L
ancelot a découvert qu’il est en réalité une femme. Il est devenu le champion des terres de Letavia mais souffre en secret de cette dualité. Seule confidente possible, Morgane, amoureuse, cherche à le convaincre de sa masculinité et surtout à l’empêcher de répondre à l’appel de ses rêves qui l’envoient vers l’île de Britannia, le roi Arthur et une mystérieuse femme.
Difficile d’aborder sans crainte le mythe arthurien tant il a fait l’objet de traitements et d’adaptations, que cela soit au cinéma (Excalibur de John Boorman), en roman (Les dames du lac de Marion Zimmer Bradley) et bien entendu en bande dessinée (Arthur de Lereculey et Chauvel). Jean-Luc Istin et, maintenant, Olivier Péru ont choisi de s’intéresser à Lancelot, en le transformant en être androgyne, tout au moins à ses propres yeux. Né femme, la magie et l’éducation de Viviane le transforment en homme afin de respecter la trame du destin définie par Merlin.
Après deux tomes au cours desquels le lecteur assistait à la construction du héros, ce troisième opus fait le lien avec cette vision particulière du principal chevalier de la Table ronde et la légende. Olivier Péru ( La guerre des orcs, Nosferatu, Zombies) confirme une nouvelle fois qu’il est très à l’aise dans les récits imaginaires et qu’il possède un vrai sens de la narration. Cette plongée dans le début du règne d’Arthur est pleine de bruit et de fureur. Le jeune royaume est en danger, Lancelot va devoir exploiter tous ses talents guerriers pour vaincre les Saxons. Malgré le rythme rapide, le scénariste n’oublie pas de s’occuper de ses personnages. Lancelot, tiraillé par sa dualité, est également déchiré entre son respect (son attirance?) pour le monarque et la séduction exercée par Guenièvre. Mais le protagoniste qui prend de l’ampleur, c’est Morgane. Alors qu’elle n’est pas réellement humaine, elle est traversée par des émotions qui, elles, le sont - l’amour, la jalousie, le doute - et qui vont la pousser à des actions provoquant la rupture de l’avenir préparé par Merlin.
Ce récit efficace bénéficie d’une mise en image extrêmement réussie. Le dessin d’Alexe est en progrès constant. Jusqu’à présent son trait était précis, attirant, tout en restant un peu froid, un peu figé. Les images sont moins nettes, moins visuellement « parfaites », par contre, elles gagnent en vie, en puissance d’évocation. La dessinatrice se révèle être à l’aise dans les scènes de batailles qui jalonnent ce troisième opus.
À l’instar des deux volumes précédents, l’histoire, malgré une approche originale de Lancelot, reste dans un certain classicisme, ne bouscule pas la trame classique de la geste arthurienne. Néanmoins, la qualité d’écriture d’Olivier Péru et l’évolution graphique font de ce tome un réel plaisir de lecture. La fin prochaine sera attendue avec envie.
Pas spécialement amateur d'héroïc-fantaisy, et puis vue la durée depuis le dernier tome, je n'étais plus à quelques jours près. Et bien j'ai bien fait de prendre mon temps, car ce troisième tome est une vraie révélation. Certes le scénario reste classique malgré le double genre de Lancelot, mais l'histoire gagne indubitablement en force, et on se demande vraiment comment tout ça va pouvoir se conclure en un seul tome, mais ça accroche vraiment. Et que dire du dessin ? Les images qu'Alexe nous avait distillé ça et la nous avait mis en appétit, et bien le résultat est superbe et magnifie totalement ce récit.
Cette série devient réellement un must et on se prend à regretter qu'elle doive se conclure, on se prend à rêver d'une saga à la Thorgal.
Chapeau les artistes !