I
l est des personnes qui naissent sous une mauvaise étoile et Joshua en fait partie. Fils d'un trappeur alcoolique, violent et sans moralité, il est habitué à des conditions de vie rudes et sans confort au milieu de la forêt. Mais, au moins, quand son père n'a pas tout dépensé en filles et en bouteilles, il a de quoi manger et, surtout, il y a sa mère et sa sœur à ses côtés. L'attaque d'une tribu indienne met un terme à ce quotidien sans relief. Il se retrouve seul. Son avenir ? Survivre.
Pour son premier album en duo avec un scénariste, Un jour sans (Ankama), Pero avait retenu l'attention, composant notamment des séquences muettes tout à fait efficaces. D'air pur et d'eau fraîche réalisé en solo poursuit dans cette voie. Les rares dialogues présents s'appuient ici en effet sur des symboles ou des dessins, ce qui renforce l'effet tragi-comique de certaines scènes, tout en soulignant la vacuité du vocabulaire et des échanges des protagonistes. Il est certain que Joshua ne brille pas parce son côté futé, ni par les manières qu'une éducation basée sur les coups de pieds au cul ne lui a pas inculquées.
Pour le jeune homme, chaque jour, qu'il passe seul dans un milieu hostile ou au milieu de brutes lorsqu'il s'aventure dans une ville, est une épreuve. Dès lors, comment le blâmer, si l'instinct de survie lui sert de moteur et si son ventre – et son bas-ventre – se manifeste au moins aussi souvent que son intellect ? Pour cette raison, sans que cela se révèle gênant, il ne paraît guère sympathique, même si un sentiment de compassion finit naturellement par naître à la découverte des tourments successifs qu'il doit affronter. Dans ce contexte, il s'endurcira, quitte à s'approprier et à reproduire les comportements dont il est victime ou dont il a été témoin. Fichue nature humaine, qui n'est finalement pas plus reluisante que celle des bêtes sauvages en certaines circonstances.
Comme pour sa création précédente, le trait fin de Pero séduit, tout en légèreté, que ce soit pour composer des paysages sur lesquels on revient bien volontiers lors d'une deuxième lecture ou ces cowboys ou animaux qui ne manquent pas une occasion de s'affronter. Ce coup de patte fera oublier l'aspect un peu répétitif des assauts d'espèces à poils de toutes sortes subis par l'apprenti trappeur. Par ailleurs, la scène où le garçon est tellement saoul qu'il passe la nuit tête à l'abri sous sa tente et la moitié du corps dehors incite à mettre de côté ce genre de critiques mineures.
L'air pur et l'eau fraîche, là où vivote Joshua, ce n'est pas ce qui manque. D'amour, paternel, conjugal ou filial, il n'y aura pas pour ce type ordinaire. La lecture de son histoire sera émaillée de sourires plutôt crispés plus que d'éclats de rire, de curiosité plus que de fascination pour son destin, d'un sentiment de fatalisme plus que de véritable tristesse. Jolie confirmation pour Olivier Perret dit Pero.
C'est un album totalement muet qui utilise des images de choses pour exprimer une parole qui est alors à deviner. Quelques fois, c'est simple mais pas toujours d'où une difficulté à la compréhension au sens de ce récit.
Pour le reste, c'est un western dans la plus grande tradition de ces familles de pionniers en proie à des indiens ne faisant pas de quartier. On va suivre le destin d'un jeune homme fils d'un trappeur qui se retrouve brutalement orphelin. Il va devoir survivre sans un sou et vivre d'air pur et d'eau fraîche.
La fin ne m'a pas totalement convaincu. J'aurais aimé avoir des explications notamment quant à la soeur qu'il croît reconnaître. Par ailleurs, je me pose la question si c'est bien lui l'indien que l'on voit tout à la fin. Il est vrai que je ne comprends pas bien la transition.
Il y a du rythme et la lecture s'avère plaisante malgré une histoire qui ne manque pas de cynisme.