L
a réforme sociale de Jessica Ruppert ne fait pas l’unanimité dans les milieux de la finance internationale et les grandes banques imposent au président Mac Arthur de ne plus soutenir la politique de sa secrétaire d’État. Dans les rues de New-York et dans tout le pays, le climat social est sous tension et la situation devient plus qu’explosive.
Le Pouvoirs des Innocent, Car l’enfer est ici et Les enfants de Jessica s’inscrivent dans une logique chronologique qui voit Jessica Ruppert arriver au sommet de l’État fédéral pour défendre une autre vision de la fameuse Way of life d'outre Atlantique.
Luc Brunschwig continue donc son exploration uchronique d’une société américaine qui a du mal à (re)trouver sa voix mais également à chasser ses vieux démons. Par un machiavélique retournement de l’histoire, les États-Unis se voient contraints, par leurs créanciers, de perpétuer leur pernicieux modèle économique. Un tel scénario s'avère des plus réalistes lorsque l’on sait qu’en 2010, 47% de la dette des USA étaient financés par le Japon et... la Chine et que fin 2011, Rick Perry, ancien candidat à l'investiture républicaine, dénonçait "… la politique socialiste d'Obama qui ruine le pays…". Mais au-delà des vicissitudes financières de la première économie mondiale qui entre en résonance avec l’actualité, les deux auteurs s’immergent dans le quotidien de ceux qui subissent la crise de plein fouet et dont l’enchevêtrement des destins constitue le fondement de ce récit.
Si globalement, l’histoire peut se lire pour elle-même, il est indéniable que la lecture des deux autres séries, notamment Le pouvoir des innocents, doit permettre de mieux comprendre certains passages et de mieux saisir la cohérence et la qualité du scénario. Toutefois, il est encore délicat d'en trouver le fils conducteur et de savoir où Luc Brunschwig souhaite amener le lecteur. Bande dessinée sociale qui se pose d’abord des questions sans pour autant négliger l'action, Jour de deuil bénéficie d’un découpage et d’un cadrage d’une rare efficacité. Pas une vignette qui n’ait sa place ou sa raison d’être. Parallèlement, le dessin de Laurent Hirn est superbe de justesse et de simplicité. Pas d’effet de style, mais une sobriété du trait et des couleurs qui donne aux personnages une densité allant au-delà de ce que délivrent les dialogues.
Sans être politique, Les enfants de Jessica est une série militante qui considère que l’équité sociale peut être un modèle de développement pour une société. Apparemment, ce n'est pas encore pour demain !
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