U
n rose fuchsia détonant qui interpelle le regard du chaland, le concept des couvertures de la série Bonne nuit Punpun suit les traces de celles de Soil : un album, une couleur. Impossible dès lors de louper la parution d'un nouveau tome exposé sur les étals dédiés aux mangas. Se pose alors la question de poursuivre l’aventure, car après un premier volume prometteur, un ton en-dessous cependant des ouvrages précédents d’Inio Asano publiés en français, et un second bien fade, pour ne pas dire plan-plan, pas mal de lecteurs doivent être sur leurs gardes. Pourtant, ce troisième opus constitue sans doute l’un des albums les plus aboutis de l’auteur et devrait combler ceux qui ont été sensibles au début de la saga.
Cette sensation que l’histoire peut déraper à chaque instant redevient omniprésente, plus importante en soi que ce qui est raconté. Elle rend le récit instable, lui confère un caractère incertain : il n’y a pas d’intrigue, mais une atmosphère qui opère. Punpun s’efface pour laisser les autres envahir l’environnement alors que dans sa tête ça se bouscule violemment. Mal-être adolescent ? Pas seulement, les symptômes schizophrènes se font plus précis, plus insistants, et passent notamment par le dessin D’Inio Asano qui ne s’est peut-être jamais autant lâché, si ce n’est dans Le champ de l'arc-en-ciel - Nijigahara Holograph. Ainsi, sans prévenir, il distille dans ce qu’il narre des instants de pure grâce et d’autres où la folie gagne ; la réalité se perd alors dans la contemplation ou dans le déchainement, suggérant par l’image et le texte non seulement la dualité qui hante Punpun, mais aussi les démons qui tétanisent son oncle, personnage sur lequel se concentre la fin de cet épisode.
Punpun prend son envol.
Poster un avis sur cet album