. Tout balance entre couleurs et noirceur. Il y a des vrais moments de gravité avec des portraits d'habitants qui généralement sont faits en noir et blanc. Les traits sont fins, c'est pleins de détails. Le dessin traduit bien la situation de ces personnes. Paradoxalement, les paysages sont une explosion de couleurs. L'auteur nous montre comment la nature reprend ses droits sur le drame et nous fait presque oublier que sous la beauté couve le danger.
Mention spéciale pour la photo de l'auteur en plein travail et qui clôt le livre. On le voit assis sur un siège pliant avec des protège chaussures et un masque.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
Le sujet est intéressant mais il faudra accrocher à l’aspect documentaire en BD (ou carnet de voyage) pour pleinement apprécier ce récit. De même la façon dont les auteurs décrivent et parlent de Tchernobyl pourra étonner mais ils ont néanmoins le mérite de nous présenter ce qu’ils ont vu et pas ce qu’on aurait voulu voir.
Un magnifique reportage sur la vie au quotidien à Tchernobyl de nos jours. Un dessin sublimissime, des cases d'une immense puissance évocatrice, le tout parsemé de beaucoup de poésie et de pudeur. Envoûtant !
Lepage m'avait émerveillé avec son "Voyage aux îles de la désolation". Son sens graphique, ses couleurs extraordinaires qui subliment la réalité... Bien sûr, beaucoup n'ont pas apprécié ce Voyage par manque d'histoire, alors qu'il s'agissait juste de témoigner du temps qui passe et de la beauté des paysages antarctiques...
Ici, on repart avec l'auteur pour une destination tout aussi bucolique que les TAAF, Tchernobyl. Ici encore, les personnages semblent habiter une terre vierge que personne ne veut plus hanter.
Lepage adapte ici sa palette. Si on était dans les bleus profonds et les gris pour le "voyage", on est ici dans les bistres sous toutes leurs nuances. C'est un festival graphique, encore une fois, et on en a plein les mirettes.
Côté histoire, on est plongé dans cet univers que l'on sait hostile mais qui semble si serein et si accueillant. Une nature luxuriante, la paix des villes abandonnées, la solitude. L'auteur se trouble de ne pas pouvoir rapporter d'images horribles alors que la situation l'est. Mais seuls les commentaires et les chiffres font parler cette horreur. Les images, elles, ne transmettent que sérénité. Comme si l'homme, après s'être chassé lui-même, avait permis à la nature de recouvrer le calme qu'elle avait perdu à l'arrivée du Sapiens destructeur.
Bel ouvrage d'humanisme et un bonheur graphique renouvelé à chaque page...
Tout a déjà été dit sur ce chef d'oeuvre !
J'ajouterai simplement qu'à l'heure où l'on commémore les deux ans de la catastrophe de Fukushima, il est bon de se plonger dans cet album qui relate avec justesse et émotion les dégâts à court et à long terme que peut provoquer une catastrophe nucléaire.
Merci à Emmanuel Lepage pour ce témoignage sans concession qui donne au lecteur l'impression d'être sur place et de pouvoir se mettre dans la peau tantôt de l'auteur, tantôt dans celle des habitants de ces villages fantômes.
Une beauté improbable qui se révèle tardivement -
300 000 personnes évacuées, 600 000 « liquidateurs » sacrifiés, un nombre incalculable de personnes contaminées (on a tous vu ces effroyables photos d’enfants difformes), un coût de 1000 milliards de dollars… Tchernobyl est sans conteste la plus importante catastrophe nucléaire de tous les temps. Ses conséquences humaines, écologiques, financières ou matérielles sont immenses.
C’est pour ces raisons qu’Emmanuel Lepage et un collectif d’artistes militants se rendent en 2008 dans la région du drame ; ils veulent dénoncer l’horreur nucléaire, rendre compte du désastre. Et dans la majeure partie du reportage, l’atmosphère lugubre à laquelle on s’attend est bel et bien au rendez-vous. Les dessins sont gris et gras. Les habitants survivent dans un territoire inerte. Les pages sombres se succèdent les unes aux autres, au rythme du crépitement du dosimètre. Une partie sinistre qui m’a semblé très longue, trop longue, avant que le regard du dessinateur ne change.
Car ce fameux printemps se réveille (enfin) dans la seconde moitié de la BD. Alors, Emmanuel Lepage se surprend à découvrir lentement une beauté qui en ces lieux semble incongrue. Son dessin prend de la couleur et nous, nous respirons de nouveau. Venu « découvrir des terres interdites où rôde la mort », le dessinateur devient spectateur de la vie. La vie des habitants qui continuent de sourire, et la vie d’une nature qui a repris ses droits.
Un printemps à Tchernobyl est un reportage sensible. Le dessinateur a su partager avec sincérité ses émotions. Le dessin est de grande qualité. Pourtant, et même s’il s’agit d’un récit d’espoir, j’ai trouvé les moments de désolation beaucoup trop longs et pesants. Je n’ai malheureusement pas pris beaucoup de plaisir.
www.bdsulli.wordpress.com
Magnifique album que celui de Lepage relatant son voyage à Tchernobyl.
Le dessin est une pure merveille, rien à ajouter.
Quant au sujet abordé dans cet album à l'aspect documentariste, j'étais un peu déçu au début par l'auteur qui mettait fort en avant ses pensées et réflexion, ce qui nous éloignait du pur documentaire semblable à sa précédente réalisation "Voyage aux Iles de la Désolation".
Mais au final, on comprend très bien pourquoi il a autant mis l'accent sur ses appréhensions originelles.
On s'écarte donc du documentaire pur et dur mais cet album reste une totale réussite.
Critique complète sur http://www.criticabd.com/printemps-a-tchernobyl/
Avant même l'achat, c'est un objet qui suscite l'envie, édition soignée, couverture qu'on meurt d'envie d'arracher pour la mettre sous verre en bonne place au salon. C'est déjà une oeuvre d'art avant même d'ouvrir le cahier.
Un objet dense, qui ravira les amateurs de longs récits.
A la lecture c'est un vrai plaisir, l'auteur parie sur l'intelligence de ses lecteurs et leur livre sans fard les faits, les sensations qu'il rencontre sans jugement dans des cases dont certaines sont de vraies tableaux.
Et c'est ce qui donne à cette BD toute sa force, sur un sujet politique sensible, elle laisse à chacun sa liberté de conscience. Elle donne des billes et c'est au lecteur de se faire son opinion.
C'est une BD qui fera plaisir à tout le monde, les pour, les anti, ceux qui s'en foutent, ceux qui aiment les voyages, ceux aiment la peinture...
Bref, une vraie réussite.
A lire, à relire, à faire lire et à offrir.
Sans modération.
Depuis des années, je suis un inconditionnel d'Emmanuel Lepage, et le tournant qu'il a pris dans sa carrière avec "Voyage aux Iles de la Désolation", qui fut pour moi la bd de l'année 2011, m' enchanté.
Avec ce nouveau carnet de voyage, ou encore ce deuxième documentaire en bande dessinée, Emmanuel Lepage nous offre un formidable livre.
Graphiquement, c'est grandiose, on prend une claque quasiment à chaque page, avec des doubles pages à vous couper le souffle.
L'univers post acopalyptique de Tchernobyl est fort bien décrit avec des images que nous avons tous vu à la télévision, comme cette grande roue abandonnée dans Pripiat, ville, censée être le fleuron du communisme.
Lepage nous confie ses doutes sur la façon de témoigner d'une catastrophe alors que les habitants revenus sur place semblent heureux et que la nature luxuriante reprend sa place sur le béton :"Aurais-je pu imaginer de tels moments à Tchernobyl, au coeur d'un désastre dont j'étais venu dessiner l'horreur".
En effet,aux dessins de décors désolés, gris, de villes fantômes, succédent parfois des scènes plus bucoliques,et de joie comme ces enfants qui jouent, tout près de la zone interdite.
Un témoignage fort, parfois émouvant mais surtout admirablement construit et dessiné. Tout comme "Voyage aux Iles de la Désolation",cette bande dessinée fait partie des livres que l'on relit avec plaisir.
Un incontournable de cette année 2012