C
’est une journée comme les autres, ou presque… La première guerre mondiale approche à grands pas tandis que deux gamins, Léon et Fernand, profitent à leur manière des derniers jours de répit. À quoi bon fréquenter l’école puisque leur avenir est déjà tout tracé : reprendre le commerce familial. Ainsi, ils passent le plus clair de leur temps à faire les quatre cents coups ou à jouer dans la forêt ardennaise. Ce jour-là, Léon découvre, par hasard, un étrange bateau échoué au milieu de nulle part. À son bord, un vieil homme, un peu bourru, qui semble avoir élu domicile à l’intérieur de ce vieux tas de bois. Le jeune garçon remarque immédiatement les nombreuses peintures qui jonchent le sol, éveillant sa fibre artistique, enfouie au plus profond de lui. Encore émoustillé par cette improbable rencontre, il regagne son domicile, s’attendant à être sévèrement réprimandé par son père à cause de sa nouvelle escapade. En lieu et place du sermon, ce dernier lui annonce une terrible nouvelle : sa mère vient de mourir.
Ce terrible coup du sort est le point de départ d’une très jolie histoire imaginée par Frédéric Castadot. Au-delà du thème, très classique, du parcours initiatique d’un adolescent rejeté parce qu’il est différent, l’auteur signe un album empreint d’une douce poésie. Deux personnages très attachants dont les destins se croisent, une mise en place de symboles, sans qu’ils viennent alourdir le récit, et un dessin très fin, qui vient titiller la corde sensible en mettant l’accent sur un panel d’expressions fort réussies…
Cette nouvelle série éditée sous le label "Quadrants" part assurément sur de bons rails. D’autant que les auteurs ont ouvert un nombre important de portes sans trop savoir, pour l’instant, laquelle le lecteur doit franchir, laissant ainsi une bonne dose de suspense pour la suite : un scénario bâti autour du talent d’un jeune peintre façon Muchacho ? une enquête policière basée sur les décès, pour l’heure inexpliqués, de deux femmes ? un adolescent face à la guerre qui pointe le bout de ses canons ?
Peu importe la direction à prendre, si le deuxième tome est du même acabit. Une première réalisation pour deux jeunes auteurs qui en ont encore certainement beaucoup… sous le pied.
J'ai bien aimé le récit de ce gamin révolté peu avant la Première Guerre Mondiale qui perd sa mère et qui va se consoler en découvrant la peinture par le biais d'une rencontre fortuite. Il y a de l'émotion et une véritable psychologie des personnages. J'ai beaucoup aimé le ton sépia donné à ce dessin qui exprime la sensibilité.
L'adolescence sera d'ailleurs longuement explorée. Puis, on va connaître un trop court passage dans les tranchées mais qui sera capital en ce qui concerne la suite des événements à Bruxelles. Le thème central est celui de l'art mais surtout de la liberté.
Cela se termine sur une fin ouverte qui n'est guère satisfaisante en l'état. Bien qu'il n'y ait pas de numérotation, j'ai appris par hasard qu'un second opus devrait sortir ce qui m'a un peu rassuré car il y a encore de la matière. On suivra avec plaisir la destinée de ce peintre en herbe. Un beau travail réalisé par des auteurs belges dont c'est la première bd véritablement grand public.