Luuna 3. Dans les traces d'Oh-Mah-Ah

A ux cotés de C. Arleston et JC. Gaudin, Crisse est l'un des auteurs les plus prolifiques des éditions Soleil avec une dizaine de séries en cours (on attend prochainement Ishanti en 2005) à son actif. Bien qu'elles soient toutes des succès en terme de vente, force est d'avouer qu'elles pâtissent en règle général d'un manque chronique d'inspiration de l'auteur. Le quatrième tome de Kookaburra et les seconds volets de Luuna et d'Atalante sont autant d'exemples d'une qualité scénaristique en dents de scie. Alternant histoires niaises et originalité au gré des albums, on ne sait plus à quoi s'attendre. Aussi l'arrivée régulière de nouvelles séries n'arrange rien ! Voyons donc ce que nous réserve "Dans les traces d'Oh-Mah-Ah", troisième tome de Luuna...

Luuna est la fille du grand Sachem des Paumanoks, tribu mythique qui, selon les légendes indiennes, était le lien entre le monde des dieux, celui de la nature et celui des hommes. Le génie maléfique de la nuit, Unkui, l'a affligée de deux totems, l'un bon, l'autre mauvais. Ainsi, durant les nuits de pleine lune, Luuna fera le mal. Pour se défaire de cette malédiction, elle doit rejoindre les terres du Sud, par-delà les déserts, où de grands sorciers la délivreront de sa sombre influence. Après avoir aidé Lynx Invisible à trouver le repos dans "Le Crépuscule du Lynx", elle détruit une clairière sous l'emprise de sa malédiction. Prise de remords, elle tente de réparer les dégâts. Mais les forces magiques de la forêt ne l'entendront pas ainsi...

A la lecture de ce troisième tome, une conclusion s'impose: le voyage de Luuna vers le Sud est loin de prendre fin, tant on s'attarde sur des faits sans réels intérêt. D'autant plus que l'héroïne ne semble pas se soucier plus que cela de son sort. Le précédent album était d'ailleurs un modèle du genre : aucun réel lien avec la malédiction qui entoure l'indienne et des petits contes pour enfants... Ici, les auteurs relèvent donc le niveau en étant plus cohérent avec "La Nuit des Totems", on s'intéresse exclusivement au mal que fait Luuna et à son envie, en bonne Paumanok, de réparer. Les dernières pages relancent considérablement l'intérêt de la série. Il faudra malheureusement patienter un an pour connaître la suite.

Nous sommes donc face à un scénario de Crisse plutôt bon, il le serait bien plus s'il évitait de remplir l'album de planches humoristiques qui tombent le plus souvent à plat et qui ralentissent le rythme de l'album pour pas grand chose... Il faut croire que les adolescents de 9 à 12 ans sont friands de cela, étant donné qu'ils ont décerné le Prix du Meilleur Album Jeunesse du Festival d'Angoulême 2004 au second tome.

L'intérêt de la série réside donc dans le dessin de Nicolas Kéramidas, issu des studios Disney, et des couleurs de Bruno Garcia. Le trait du dessinateur gagne en précision et, tout en gardant le coté cartoon, nous dévoile une héroïne plus adulte. On constate toujours des problèmes de proportions sur les humains, contrairement aux Pipintus et autres personnages de la forêt, tout en rondeur parfaitement maîtrisé et les expressions dignes de dessin animé font souvent mouche. Une fois de plus, la mise en couleurs est sans fausse note et en harmonie avec le style graphique du dessinateur.

Le périple de la jolie Indienne se poursuit donc d'une manière assez agréable. On préférerait toutefois un scénario allant plus à l'essentiel. Crisse a malheureusement la fâcheuse tendance à vouloir en faire des tonnes : Les Pipintus sont aussi lourds que le Pikitos dans Atalante. Quoiqu'il en soit, le prochain tome terminera le premier cycle de Luuna, le premier d'une probable longue liste...