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uelques semaines après les évenements dramatiques sur l’île au large de St-Plaire, Quentin et ses amis tentent de se remettre de leurs émotions. Tandis que les cocons recueillis dans la grotte sont étudiés par des scientifiques, le descendant de Von Harbow ne lâche pas prise et de nouveaux événements tragiques vont se produire…
Née dans le sillage du Chant des Stryges et du Clan des Chimères, la série a rapidement trouvé sa place notamment grâce à trois premiers tomes menés tambour battant et particulièrement violents. Si on connaît la propension de Corbeyran à user et parfois abuser de la sauvagerie dans ses scenarios, il faut reconnaître ici que c’est bien au service de l’histoire et non pas gratuit, âmes sensibles s’abstenir. Si le chant des Stryges s’apparente au thriller paranormal, on est plus proche ici de l’horreur. Un genre moins reconnu, mais qui a ses adeptes qui ne manqueront pas de se réjouir quand l’exercice est réussi comme ici.
Cet album inaugure un nouveau cycle, et sans aller à l’encontre des précédents, il marque en quelque sorte une respiration, dans laquelle les héros subissent un peu moins un enchaînement de situations tragiques. Mais après une première partie utile pour approfondir l’histoire et les personnages, le suspense repart de plus belle avec un fin en trombe qui fera enrager les lecteurs soucieux de connaître la suite des évènements. Après avoir connu un léger creux, Corbeyran, stakhanoviste du scenario, livre de nouveau le meilleur de lui même ces derniers temps.
La comparaison avec le Chant des Stryges est intéressante également sur le plan graphique. Si le style de Guerineau est réaliste et très efficace, celui de Charlet, proche du manga, est également plus chaleureux. Son dessin a en tout cas un certain charme, qui mériterait sans doute lui aussi le format supérieur.
Au fil du temps, les deux séries se rapprochent de plus en plus dans le déroulement des histoires mais ont chacune une réelle identité, et on peut les apprécier pour des raisons très différentes. Nul besoin en tout cas d’avoir déjà lu ou aimé l’une ou l’autre des séries dérivées de cet univers pour être conquis par ce Maître de Jeu. Pour qui aime le genre, c’est un incontournable.
Personellement, j'ai beaucoup aimé. Les cocons sont desormais dans un laboratoire en France afin d'y etre analyses. Et ils vont se reveiller. Et un final qui donne l'envie de lire la suite.
Loin du carnage de la petite île bretonne, les survivants tentent de se remettre de leurs émotions et de reprendre le cours d'une vie normale ..., mais c’est sans compter sur l’imagination débordante de Corbeyran. Si le scénario se détache lentement du titre de la série, Corbeyran en profite pour approfondir l’histoire et les personnages en nous distillant des éléments clefs et en éclaircissant les zones d’ombres qui subsistaient à la fin du premier cycle. Il tisse de main de maître la toile des Stryges autour du lecteur et renforce, au fil d’indices, les liens entre ses différentes séries (Chant des Stryges, Clan des Chimères, Maître de jeu). En fin d’album il parvient finalement à relancer l’histoire de plus belle avec un bouquet final qui nous met l’eau à la bouche pour le prochain album.
Si le troisième album finissait en bain de sang sans grand intérêt et sans nous apprendre grand-chose, Corbeyran a su ici poser son histoire, lever le voile sur quelques questions qui subsistaient et relancer ce thriller fantastique avec brio. Le dessin et les couleurs de Charlet sont en parfaite harmonie avec l’ambiance de la série qui alterne légèreté et touches d’humour avec des scènes plus angoissantes. Je pourrais juste reprocher que les visages des personnages sur les plans larges sont souvent laissés vides (sans yeux, ni bouche), mais même si cela donne une petite impression de livre de coloriage, c’est loin de gâcher la qualité de ce tome qui inaugure de façon magistrale ce nouveau cycle d’une série qui devient de plus en plus incontournable pour les amateurs de Stryges.
Après un long moment d'attente (l'album a sans cesse été repoussé), le voilà enfin dans nos bacs. Et quel plaisir ! Ce quatrième tome reprend l'histoire quelques semaines après les évènements des trois premiers tomes, sur l'île abandonnée. Finie l'ambiance propice à l'angoisse, et pourtant, cette dernière est bien présente. D'abord, dans la construction du réçit, qui fait monter le suspens jusqu'à la fin (un cliffhanger affreux, on espère ne pas avoir à attendre le tome 5 aussi longtemps que le 4 !), ensuite dans le dessin magnifique de Charlet (voir aussi Kabbale, dont il est aussi le scénariste, et qui est à lire absolument), qui arrive à retranscrire la peur et l'angoisse, avec quelques scènes choc et certains moments assez gore, mais également quelques moments de tendresse ou d'humour entre les jeunes personnages principaux.
Ce quatrième tome installe clairement le maître de jeu comme une série incontournable pour les amateurs de Stryges. Les liens entre les deux séries se voient d'ailleurs renforcés par quelques éléments et indices que je vous laisse le plaisir de découvrir. Un grand plaisir de lecture, pour les yeux et pour ceux qui aiment avoir le peur le soir en lisant dans leur lit.