P
leine d’imagination, Alicia ne manque jamais une occasion de rêver. C’est ainsi, qu’entre deux lancers, elle songe à des péripéties plus palpitantes qu’un bête jeu de société. Aussi, quand ses amis la rappellent à l’ordre, elle saisit l’occasion de briser l’ennui en fuyant avec les dés. En pleine course-poursuite, le décor se transforme en gigantesque jeu de l’oie, tandis que les copains d’Alicia sont métamorphosés en volatiles jacasseurs. Pour sortir de là, le quatuor doit parcourir les soixante-trois cases qui le séparent de l’arrivée. Mais les dangers sont nombreux : pont, hôtel, puits, prison et mort. Pour les surmonter, l’amitié et l’entraide sont essentiels. Hélas, ce n’est pas gagné, car Alicia a fâché ses amis qui entendent bien lui faire payer leur transformation.
Fantaisie, humour et bonne humeur, tels sont les ingrédients que Lola Moral a rassemblés pour concocter Alicia et le jeu de l’oie. Si le prénom de l’héroïne et le basculement dans un monde merveilleux rappellent bien évidemment les tribulations de la fillette rêveuse et aventureuse de Lewis Caroll, d’autres éléments évoquent, eux, Jumanji. Malgré le peu d'originalité du principe de départ, l’idée de centrer celui-ci sur un jeu de parcours auquel tous les lecteurs ont joué un jour avec plus ou moins de plaisir, s’avère aussi sympathique qu’amusante. En effet, par sa touche de fabuleux, la scénariste permet de voir cette distraction d’après repas du dimanche sous un angle rafraichissant.
Bien conçu, le récit se déroule autour des péripéties bien connues du plateau de jeu et en livre une approche à la fois drôle et bien vue. Quel joueur n’a pas désespéré en voyant ses camarades enjamber allègrement la case puits ou prison dans laquelle il végétait, seul ? Lequel n’a pas pesté quand le jet de dés l’amenait sur la tête de mort ? Lequel n’a pas voulu hurler en retournant au départ chaque fois qu’il passait sur le pont, tandis que d’autres volaient de neuf en neuf jusqu'à la sortie du labyrinthe ? Des trouvailles, il y en a donc et elles sauront être appréciées des adultes autant que des jeunes qui constituent le public cible de cet album. Côté graphisme, le charme opère aussi grâce au trait agréable et expressif de Sergio Garcia qui colle bien à l’atmosphère générale de l’histoire. Le découpage est précis, très lisible et confère une grande aisance de lecture. De plus, le dessinateur a apporté un soin particulier aux décors, inventifs et participant pleinement au développement de l'intrigue. La colorisation, enfin, est en parfaite adéquation avec le reste.
Alicia et le jeu de l'oie propose une évasion amusante et savoureuse qui devrait plaire aux petits comme aux grands.
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