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ommers Hill, une paisible banlieue pavillonnaire des États-Unis. Paisible ? Voire. Derrière la tranquille apparence de ces jardins bien entretenus, de ces coquettes maisons au milieu des bois, se déroulent d’étranges épisodes angoissants, surnaturels. Bientôt, se forme une brigade d’intervention pour protéger le voisinage des phénomènes paranormaux. Particularité notable, celle-ci est constituée de chiens et, accessoirement, d’un chat. Il y a là Terry, le terrier, Carl, carlin débonnaire et sarcastique, Bégueule le beagle, Dobbey, doberman un rien froussard et Cador, husky téméraire et batailleur. Enfin, complétant cette gent canine affidée à ses humains vient Sans-famille, matois matou intrépide, véritable Casanova de gouttière.
Ce premier recueil regroupe huit histoires courtes : quatre nouvelles préalablement parues dans des anthologies thématiques chez Dark Horse, puis les quatre premières issues du comic Bêtes de somme proprement dit, venu consacrer le succès des récits indépendants initiaux. Niche hantée, chiens zombis, garou, pluie de grenouilles, sabbat de sorcières, golem, la panoplie complète du fantastique horrifique est de sortie, et plutôt bien représentée. Par-delà cet angle d’attaque inusité - confier les rôles principaux aux animaux du quartier -, les aventures sont bien écrites, jouant avec les codes du genre en mêlant humour et effroi. Autre réussite s'imposant au fur et à mesure des intrigues, le développement minutieux du caractère des principaux protagonistes, offrant profondeur et épaisseur à ceux-ci.
Pour donner corps aux scenarii imaginés par Evan Dorkin, la talentueuse Jill Thompson (Fables, Sandman) a adopté un style volontairement désuet, s’inspirant des illustrations pour enfants des années cinquante, offrant parfois un contrepoint saisissant avec la violence des scènes décrites. Ainsi, elle utilise un crayonné assez sommaire, sans encrage, et vient appliquer ses couleurs aquarellées avec audace et maitrise. Le rendu des animaux est particulièrement soigné, doublé d'un travail original sur les expressions, évitant le piège d’un anthropomorphisme excessif. La mise en page est quant à elle tout à fait contemporaine, dynamique, réservant de belles planches à l’ambiance inquiétante.
Multi-récompensée outre-Atlantique (pas moins de sept Eisner Award depuis 2004), cette mini série mérite largement d’être découverte, d’autant que se profile à l’horizon un cross-over réjouissant avec Hellboy.
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