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algré ses nombreux gardes du corps, l’homme n’a aucune chance face au commando qui vient de s’introduire dans sa demeure. Après le passage d’un lapin, d’un chien et d’un chat transformés en cyborg dans le cadre d’un programme militaire visant à diminuer les pertes humaines, la maison est effectivement jonchée de cadavres. Ce test concluant ne changera cependant rien au sort réservé à ces trois soldats d’un nouveau type : ils vont être euthanasiés et le programme sera abandonné. C’est évidemment sans compter sur les états d’âme de la chercheuse qui les as mis au point et qui décide les libérer. Ils ont dorénavant une nouvelle mission : retrouver cette maison dont ils n'ont plus qu'un vague souvenir...
Après une première publication en 2007 par Panini Comics, Urban Comics propose une nouvelle édition enrichie de cette saga en trois épisodes imaginée par Grant Morrison et dessinée par son compère habituel, Frank Quitely. L’album raconte l’histoire de trois animaux domestiques, kidnappés et transformés en bêtes de combats cybernétiques pour le compte de l’armée. Si la scène d’introduction, particulièrement violente et sanglante, donne immédiatement le ton, la suite se transforme très vite en une course-poursuite parsemée de balles et de corps, qui s’amuse à placer ces trois tueurs dotés d'exosquelettes mécaniques face à leurs créateurs. Si l’intrigue ne déborde pas d’originalité, Grant Morrison invite néanmoins à réfléchir sur les travers de la nature humaine et dénonce les expérimentations et les abus qui sont commis sur les animaux au nom du progrès.
La bestialité des humains se trouve renforcée par l’humanité de ces boules de poils auxquelles le lecteur ne manque pas de s’attacher au fil des pages. L’injustice dont ils sont victimes se voit encore accentuée par les avis de recherche de leurs anciens maîtres au début de chaque épisode. En leur donnant un langage limité, l’auteur renforce encore l’empathie, même si ces dialogues phonétiques peuvent rebuter à la longue et contribuent à la lecture (trop) rapide de ce récit porté par l’action.
Visuellement, Frank Quitely propose un graphisme assez épuré, mais fait preuve d’une mise en images cinématographique plutôt originale, comme en témoignent ces nombreuses scènes où il découpe l’action en plusieurs cases filmées par des caméras de surveillance. Son style réaliste accompagne brillamment ce scénario débordant de violence.
Un récit de science-fiction efficace et dynamique, qui ravira les amateurs du genre.
Une grosse claque cette histoire d'animaux transformés en machines à tuer et qui se rebiffent au moment d'être éliminés. Les images sont violentes et expressives, et pourtant on finit par prendre fait et cause pour eux, et l'humanité n'en sort pas grandie. Une histoire choc, des images chocs, donc une lecture prenante qui laisse un peu nauséeux.