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O'boys 3. Midnight Crossroad

28/05/2012 11238 visiteurs 8.0/10 (3 notes)

H uck Finn a fait une promesse à Charley Williams et une promesse à un ami, c'est sacré, même s’il est noir. Désormais, la trace de celui qui se fait appeler "Lucius no fingers" se perd dans les rues de Memphis. En cette cité de légende, où naquit le Blues, le jeune garçon et Suzy ne ménagent ni leur temps, ni leur peine pour le guitariste de génie, véritable fantôme que tous semblent avoir écouté, mais que les deux adolescents peinent à retrouver. Du triage de la Missouri Pacific Railroad en passant par les bouis-bouis de la rive droite du Mississippi, ou les coulisses sordides du Palace Theater, l’ombre de Lucius fait courir les jeunes gens à travers une ville gangrénée par la Grande Récession. Mais le Diable n’a pas voulu du musicien prodige et Huck pourra arracher ce qu’il en reste aux griffes du shérif Bull, du moins temporairement !

Dernier volet de ce premier cycle où nos deux héros échouent dans un Memphis qui peine à digérer le krach de 1929. À mille lieux des mirages vendus par Hollywood, le scénario offre un regard moins édulcoré du rêve américain. En ces temps de misère, l’Amérique gère sa paupérisation comme elle peut et si elle invente le Blues, elle est aussi le creuset d’excès dépeints avec minutie et qui servent de toile de fond à ce "rail movie". Initié comme une variation de Huckleberry Finn, O’boys acquiert progressivement une profondeur et une densité qui en font une belle série. Faut-il y voir la patte de Cuzor ou le maîtrise du sujet par Colman ? Vraisemblablement les deux.

Si les États-Unis des années 30 constituent le décor dans lequel s’inscrit l’album, le Blues lui donne le rythme et en marque le tempo. Chaque planche est imbibée des mélodies et des accords de ces guitaristes qui gémissent leur désespoir et, si Lucius a des airs de Robert Johnson, cela n’est pas forcément le fait du hasard ! Toutefois, au-delà de la musique, il y a surtout une multitude d’hommes et de femmes, de toutes couleurs, jetés sur les routes et dans les trains. Steve Cuzor sait les intégrer à son histoire et les dessine avec précision comme pour en rappeler l’importance. À noter, pour l’anecdote, la physionomie de certains seconds rôles, qui n’est pas sans rappeler celle de personnages célèbres tel Sammy Davis Jr… Parallèlement, la mise en couleurs de Meephe Versaevel sait mettre en exergue un feeling et une atmosphère particulière qui confèrent à l’album tout son attrait.

Indiscutablement, Midnight Crossroad consacre une série à l’indéniable qualité. Pour conclure, en plagiant un tant soit peu Calvin Russel, disparu dernièrement :
- Hey, Mister Cuzor,
- You’re standing at the Crossroad,
- There are many roads to take,
- ...

Par S. Salin
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

O'boys
3. Midnight Crossroad

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Note: 4.2/5 (63 votes)

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L'avis des visiteurs

    meuillot Le 11/06/2014 à 15:53:16

    C'est incontestablement le meilleur des 3 albums que nous délivre ici S. Cuzor avec son nouveau scénariste qu'est S. Colman.

    Les dessins sont beaucoup plus détaillés, épurés. Beaucoup de visages en gros plans bien rendus. De ce côté là, je trouve qu'il y a une nette progression (ce qui justifie certainement l'écart de trois ans avec la sortie du Tome 2).

    Côté scénario : on passe à la vitesse supérieur quant à la rapidité des scènes. On est beaucoup dans l'action avec Huck à la recherche de Charley. Avec l'aide de Suzie (personnage qui prend de l'importance de par cet album), Huck déambule les bars, les rues malfamées en pensant y trouver Charley. C'est un but ultime pour lui : certainement dictée par sa conscience lui qui se sent profondément responsable de la mort de son frère... (Suzie, en rajoutera une légère couche au détour d'une réflexion d'ailleurs...).

    Ce qui est très particulier dans cet album : c'est que "Lucius no Fingers" est au centre de toutes les attentions & on ne le voit qu'une seule fois, à la fin, laissé pour mort...

    En aparté, j'ai trouvé que le shérif qui en imposait dans les précédents tomes est encore présent mais de façon plus latente & moins impressionnante.

    C'est bien la hargne de Huck combinée au(x) charme(s) de Suzie qui est mise en exergue dans l'ultime tome de cette première partie (?)

    Au final, une bonne série lue avec plaisir mais j'ai cette même sensation qu'avec "Le rêve de Meteor Slim" : il m'a manqué quelques connaissances musicales du genre pour l'apprécier peut-être + pleinement...

    J'aurais peut-être du au moins accompagner ma lecture avec un bon Calvin Russell...

    sulli Le 08/09/2013 à 22:03:47

    Ce premier cycle en 3 tomes c’est une histoire, celle d’une amitié improbable : d’un côté un gamin blanc plein de malice et d’enthousiasme et, de l’autre, un homme noir naïf, persécuté et bon.

    O’boys c’est aussi l’Amérique des années 30 et son décor : les locos à vapeur et les bateaux à roue, les musiques blues et folk naissantes ou le racisme post sécession.

    O’boys c’est enfin l’art du vagabondage car les 2 "hobos" se déplacent de ville en ville à travers le sud des Etats-Unis en se cachant dans les trains de marchandises. Un art de vivre !

    Que des bonnes raisons pour se plonger dans cette série qui est librement inspirée de Huckleberry Finn, le roman de Twain.

    macclure Le 20/07/2012 à 11:55:21

    Les deux premiers tomes m'avaient plus mais cet album est un cran au-dessus!! De très bons dessins et un scénario original, cet album est très bon. Il marque la fin de cette série. A lire absolument.

    Hugui Le 05/05/2012 à 18:00:24

    Fin de cycle réussi de ce voyage initiatique dans le sud US raciste et blues.
    Les dessins sont encore meilleurs et j'aime beaucoup la mise en couleur.
    Bref si au deuxième tome on se demandait où on allait, ce triptyque prend tout son sens et forme un tout très cohérent.
    Une excellente lecture à ne pas manquer.