D
epuis son étrange rencontre avec Anton, l’homme au parapluie, Samuel faisait régulièrement appel à des fantômes pour retrouver des personnes disparues. Ce don s’est brusquement évaporé quand l’objet de sa recherche fut plus mercantile qu’à l’accoutumée : un coffre rempli de pièces d’or. S’agit-il d’une vengeance de la part d’entités de la forêt, fâchées que le but premier de leur faveur ait été ainsi détourné ? Une seule personne peut aider Samuel dans sa quête de la vérité : Rork.
Voilà presque vingt ans que l’un des personnages les plus énigmatiques de feu le journal Tintin n’était plus réapparu en héros d’un album de bande dessinée. En 1993, paraissait Retour septième et dernier tome de Rork qui mettait fin à ses aventures sans pour autant donner toutes les réponses aux multiples énigmes disséminées par l’auteur. Pour les lecteurs assidus de l’hebdomadaire, qui accueille plusieurs histoires courtes dès 1978, réunies plus tard en albums (Fragments et Passages), cet étrange voyageur à la chevelure blanche évoque à la fois le mystère, la bienveillance et le respect. Un découpage novateur qui recule sans cesse les limites narratives du 9ème Art au service de récits riches, denses et passionnants font de cette série une œuvre à part, incomparable.
Que fallait-il attendre d’un tome 0, présenté comme un one shot, pour lequel Andreas avoue que son « intention n’était pas de faire un nouveau Rork » ? Le retour de personnages récurrents comme Pharass, Mordor Gott ou Dahmaloch ? L’irruption de Capricorne, Astor ou Ash Grey qui possèdent désormais leur propre série ? L’évocation d’un mystère insondable dont la solution apparaît opaque et inaccessible ? Fantômes joue résolument la carte de la simplicité et de l’accessibilité au plus grand nombre. Si l’on retrouve avec bonheur la propension de l’auteur à réaliser des planches atypiques, certaines sur une double page, ou jouant à l’envi sur le nombre de cases et sur leur disposition, le tout rehaussé par les couleurs d’Isabelle Cochet, présente depuis le sixième tome de Capricorne, cette aventure se lit davantage comme un nouveau mini-récit de Fragments que comme la pièce de l’immense puzzle façonné du Cimetière des Cathédrales à Retour. Dans Fantômes, Rork agit moins qu’il ne comprend. Véritable enquêteur de l’étrange, il prend Samuel et le lecteur par la main, pour les mener vers le chemin de la vérité.
Thriller ésotérique ? Récit fantastique ? Peu importe le terme, si tant est qu’il en existe un. Le plaisir est là, encore et toujours, vingt ans après. Autant pour ceux qui auront l'impression de retrouver un vieil ami qui, lui, n'a pas pris une ride, que pour les autres, désireux de découvrir un univers extraordinaire dont ce tome 0 constitue une entrée en matière idéale. À noter également la sortie de L'intégrale 1 qui contient les trois premiers tomes de la série originale, Fantômes, deux histoires courtes, ainsi qu'un dossier de quatorze pages.
C’est la première œuvre complète d’Andréas que j’avise. J’ai toujours eu peur des remarques du genre « soit on aime, soit on déteste » l’auteur car c’est très spécial. Je suis plutôt difficile dans mes choix surtout à force et à mesure de lire énormément de bd.
J’aime pouvoir démêler un scénario complexe mais encore faut 'il que cela ne soit pas confus. Il faut bien reconnaître que les techniques narratives de l’œuvre sont bien au-dessus du lot. On décèle ici et là les métaphores utilisées par l’auteur pour décrire le monde réel.
Rork est un personnage intéressant qui vit des aventures surnaturelles et fantastiques. Il aime résoudre les énigmes, s’intéresse au paranormal et aux légendes. C’est à la fois un être cultivé qui sait décrypter les écritures anciennes mais également un super héros aux pouvoirs très spéciaux.
Le graphisme paraît époustouflant mais il faut aimer car il peut apparaître par moment assez obscur. La mise en case est des plus astucieuse. On est vraiment au cœur d’une œuvre tout à fait originale et presque avant-gardiste.
Je n’ai pas encore découvert Capricorne ou Arq. Je n'ai pas encore été sous le charme total de l'auteur. Je comprends qu'on puisse apprécier son talent. Après, il faut que cela nous parle et que cela ne soit pas trop hermétique.
Une histoire en marge de la série. A prendre comme une des enquêtes menées par le héros, Rork, mais qui ne s'insère pas dans le "feuilleton"... Le dessin et la mise en page sont toujours magnifiques puisque de Andreas...
Venu, il y a trois siècles, d'un univers parallèle, RORK traverse le monde en spectateur, en témoin, et parfois en acteur. Il est le jouet de forces tantôt maléfiques, tantôt positives, et il doit se dégager de leur influence, pour devenir le maître de son propre destin. Une quête dont lui-même n'a pas toujours conscience ...
Parue dans les années 80, la série RORK fut pour les lecteurs de cette période un véritable ovni dans le paysage Bd de l'époque (à fortiori dans le très formaté "Journal de Tintin", où les premiers épisodes paraissaient !). Et pour cause : graphisme novateur, mise en page hallucinée et narration alambiquée, mêlant énigmes à tiroirs, illusions et fausses pistes; bref de quoi fortement dérouter le lecteur ! Le plus surprenant étant peut-être qu'en lisant cette série aujourd'hui, tout ça paraît toujours autant novateur et atypique; c'est dire le génie d'Andréas ! Et pour renforcer le côté précurceur de cette série, chaque album présente un univers différent et chaque opus peut ainsi se lire dans un ordre aléatoire.
Ce "tome 0" est ainsi paru en dernier, une fois la série terminée, mais comme il s'agit d'un one-shot, il peut se lire indépendamment, avant ou après la série. Personnellement, je conseille de lire cet album avant d'entamer la série. En effet, l'histoire est facile à suivre et à comprendre, avec un scénario limpide (pour du Andréas !), et cet opus permet de se familiariser avec le trait, la technique narrative et la mise en page particulières de l'auteur, tout comme il permet d'appréhender les thèmes de prédiclection d'Andréas (les mondes parallèles, les rêves, les enquêtes ésotériques). Un album au final captivant.
Andreas est un styliste incomparable. Dessin, cadrage, encrage : ses pages se regardent et vous font perdre pied. On est totalement emporté dans un univers à part. Fascinant. L'histoire est plus difficile à appréhender. Il ne faut jamais lâcher prise. Un univers exigeant.
C'est réellement fichtrement bien dessiné. Et pour une fois l'histoire est à peu près compréhensible. J'ai donc pu lire jusqu'au bout sans ennui.
Pourtant ce n'est pas ce qui va me faire devenir un grand fan d'Andreas. Car si la virtuosité de la mise en page est évidente, si les décors sont magnifiques, je ne trouve pas pour autant les personnages attachants. Et ce qui leur arrive n'est pas vraiment intéressant, et ne suscite donc pas l'empathie. Pourtant le début était intrigant, avec cette visite de la maison qui donnait envie d'en savoir plus sur ses habitants. Mais non, nous en resteront à des fantômes.
Mais je pense que les amateurs seront eux comblés.