A
utant pour son bon plaisir que pour faire taire les racontars, le comte de Bonneval, alors en poste à Constantinople, accepte de se raconter au chevalier de Bauffremont. Il est vrai que son improbable trajectoire aux quatre coins de l'Europe a de quoi étonner.
Gwen de Bonneval (Le roi Oscar, Messire Guillaume) n'a pas dû aller chercher loin l'inspiration pour Bonneval Pacha. En effet, le comte est un lointain ancêtre dont il admirait le portrait lors de ses visites chez ses grands-parents. Le scénario reprend une des formes habituelles de ce genre de récit biographique : le retour en arrière. Si chaque petit épisode, vaguement entrecoupé par quelques dialogues entre l'hôte et son visiteur, apporte sa pierre à l'édifice, leurs enchaînements sonnent un peu creux. De plus, sans réelle mise en contexte dans son époque, l'épopée du futur Pacha manque singulièrement de pertinence. Très verbeuse, la narration pâtit également de la volonté, très honorable au demeurant, de respecter au maximum la vérité historique. Au final, le protagoniste principal traverse, avec panache, de nombreux épisodes certainement mémorables, mais, comme les clefs pour en décoder l'importance manquent, la lecture peine à générer beaucoup d'enthousiasme.
À première vue, le choix d'Hugues Micol (Le chien dans la vallée de Chambara, Terre de feu) semble tout à fait indiqué pour illustrer cette chronique toute baroque. Malheureusement, l'artiste peine à convaincre. Le dessin, oscillant entre une approche réaliste et burlesque - certains personnages dotés de têtes sur-dimensionnées paraissent sortir d'un carnaval -, souffre du découpage très dense. Les quelques trop rares grandes compositions montrent bien que pour exceller, Micol a besoin de place !
L'insoumis fait bien pâle figure par rapport à sa légende, espérons que les prochains tomes sauront lui redonner tout son éclat.
Poster un avis sur cet album